Alors que l’armée américaine lui offrait une place dans ses bureaux, Chris Winters, play-boy désinvolte, décide de s’engager dans le corps des Marines. Il se retrouve sous les ordres du Sergent-formateur Dixie Smith, un militaire de la vielle école et fait la connaissance pendant une permission de la belle Mary Carter.

Production Daryl F. Zanuck tournée en partie sur une véritable base des marines de l’armée US, aux premiers mois de l’engagement américain dans la seconde guerre mondiale, To the shores of Tripoli est réalisé par Bruce Humberstone, cinéaste sympathique mais inégal, de ceux capables de livrer de bonnes choses lorsqu’ils tombent sur un bon sujet (comme ceux de Charlie Chan at the opera ou de I wake up screaming, excellent whodunit / film noir avec Victor Mature) mais difficilement aptes à rehausser par leur seul travail un script médiocre (ainsi qu’en témoigne son pantouflard Ten wanted men, western au script médiocre qu'une réalisation sans cachet finit d'enfoncer dans l'anonymat).
Avant d’être un film de guerre – ce qu’il n’est d’ailleurs pas vraiment puisque son histoire s’arrête au lendemain de l’entrée en guerre des Etats-Unis contre le Japon – To the shores of Tripoli est surtout un modèle de film de propagande à la gloire de l’Amérique et de son contingent, dans lequel on ne parle que d’héroïsme, de courage et d’envie d’en découdre avec l’ennemi. Cette authentique contribution hollywoodienne à l’effort de guerre américain a donc essentiellement valeur de curiosité historique qui prêterait surtout à sourire si elle ne s’inscrivait pas dans un cadre historique aussi grave.
Pour le spectateur plus cinéphile ou moins porté sur l’Histoire avec un grand H, To the Shores of Tripoli présente cependant un tout autre intérêt, plus ludique : celui de compter les similitudes scénaristiques du film de Bruce Humberstone avec le classique eighties de Taylor Hackford, Officier et gentleman. Et là ce n’est pas compliqué : dans les grandes lignes c’est exactement la même histoire, avec seulement John Payne dans le rôle de Gere, Maureen O’Hara dans celui de Debra Winger et Randolph Scott dans celui de Lou Gossett, Jr.
D’un point de vue purement cinématographique, un film à l’intérêt et aux ambitions assez limités, dont l’aspect le plus séduisant demeure peut-être son rutilant technicolor. A voir plus comme un document d'époque (ou éventuellement si vous envisagez de vous engager dans les marines).