A travers un jour situé au dessus de la porte communiquante de sa chambre, elle observe son voisin, jeune terroriste extremiste recherché par la police allemande. De plus en plus excitée, prise d'une fascination morbide, elle franchit le pas et va vivre une relation passionnée quitte à se compromettre mais dont l'issue ne pourra être que fatale...
Lizzani s'éloigne ici du cinéma traditionnel auquel il nous avait habitué à travers des oeuvres souvent réalistes aux limites du documentaire, sorte d'investigations sur les réalités de notre société. Cela nous avait donné des films tels que le sordide Storie di vita e malavità, ses incestes, sa prostitution adolescente et ses ballets roses, Banditi a Milano ou La vengeance du sicilien...
Aux grands espaces urbains de ses précédentes oeuvres se substitue ici un huis clos étouffant dans une petite chambre d'hotel plongée dans la sombre lumière des lampes dans laquelle les deux héros que tout sépare vont vivre une aventure passionnelle, violente et morbide sous fond politico-historique.
Kleinhoff hotel peut être lu sous plusieurs angles. Le premier c'est l'éternel attraction que crée les amours interdites, l'excitation qu'engendre le danger notamment entre deux personnes n'ayant rien en commun, ici une bourgeoise frustrée et un jeune terroriste désillusionné.
De plus en plus excitée par ce jeune homme qu'elle observe par un jour situé au dessus de leur porte communiquante, elle se laissera aller à ses pulsions qu'elle ne peut refrener, attraction morbide pour ce terroriste dont elle épie les ébats avec une prostituée heroinomane et pour lequel elle est prête à tout quitter, prête à toutes les humiliations. Elle se transforme en putain pour une relation qu'elle sait sans lendemain.
Le voyeurisme

Mais tout différents soient ils, les deux personnages ont pour point commun leur errance, leurs désillsions.
Karl, désespéré, n'attend plus rien de cette société et voit dans le terrorisme la seule issue. Il incarne cette désorientation politique, la perte des valeurs qui alors n'était plus propre à l'Italie mais s'étendait à l'Europe, conduisant la jeunesse à la révolte et à la guerre urbaine. Pasquale incarne cette bourgeoisie décadente et frustrée que le terrorisme urbain sous certains aspects fascinait, cette bourgeoisie que la perte des valeurs menait à la subversion et à la perversion.
Un seul élément finalement relie les deux protagonistes: l'argent. Elle est riche et malgré ses écarts ne quittera pour rien au monde son univers béni, il est prêt à tout pour avoir de l'argent et un jour être riche.
C'est aussi sous un aspect politique qu'on peut voir le film. Lizzani y explore de façon objective le terrorisme qui alors prenait une dimension mondiale. Ce sont les flash radio sur les exactions des Brigades rouges qui relient durant toute la deuxième partie les deux héros au monde extérieur donnant ainsi une vision de la peur qui envahit nos villes et ne nous fait jamais perdre de vue le contexte de cette aventure.
Mais c'est plus à une oeuvre érotique auquel on assiste plus qu'à un film politique, ce que lui reprocha alors la critique. Kleinhoff hotel est en effet plus un film érotique aux limites parfois du hard qu'une dénonciation politique. Les scènes érotiques risquent en effet de surprendre, particulièrement osées, parfois même complaisamment gratuites comme la longue séquence d'auto-érotisme.
On vit essentiellement la passion violente de ces deux âmes perdues, un amour / haine fulgurant et crasse, sordide par instant. Tronqué de ses scènes les plus poussées, la version intégrale nous propose d'audacieuses scènes de pénétrations, de sexe en erection


Kleinhoff hotel est d'une évidente froideur, empreint de desespoir d'un bout à l'autre à l'image des personnages qui le traversent (commissaires sadiques prenant un malin plaisir aux fouilles intimes

Pour Lizzani la seule issue pour les plus faibles est la mort alors que les riches restent, cyniques et profiteurs. Karl se suicidera au petit matin en se tailladant les veines après avoir fait une dernière fois l'amour au son du flash d'information, réalisant qu'il n'y a aucun espoir pour une autre vie.
Impassible, Pasquale regardera ce cadavre avec dédain et quittera comme si de rien était cette chambre pour retourner à sa vie de bourgeoise frustrée après s'être bien amusée. Accablante conclusion qui résume toute la vision du réalisateur.
Si pour certains Kleinhoff hotel est un film inutile et raté visant simplement à nourrir les instincts voyeuristes du spectateur à travers son érotisme torride et malsain, pour d'autres c'est un film qui explore le terrorisme à travers le désespoir de classes sociales determinantes.
Lizzani rigoureux et objectif comme d'accoutumée livre une fois de plus une vision brute et sans concession de ses opinions même si on reconnaitra qu'il manque au film une véritable atmosphère. C'est peut être là son unique défaut.
L'interprétation est dominée par la Cléry qui arbore ici la plus vilaine coupe de cheveux de sa carrière ( esperons qu'il s'agisse d'une perruque)

Peut être le choix de l'actrice ne fut guère judicieux, trop apparenté au cinéma érotique pour donner une certaine crédibilité à un film engagé. La garce en chaleur, déshinibée, s'offrant certaines des séquences les plus osées de sa carrière, aux limites du hard. Mon dieu lorsqu'elle plonge sa main dans le slip blanc de Karl, extrayant son sexe en erection



A ses cotés, on notera la performance plus sobre de l'anglais Bruce Robinson, jeune acteur Zeffirellien, superbe bellatre au corps gracile, étourdissant bad boy tout autant déshinibé, étalant son si gourmand sexe en erection face à l'objectif!!


Werner Pochath et Michele Placido ainsi que la toute vulgaire Katja Rupé completent le casting.
Du sexe, de la glauqueur, des êtres desespérés, de la gratuité sordide.. Tout ce qu'on aime!
Le corbeau qui adore louer une chambre d'hotel pour ses amants de passage!!
