Les Borgia ? Osvaldo Civirani ? Le logo « -16 » plaqué dans le coin de l’écran ? Vous vous attendiez à un film provocateur, osé, voire bien bis ? Que nenni sur toute la ligne !
Hormis le premier quart d’heure qui nous plonge dans une bonne ambiance d’affairisme et de complot au sein de l’église de Rome, on n’a plus affaire ensuite qu’à une bluette relatant la relation amoureuse de Lucrèce avec le chef des rebelles. Assaisonnée de récurrentes chevauchées d’un endroit à l’autre, et de combats à l’épée poussifs et à peine digne d’un Robin des Bois télévisuel.
Coté casting, la blondasse Olinka Berova, affublée d’une coquetterie à l’œil, n’a que son opulente poitrine à offrir (et encore), on s’étonne après ça de ne pas connaître sa carrière. Gianni Garko est transparent et maladroit dans son rôle de bellâtre (ici il n’est malheureusement pas coiffé d’un stetson et n’a pas de colt à la ceinture). Heureusement il y a notre Lou Castel national dans le rôle de César Borgia, celui-ci et son pape de père nous gratifiant de présences plus passionnantes.
Par contre ce qui est étonnant, c’est qu’on se trouve devant une bande à la direction artistique tout sauf fauchée. Un scope pas mal utilisé, une photo somptueuse. Des décors majestueux visiblement situés dans d’authentiques palais, des costumes chatoyants, une très abondante figuration. Pour le coup, pour un Civirani (enfin ce que j’en connais), ça détonne.
Mais bon, comme dit en amont, un scénar’ roman-photo à deux balles, dans lequel les intrigues de palais sont vite reléguées au second plan. Les imbroglios historiques et politiques, les charges anticléricales attendues, ne sont pas au rendez-vous. Une construction par ailleurs assez elliptique débouchant sur un final en queue de poisson, dans lequel on abandonne littéralement tous les personnages à leur sort (prévoyait-on une suite à la « Angélique marquise des anges » ?), ne fait qu’ajouter à la frustration.
« Et pour l’érotisme ? » demande l’autre. Eh bien là aussi, que dalle, nonobstant la signalétique CSA. Tout juste ladite poitrine nue de Olinka aperçue dans un unique plan, et nos deux tourtereaux langoureusement allongés dans la paille dans leur plus simple appareil. Snif.
Diffusion sur Club en italien stf sous le titre "Lucrezia", dans une superbe copie.
Lucrèce, fille des Borgia - Osvaldo Civirani (1969)
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team