L'histoire est simple: Jennifer, jeune paysanne, suscite la jalousie de Sandra, véritable garce, arrogante et blonde salope coupée Mireille Mathieu, fille d'un richissime sénateur et petite protégée d'une directrice tout aussi garce.
Sandra ne supporte plus que Jennifer, cette cul terreuse comme elle aime l'apeller, salisse de sa présence cette digne école pour haute bourgeoisie et elle est prête à tout pour lui rendre la vie impossible et la faire renvoyer.. y compris le meurtre.
Elle a pour alliés, la traditionnelle bonne copine, une bonne grosse un peu naive à qui on peut tout demander sous peine de représailles et bien sur une cohorte de prétendants qu'elle mène du bout du doigt ou plutot d'un coup de rein.
C'est sans compter sur les pouvoirs parapsychiques de Jennifer d'une part et sa maîtrise à dompter les serpents. Sa vengeance sera terrible..
On retrouve ici tous les ingrédients de Carrie: l'étudiante rejetée et solitaire, la haine qu'elle suscite et les moqueries, les farces souvent méchantes dont elle est victime, on a même non pas cette fois une séquence de bal mais une longue séquence boule à facettes en discothèque.
On retrouve également non pas une mère bigotte au bord de la folie mais un père illuminé qui aimerait que sa fille retrouve ses pouvoirs d'enfance, ce qui les ont contraint à fuir, ce don qu'il pense lui avoir été donnée par Dieu lui même: celui de commander les serpents.
Enfant, Jennifer avait ce don et fut adulée comme une enfant-miracle avant qu'un jeune garçon soit mordu lors d'une representation et meurt, contraignant Jennifer et son père à se cacher.
De ce jour, Jennifer a toujours refusé de réutiliser ses pouvoirs et vit comme une adolescente normale.
Jouissant d'une mauvaise réputation, le film de Brice Mack n'est pas aussi mauvais qu'on a pu l'écrire jadis. Certes on est loin très loin de Carrie mais il faut reconnaitre à Jennifer tout ce venin que Mack parvient à distiller lors de la 1ere partie, véritable ode à la méchanceté sous fond non désagréable d'Amerique profonde.
Le personnage de Sandra est en effet à lui seul, un réel régal si on aime un tant soit peu les garces en jupons, être sans scrupule, motivé par sa haine et sa jalousie et pourrie par l'argent dont la vie se résume à se vanter de ses exploits sexuels avec les plus grands noms d'Hollywood et régner en reine sur le campus.
Et malheur à quiconque se rebelle ou lui barre la route, le mot ami n'ayant pour notre salope que le sens d'interet ou service.
Les insultes fusent de sa bouche et sa méchanceté va jusqu'à vouloir tuer Jennifer en la noyant ou faire violer sa supposée meilleure amie, notre grosse naive, par un de ses prétendants pour la punir de sa désobeissance.
Mack en profite pour peindre un portrait de la bourgeoisie des plus exécrables à travers des personnages tous plus haissables les uns que les autres dont la directrice dont seuls les plus riches ont grâce à ses yeux.
Malheureusement le film souffre de son manque de rigueur et si Mack a su insuffler au film une agréable dose de venin pour amateurs de méchanceté, c'est au détriment des personnages eux mêmes et surtout celui de Jennifer qui prête à sourire.
De ses dons on ne saura guère de choses si ce n'est à travers quelques flashes-back mais le plus grave ici est le personnage du père qui à force d'être ridicule dans ses élucubrations en devient comique.
ce père, vieil agriculteur bourru, tente d'imiter dans sa folie Piper Laurie mais le tout est si foncièrement raté et stupide que tout retombe comme un soufflé. Ce qui devait être le moteur du film est un fiasco total et finalement on se moque des antécedents de Jennifer pour ne garder que la méchanceté de sa rivale et s'en régaler comme on regarde un épisode de La petite maison dans la prairie pour cette famille de pestes que sont les Olesons.
Plus grave est la transparence des seconds roles totalement inexistants ce qui rend futiles, servant a combler les trous comme notamment ce professeur.. un peu comme si Mack avait tout misé sur sa vilaine qui finalement vole la vedette à tout le monde y compris Jennifer.
Ce ratage n'est guère rattrapé par le final qui se voulait le clou du spectacle comme la vengeance de Carrie était l'apothèose du film de De Palma. La vengeance de Jennifer, en tout et pour tout 2 minutes sonnantes, est une véritable déception et le passage le plus raté du film.
Se dressant au milieu de ce qui semble être un garage, notre pauvre jeune fille se contente d'écarquiller grand les yeux en tendant les bras desquelles sont censés être projetés des tas de serpents affreux.
On apercevra en effet les serpents mais seulement un ou deux jetés mollement par un technicien bien dissimulé derrière le flash des spots. Ils glisseront pauvrement sur le sol dans une débauche d'effets de lumières qui rapellent les spots multicolores d'une piste de danse de campagne. Ceci évite que le specateur ne s'apercoive de l'absence d'effets spéciaux et surtout de serpents.
Aucun effet sanglant, aucune mort visible, juste quelques cris, on imagine et déjà le tout s'arrête sur une note fort cynique et tout aussi méchante juste avant le générique de fin.
A ce niveau, Jennifer est un vrai ratage et le titre francais un vrai et beau mensonge. Point de carnage et encore moins d'horrible carnage!
L'amateur de film d'horreur sanglant et à effets spéciaux sera très décu mais pour les autres Jennifer reste un petite série B non dépourvue de charme dont tout l'interet réside dans le personnage de sa very bad girl et le coeur qu'elle met à l'ouvrage à détruire les autres. L'amateur cette fois appréciera.
On retiendra une interprétation convaincante de la Pelikan et sa touffe rousse crépée en pauvre Jennifer mais elle est grandement devancée par l'abomnation réincarnée en Amy Johnston, délicieusement perverse, sublimement salope, jouissivement pute!
Pour le reste, Jennifer a toutes les stigmates du film estampillé 70s: ambiance disco, boule à facettes, pattes d'eph le tout arrosé d'une photographie assez laide.
Si Mack a réussi a dresser un portrait très noir de la bourgeoisie et injecté a son film une sacré dose de méchanceté, veritable atout du film, en tant que film d'horreur, Jennifer est un échec et d'un bel ennui pour l'amateur.
Eric a lui aimé!!
Le divin corbeau qui adore se faire chipie.
