
En 1978, l'acteur Warren Beatty co-réalise "Le ciel peut attendre" qui, comme son nom ne l'indique pas, est un remake du "Défunt récalcitrant". Après cette expérience, il obtient la confiance de Paramount qui lui offre la possibilité et les moyens de réaliser et interpréter un projet hors du commun, une fresque de plus de 3 heures retraçant le destin du journaliste John Reed socialiste américain engagé, grand reporter, auteur de "Dix jours qui ébranlèrent le monde", compte-rendu célèbrissime de la révolution russe en 1917.
Un projet ambitieux, couteux, exigeant, sorte de "Docteur Jivago" dans lequel l'aspect politique serait mis très, très en avant, et de façon extrêmement précise. Warren Beatty tenait d'ailleurs à faire jouer le rôle de Louise à sa compagne Julie Christie - révélée en son temps par "Docteur Jivago" - mais celle-ci renonça finalement, laissant la place à Diane Keaton.
John Reed est décrit comme un playboy au coeur néanmoins monogame, un communicateur charismatique, maître du langage écrit et oral dans la transmission des idées et la relation des faits. La révolution va néanmoins se refermer sur lui comme un piège mortel.
Le sujet est ambitieux et passionnant, le film a certainement un certain souffle épique, tout en refusant la facilité ; Beatty n'esquive pas les précisions historiques ou idéologiques pour restituer fidèlement son sujet. L'équilibre n'est pourtant pas toujours parfait, le début, la partie du "bonheur" du couple Reed/Bryant, m'a semblé plutôt faible et redondante. C'est à partir du premier voyage en Russie que le film décolle, ce qui me semble un peu tard. Il s'agit néanmoins d'un spectacle au sujet original et au traitement intègre et ambitieux, qui, en dépit d'inégalités et de défaut de rythme, se découvre aujourd'hui avec un réel intérêt.
Le film fut tourné en Europe (angleterre, espagne et finlande), couta une fortune (35 millions de dollars), laissa Warren Beatty malade et affaibli... et ne rencontra pas vraiment l'adhésion du public en son temps. Warren Beatty ne reviendra sur les écrans que six ans plus tard, en tant qu'acteur seulement, avec "Ishtar", méga-bide notoire...
"Reds" n'est sorti en dvd qu'en 2006, dans une édition "25ème anniversaire", publiée simultanément en HDDVD et en bluray.
Vu sur le hddvd paramount (avec vf mono et stf). Un transfert HD 1.85 16/9 qui n'est pas dénué de petits défauts : fixité parfois hésitante, très légers halos de edge enhancement par endroit, grain pas toujours reproduit très naturellement. Néanmoins, la définition est toujours excellente, toujours très "HD" et les couleurs sont la plupart du temps parfaitement naturelles. Une belle restauration. Le son Dolby Digital Plus en anglais est très correct, avec un excellent rendu des ambiances et des dialogues. Le film ne se prête toutefois pas à une débauche spectaculaire en la matière.