
Pendant le Festival de Cannes 1967, Jay (François Gabriel), fils du producteur Delaney (Jess Hahn), assassine une jeune starlette nommée Lucille (Anna Gael). Sa belle-mère Sophie (Anne Vernon) perce son secret et Jay la force à devenir sa complice afin de se débarrasser du corps. tout se complique quand un photographe de journal à scandale (Claude Cerval) a pris des photos de tout ce petit monde entrant dans la chambre d'hôtel du Carlton.
Adapté d'un roman de James Hadley Chase, Le Démoniaque est un curieux produit d'un autre age, sorte de psycho-thriller français qui détonne un peu dans cette année 1968.
Le scénario laisse à penser que tout est plié depuis le début avec la révélation du tueur. En fait, il s'agit plutôt d'une étude de caractère manipulateur. Jay est un jeune homme bstr mais qui cache un cerveau bien malade. Une rapide (et expéditive) explication est balancée par son père : la mère de Jay était une puritaine du Middle West qui lui a inculqué la crainte des femmes et de la sexualité. Norman Bates n'est pas très loin.
La sexualité affichée de la starlette (une Anna Gael pas encore tombée dans sa période softcore avec Zeta One, Traquenards Erotiques, le plumard en folie...) l'obsède et le dérange et il cède à ses pulsions de meurtre. Tout le film part du meurtre mais c'est bien la manipulation qui est (maladroitement) au cœur du scénario. Jay va ainsi forcer Sophie, afin d'éviter un scandale, à le couvrir dans ses exactions. ce qu'ele acceptera bien mal, mais se laissant aller afin de protéger de manière illusoire son mari.
Anne Vernon (es femme de Robert Badinter, par ailleurs!), qui est de loin la meilleure actrice du lot et interprète une Sophie en perdition avec beaucoup de classe. On la voit brièvement dans une scène nue (body double ?) vers la fin de métrage. A remarquer aussi une Alice Sapritch en grande forme dans le rôle de la propriétaire d'un hotel de passe, virtuose du chantage et de la vanne bien placée. Très classe, as usual. Et une Geneviève Grad à peine sortie de la série du Gendarme de St Tropez, toujours abonnée aux mêmes roles, toute mimi mais bien translucide. Enfin, il est assez curieux de voir que François Gabriel n'ait pas fait de carrière plus conséquente. il tournera un autre film avec René Gainville un an après, mais il estici assez convaincaint dans le rôle du taré séduisant un peu schizo qui entend des voix, au regard lourd de sens - un peu de surjeu, mais il s'en sort vraiment bien.
D'un point de vue technique, le film est en 1.66:1 et bénéficie d'un soin tout particulier sur les angles de prises de vues, avec de superbes travellings latéraux en contre-plongée. Une photographie réussie sur les scènes d'intérieur, éclairages travaillés sur les visages...on sent que le réalisateur a vraiment voulu soigner l'aspect visuel. Qui tranche avec un aspect quasi-documentaire lorsque la caméra se ballade sur la croisette pendant cette année 1967. (et on ne parle par des extérieurs tournés à Bruxelles, notamment la scène finale de nuit avec la respiration de Jess Hahn qui se voit, preuve en est que le film n'a pas été tourné qu'au mois de Mai!). On sent une certaine influence hitchockienne dans la progression dramatique, tout en demeurant assez loin du maître. Mais pour une tentative française, c'est loin d'être déshonorant!
Le film garde un côté suranné dans l'exposition des meurtres et du meurtrier, tout comme son côté pris sur le vif du festival de Cannes. Une série B française soignée, même avec un peu de Psychologie de bazar. Le film est daté, c'est sûr, mais il se laisse voir sans ennui.
Vu sur le DVD Z2 de chez KVP . 1.66:1 et 16/9. Aucun menu, aucun chapitre et un seul accès depuis l'image fixe du menu : "Le Film". Une copie un peu passée mais qui laisse transparaitre quelques jolies couleurs. Peu de griffures, une compression honnête... Pas cher, mais très insuffisant quant au contenu!
NB :
René Gainville est un cinéaste d'origine hongroise (comme Anna Gael, par ailleurs) à la carrière assez discrète, ses deux points d'orgue étant le Complot avec Michel Bouquet, un honorable film politique, et l'Associé , une satire réussie avec Michel Serrault. sa carrière s'est bizarrement arrêtée en 1979. A noter aussi que le film a du être tourné en même temps que Thérèse et Isabelle de Radley Metzger, aussi avec Anne Vernon et Anna Gael.