Terrifying Girls High School (1973) Norifumi Suzuki

[MadXav]

Titre japonais : Kyôfu joshikôkô: bôkô rinchi kyôshitsu
Titre anglais complet : Terrifying Girls' High School: Lynch Law Classroom

Ce film a déjà été évoqué dans un autre thread puisqu'il fait parti de l'indispensable coffret The Pinky Violence Collection édité par Panikhouse il y a quelques années.
Le thread en question est le suivant :
http://www.devildead.com/forum/viewtopi ... =1&t=10526

Ce cher fiend471 y évoquait le film et ses qualités, ce sur quoi je ne peux que le rejoindre. Le film est fun, rythmé, violent et les actrices y sont diablement sexy !

Si je crée un thread séparé, c'est parce que le film a eu une destinée bien particulière lors de sa sortie en France.
En effet, le film a trouvé la voie des salles obscures hexagonales le 11 décembre 1974 sous le titre Les filles de Kamaré : une petite culotte pour l’été. Entre temps, le métrage avait croisé la route de René Viénet, un cinéaste sinologue aux thèses situationniste. Fidèle à sa pensée et à ses dires, Viénet s'empare donc de la petite perle de Norifumi Suzuki et en revoit le montage. Il se charge par ailleurs du sous-titrage et transforme le film de gang érotique en porno-politique-délirant dont l'accroche sera "Enfin du cul subversif sans alibi artistique" .

Viénet est en grande forme et dénonce en vrac la censure, la condition de la femme, la lutte des classes et arrose le tout d'un verbe délirant et salace.

Ainsi et par exemple, une altercation dans un bain douche part totalement en vrille puisqu'à l'origine, le dialogue donnant à peu près :
"- Tu es lesbienne n'est-ce pas ?
- Qu'est ce que tu dis ?
- Cherche pas à me tromper, toutes les bad-girls d'Osaka m'appellent Sappho dans la rue !"
devient ça dans la version de Viénet :
"- Tu comprends pourquoi je montre mon cul ?
- Non...
- Parce que c'est un film porno... un porno subversif japonais !"
Viendra ensuite un magnifique :
"J'en ai marre de ta propagande pour tes petits copains dans ce film ! [...]
Cette salope veut m'en faire baver, on va lui agrafer la cramouille pour la peine ! On va lui émincer les baluneaux ! Vous faites vraiment pas gaffe à la censure, c'est un film politique ! Les censeurs nous mattent l'oignon et on peut rien dire !". Ce sur quoi Viénet pousse le vice jusqu'à ajouter en insert un gros plan d'une main caressant l'intimité velue d'une demoiselle !

Bref, le principe est grosso-modo le même que celui du "grand détournement" sauf qu'ici, on a en plus un propos politique et que le film est bel et bien sorti dans les salles comme ça !

J'invite bien évidemment à découvrir la version d'origine éditée en DVD aux US mais pour ceux qui voudraient gouter au fun de la version "revisitée" ou même comparer, vous pouvez le faire puisque le film est en téléchargement légal en deux parties :
- Liens supprimés car téléchargement douteux sur le plan légal -

[Laeke]

C'est un film que j'apprécie énormément, pour toutes les qualités cités dans l'autre sujet, qui sont celles que l'on connait pour l'exploitation japonaise: niveau visuel de haute tenue, très coloré, film assez rythmé, avec de l'érotisme assez trouble.
J'apprends grâce à ce sujet le traitement un peu particulier qu'il à connu pour la France à l'époque. Je n'ai pas vu cité dans le sujet La Dialectique peut elle casser des Briques qui est aussi l'oeuvre du même personnage (la chronique de Nanarland: http://www.nanarland.com/Chroniques/Mai ... ialectique), devenu l'exemple le plus connu de ces détournements. J'imagine que ceux qui ont signé le Grand Détournement les connaissaient à l'époque, mais il y a de grandes différences entre leur essai et ces manifestations de trublions situationnistes (c'est quand même nettement plus terre à terre dans le cas du film culte fait à l'époque de Canal)

Lynch Law... s'y prête d'ailleurs peut être mieux vu son histoire, qui met aux prises des délinquantes avec une institution qui derrière sa façade de respectabilité cache une corruption, répression et décadence généralisée (comme dans cette scène ou les élèves rebelles "persuadent" leur vieux prof de les sauter -pardonnez moi l'expression-, lequel se laisse faire sans trop de résistance) pour le plus grand bonheur du spectateur venu se rincer l'oeil.

Merci en tout cas pour toutes les précisions apportées et les liens pour voir le film revu et corrigé.

[MadXav]

Effectivement, "La dialectique..." est aussi le résultat d'un détournement "à la Viénet" mais il y en a d'autres. L'un d'eux est très connu pour son titre puisqu'il s'agit de "L'aubergine est farcie", alias "Les menottes rouges" (Zeroka no Onna Akai Wappa de Yukio Noda), là encore un métrage très sympathique à la base. Je n'ai pas vu la version détournée par Viénet.

A priori, le bonhomme est aussi responsable d'un "Une soutane n'a pas de braguette" dont je ne connais ni l'origine, ni le détournement. Reste que le métrage est à l'origine un film de Norifumi Suzuki et qu'il a eu son visa en 1980. Il ne semble pas être sorti en salles. Peut-être est-ce (supposition de ma part) "Le couvent de la bête sacrée"...

[Superfly]

c'est quand même ultra limite le coup du téléchargement légal sur ce coup ... merci quand même

[MadXav]

c'est quand même ultra limite le coup du téléchargement légal sur ce coup ... merci quand même

Pour moi ça l'était. Mais a priori, tu as raison, c'est effectivement un peu douteux leur manière de procéder. A savoir qu'ils mettent en téléchargement les choses qui ne sont plus éditées et les retirent en cas d'édition ou sur simple demande des ayant-droits. Autrement, ils partent du principe qu'ils peuvent le faire tant qu'on ne leur dit pas le contraire !