Le jeune Aaron Roman, adolescent légèrement retardé, rêve de jouer dans un film d'action. Pour son 18eme anniversaire, son père, le millionnaire Davis roman, décide de produire une suite au True lies de James Cameron, le film préféré d’Aaron, dans lequel celui-ci interprétera le rôle principal aux côtés de Bill Williams, co-vedette du premier opus retombé dans l’anonymat depuis.

Signé par la réalisatrice de Wayne's World, qui interprète son propre rôle dans le film, celui de la réalisatrice de Two Spies, la séquelle à petit budget de True Lies (Linda Hamilton l'embauche parce qu’elle n’est pas chère), The Kid and I est un curieux film mixant satire d’Hollywood et comédie familiale à la limite du tearjeker (avec tout de même une bonne dose de second degré). Le scénario est signé Tom Arnold, qui joue lui aussi plus ou moins son propre rôle, celui de Bill Williams, un acteur has-been à la vie privée ayant par le passé fait la une des gazettes people et dont le principal titre de gloire demeure son second rôle dans le True lies de James Cameron. Apparaissent également dans leur propre rôle, en cours de film, le basketteur Shaquille O’Neal, le catcheur Dan Goldberg (dans une séquence franchement cocasse), le commentateur sportif Pat O’Brien, Charles Napier (non-crédité quant à lui, dans le rôle du boss d’Aaron et Bill, dans Two Spies), ainsi que Arnold Schwarzenegger et Jamie Lee Curtis, les 2 stars de True Lies.
Curieuse mixture que celle proposée par The Kid and I. Curieuse et risquée avec ça, car l’approche très ironique avec laquelle Penelope Spheeris et Tom Arnold traitent leur sujet, au centre duquel évolue tout de même un personnage bien casse-gueule de jeune handicapé rêveur, avait toute les chances de tourner à la grosse faute de goût. Et pourtant ça fonctionne parfaitement. On ne tombe jamais ni dans la condescendance embarrassante ni dans le manque de respect. Le handicap d’Aaron passe d’ailleurs rapidement au second plan d’un récit qui s’intéresse tout autant à lui qu'aux personnages de Bill Williams, acteur en quête de rédemption professionnel, de son assistant personnel interprété par Richard Edson et de sa productrice (Linda Hamilton). Tous 3 délivrent d’ailleurs d’excellentes prestations dans ce qui s’avère être au final une peinture plus amusée et volontairement caricaturale que vraiment critique d’Hollywood.
The Kid and I nous dépeint donc un petit monde où les agents et producteurs sont forcement des pingres cyniques et cupides et où les (petits) films d’action censés se dérouler aux quatre coins du monde se tournent forcement à Vancouver. Tom Arnold n’hésite pas lui-même à égratigner gentiment son image, comme lorsque qu’il refuse de se mettre un bâton de dynamite dans le cul pour les besoins d’une séquence d’action (l’une des nombreuses exigences farfelues du gamin-vedette) de peur d’avoir l’air stupide et qu’Hamilton lui rappelle qu’il a tout de même été assez stupide par le passé pour jouer avec Seagal … Et Arnold d’acquiescer et d’accepter la scène. Ce récit riche et sans temps mort (même si le tempo a tendance à ralentir un brin dans le dernier quart d’heure, sans doute la partie la plus convenue du film) s’accompagne d’une réalisation très « libre », à la fois ambitieuse, dynamique et inventive, qui joue par moment adroitement sur les différences couches fictionnelles du récit (cf. le tournage de la séquence du baiser de Two Spies, filmée de façon quasi documentaire) et sait faire preuve d’une dose appréciable d’ironie (voir l’emploi de stock-shots, dans les scènes de film dans le film).
Une bonne comédie en résumé, avec du style, des idées et des acteurs qui se donnent. Disponible en DVD Zone 1 seulement, celle-ci me semble n’avoir connu qu’une distribution confidentielle sur le sol américain.