La disparition d’un scientifique britannique, dernier avatar d’une inquietante fuite de cerveaux, lance les service secrets britanniques sur la piste de ce qui pourrait etre une operation de tres grande envergure. Fraichement « transfere » (voire « vire ») du Ministere de la defense a un petit service de renseignement, le tres insubordonne agent Harry Palmer, se retrouvera bien vite et malgre lui, mele a une intrigue dont la cle semble etre une bande magnetique avec le label « Ipcress ».
A l’epoque ou James Bond cartonnait sur les ecran du monde entier, un de ses collegues, aussi eminent, mais nettement plus discret fesait a son tour une apparition sur le grand ecran. Cependant, de nombreuses differences entre les deux personnages existent.
TIF est le premier volet des aventures de Harry Palmer. La film sera ainsi suivi de Funeral in Berlin (1966) et de The Million Dollar Brain (1967) dans les annees soixante, avant de voir la serie mise en sommeil pendant presque trente annees avant d’etre reactivee avec Bullet to Beijing (1995) et Midnight in Saint Pteresburg (1996). Le role de Palmer sera toujours interprete par Caine qui restera indissociable du personnage.
Harry Palmer est souvent appelle un anti-James Bond. Tant le personnage que les films dans lesquels il apparait sont antinomiques a ceux du plus celebres agent de sa gracieuse majeste.
D’un point de vue « look », Palmer tient plus du gratte-papier de type « fonctionnaire » que de l’athletique agent et arbore fierement( ?) des binocles sans lesquelles il serait completement bigleux.
Palmer ne vit pas dans des palaces, ni ne se rend dans des lieux exotiques et vit dans un simple « flat » comme ses millions de compatriotes et opere surtout sur l’Angleterre, voir l’Europe.
Les bases secretes demesurees et localisees dans des lieux aussi incongrus qu’exotiques sont ici remplacees par de simples bureaux situes derriere des societes ou magasins-ecrans. Moins « glamour », tu meurs donc.
Sans gadgets aucun, le salut de Palmer ne tient qu’a ses deux petits flingues (la detention de l’un des deux etant d’ailleurs illegale(!) ) et son aptitude a utiliser (voire detourner) la machinerie bureaucratique et administrative des services secrets. Ceci, notamment dans le but d’obtenir des renforts en cas de progres dans son enquete, car Palmer semble egalement avoir fait sienne la devise selon laquelle « les cimetierres sont remplis de heros ».
L’univers de Palmer est ainsi plus proche des « parapluies bulgares » (et de leurs piques empoisonnees), que des Aston Martins armees de lance-roquettes. Une petite touche realiste des mieux venues dans un univers Euro-spy tendant de plus en plus a la bande-dessinee qu’autre chose.
La bureaucratie, completement absente des recits de 007 est a la base de l’univers de Palmer ou les fiches, notes de services, dossiers, rapports et formulaires de demande sont legions, et leur maitrise demande effectivement des facultes poussees. Ces memes facultes seront aussi un facteur determinant pour louveoyer entre les « petits coups amicaux » que se livrent les differents services et departements.
Si Bond est tour a tour, baroudeur (Connery), dandy (Moore), amateur de kilt(?) (Lazenby), romantique (Dalton), action-hero (Brosnan) ou machine sur-entrainee (Craig) ; Palmer, toujours sous les traits de Caine, restera toujours un fonctionnaire, dont le job principal est avant tout sa propre survie dans un univers hostile tant au niveau interieur, qu’exterieur.
Michael Caine se livre a une excellente prestation et se « fond » parfaitement dans le role « heroique » mais si peu « glamour » du personnage principal. Fraichement issu des gangsta movies britanniques, la patine de petit malfrat qu’il dont en filigrane a son personnage, et qui est si appreciee de ses superieurs, donne cet impeccable « fini » a la limite de l’antipathie que degage le personnage. Personnage qui reussit neanmoins a rester « sympathique » grace a ses amities, ainsi qu’a sa devotion a la resolution de cette affaire.
La realisation de Furie, loin de ses (futurs) actioners de petite classe (la serie des Iron Eagle et The Taking of Beverly Hills) est tres a son aise dans la mise en scene des aventures de l’heroique gratte-papier de sa gracieuse majeste, et ce, meme si d’apres les rumeurs il aurait des le premier jour jeter (literalement) le script au feu devant toute l’equipe…
La mise en images des aventures de Palmer s’eloigne aussi des canons des « swinging sixties » dont fesait montre le genre « Euro-spy » de l’epoque, pour se concentrer sur le cynisme ambiant d’un monde en pleine guerre froide, pavant ainsi le chemin vers un nouveau-realisme qui aboutira quelques annees plus tard a une serie telle Callan (1967) qui se situera a la limite du sordide, voire du glauque dans sa description de l’univers de l’espionnage.
Moins un anti-Bond, qu’un anti-hero, mais hero quand meme.
A voir, car enrichissant l’univers des agents secrets que souvent, beaucoup limitent a uniquement James Bond.
The Ipcress File : 4.25 / 5
The Ipcress File (1965) - Sidney J. Furie
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The Ipcress File (1965) - Sidney J. Furie
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Re: The Ipcress File (1965) - Sidney J. Furie
Un film d'espionnage cru, prenant délibérément le contre-pied de la mode mondiale lancée par les James Bond des années 60, offrant ce qui se veut un visage plus réaliste des services secrets occidentaux : morne bureaucratie, traitements médiocres et brutalité de bagarres de rue sont de la partie dans ce film sec, élégant dans son abruptitude... Un classique du cinéma d'espionnage anglais.