
En Europe centrale, Tsakarov, un marionnettiste itinérant affligé d'un pied bot, repère un jeune garçon très agile dans un village paysan. Il l'enlève à son père brutal et le forme à devenir un des plus grands danseur de son temps. Mais quinze ans plus tard, le jeune homme s'éprend d'une jeune danseuse. Tsakarov voit cela d'un très mauvais oeil. L'amour ne doit pas détourner son poulain de son investissement exclusif dans l'art...
A bien des égards, "The Mad Genius" est un film qui crée des ambiguités quant à savoir s'il faut le rattacher ou non au grand cinéma fantastique parlant qui a éclot 9 mois avant sa sortie, quand "Dracula" de Tod Browning est apparu sur les écrans. Le titre semble le rattacher aux films de savants fous, l'intrigue se déroulant en Europe centrale, la personnalité de certains acteurs (John Barrymore et surtout Boris Karloff, qui ne joue qu'un rôle modeste dans le prologue), son réalisateur (à la même époque Curtiz, va tourner "Masques de cire" et "Docteur X")... Beaucoup de choses le rattachent apparemment à cette période. Dans le prologue, le film lui-même cite expressément les noms de Frankenstein ; la difformité de Tsakarov, son côté démiurge, des connexions assez évidentes avec "Le fantôme de l'opéra" et même un final basculant franchement dans l'horrifique, en rajoutent encore dans la balance...
Pourtant, "The Mad Genius" conte en fait une histoire assez classique, voire un peu démodée, convoquant certes des mythes fantastiques (Frankenstein, Pygmalion surtout), mais dans des figures de pure symbolisme. Nous sommes ici dans un drame certes insolite, certes étrange, mais néanmoins purement dans une tradition de mélo. L'interprétation de John Barrymore est excellente, et vaut à elle seule le visionnage. Cette histoire de maître de ballets russes, de danseurs évoluant dans des costumes "modernes" vaguement Bauhaus ou Art déco, nous paraît quand même datée et appuyée. On ne s'ennuie pas, la mise en scène de Curtiz est déjà formidablement assurée dans son énergie et son sens du tempo. Mais "The Mad Genius" est aujourd'hui plus une curiosité pittoresque qu'un grand film rare. Curtiz fera mieux et plus fantastique avec les deux films mentionnés plus haut, et surtout avec "Le mort qui marche", sa vraie grande collaboration avec Karloff...
Vu "The Mad Genius" sur TCM, copie 1.33 noire et blanc, vostf très passable, assez floue et sale. Mais pour un film assez rare comme celui-ci, ça passe. Logo TCM dans l'image, évidemment !!!
