Réalisé la même année que Les religieuses du St Archange, Storia di una monaca di clausura nous plonge une fois de plus dans la vie conventuelle d'une abbaye du 16ème, celle de San Giacomo.
Si Les religieuses du St Archange dénoncait l'hypocrisie d'une Eglise érigée en entité politique corrompue et pervertie par la noblesse rongée par l'avidité, le pouvoir et l'argent à travers un groupe de religieuses refletant cette Eglise, Storia.. traite de ces jeunes filles cloitrées de force par leur famille.
Si le sujet était déjà souligné dans Les religieuses du St Archange il en est ici le thème principal et c'est ainsi que la jeune et noble Carmelia, tout juste 16 ans, est envoyée au couvent après qu'elle ait refusée un mariage arrangé depuis sa naissance pour un gueux dont elle est follement éprise.
Elle va y découvrir dans un premier temps l'humiliation et les souffrances charnelles inhérentes à la vie conventuelle ce qui nous vaut quelques séances de flagellations à la corde de chanvre. Attachée, nue, Carmelia est violemement fouettée, l'épaisse corde déchirant ses chairs sous ses rictus de souffrance qui pour nous se transforment en rictus de joissance tant le plaisir est grand





Dans un second temps, ce sont les relations particulières qu'entretiennent les soeurs avant de découvrir le vrai visage de ces représentantes de Dieu qui derrière le voile cachent non seulement leurs frustrations et leurs de désirs de femme mais également une âme d'intriguante.
Moins dénonciateur que son prédecesseur, plus épuré, peut être un peu plus ennuyeux du moins dans sa première partie, Storia.. n'en est pas moins fort interessant.
Il met en exergue la frustration de ces religieuses qui le soir dans des chambres secrètes se retrouvent entre elles vêtues des plus beaux atours, véritables nobles qui à la lueur des chandelles semblent revivre et être enfin ces femmes qu'elles auraient toujours du être.
Ce sont les relations qu'elles entretiennent avec leurs amants lors de rendez-vous arrangés, ce sont ces relations particulières qu'elles vivent entre elles afin de combler leurs désirs.
Mais il y a des règles à suivre, des jalousies et des rancoeurs qui trainent et tout arrangement à sa contre-partie bien souvent sexuelle d'où toute pitié est exclue.
Pour avoir refusé les avances de Soeur Elisabetta, la jeune Carmelia tombera dans un terrible piège. Découvrant toute l'hypocrisie et l'horreur de l'Eglise, elle renoncera à ses voeux, humiliant en public sa famille face à l'Evêque.
Elisabetta, la garce, s'arrangera alors pour que son jeune amant se fassent assassiner. Enceinte, les soeurs s'occuperont de son accouchement évitant ainsi l'Inquisition. Carmelia renoncera au voile et s'enfuira du couvent afin de se dévouer corps et âmes aux plus démunis.
Moins perfide que Les religieuses du St Archange, le grande force de Storia... est le soin apporté à la réalisation, la beauté de ses décors et de sa photographie à l'instar de son héroine principale, la Giorgi.
Angélique, elle incarne à la perfection la pureté et l'innocence. A l'instar d'une Eva Ionesco, elle est une véritable petite poupée blonde au teint clair, aux yeux bleus azur garni de longs cils. Paollela sublimine son regard candide, baigne chacune de ses apparences dans un halo de lumière solaire quasi celeste. Elle est un ange, à la fois icône et martyr dont l'immense chevelure d'or s'éparpille sur son lit de souffrance.
Tout le film de Paollela est empreint de cet or, omni-présent tant dans les décors, les costumes que dans la lumière solaire qui léche les corps même dans les séquences de souffrance, leur donnant un coté christique appuyée par une BO tout en chants grégoriens.
L'or, symbole de richesse et de puissance, se mèle souvent aux tons rouges et chauds, couleurs du sang, de l'autorité et de la violence, celle des nobles corrompus et avides et des religieuses cruelles refoulées, tranchant avec des tons plus pastels notamment ceux des costumes lilas, verts ou roses des jeunes innocentes et de leurs mères éplorées apportant une touche de sérénité dans la tourmente des âmes.
Fort discrètes une fois de plus, les séquences saphiques sont d'une extrême pudeur, tout juste suggérées, on s'effleure, on se frole, loin des excés de l'exploitatoion habituelle. Pas de vagins béants et de doigts fouilleurs, le vicieux sera décu.

L'interprétation, tout en justesse, est dominée par l'angélisme de la Giorgi entourée par l'ex-lolita à scandale des 60s, la Spaak, en mère superieure et la Kendall dans la peau de l'intriguante soeur Elisabetta. A leurs cotés, la Marschall et la Brochard.
On notera la présence de MA Caterina Boratto, future dame maquerelle de Salo, l'une des plus cruelles narratrices, la Maggi, ouvrant le cercle du sang.. celle qui voulait coudre une souris vivante dans le vagin d'une femme. Quel enchantement, le rêve d'Eric!
