Une famille de gangsters campagnards capture miss Blandish, fille d'un millionnaire, pour récupérer une rançon. Ma Grissom, matriarche et chef du gang, décide de tuer l'otage après le paiement de la rançon, pour leur éviter tout risque d'être retrouvés. Mais elle veut d'abord que son otage serve à dépuceler Slim, son fils cadet, attardé et psychopathe. Slim s'éprend de cette Miss Barbara Blandish...
Après le triomphe des "Douze salopards" et le bide du "Démon des femmes", Aldrich signe un contrat avec ABC films pour lesquels il tourne trois films à la suite : "Faut-il tuer Sister George ?", "Trop tard pour les héros" et "Pas d'orchidées pour Miss Blandish".
Avec "Pas d'orchidées pour Miss Blandish", Aldrich compte surfer sur la vague des films de gangsters violents se déroulant dans les années trente, vague consécutive au triomphe de "Bonnie and Clyde" en 1967. Ce dernier titre est inaugurateur du Nouvel Hollywood et Aldrich, qui en est un grand précurseur aux côtés de Samuel Fuller et autres Don Siegel, suit le mouvement sans effort.
Toutefois, "Pas d'orchidée pour Miss Blandish" n'est pas un simple film de gangsters, mais l'adaptation du Roman Noir du même titre, inspiré notamment du fameux kidnappning du Bébé Lindbergh, et du roman "Sanctuaire" de William Faulkner pour cette prise d'otage dans une ambiance poisseuse.
"Pas d'orchidée pour Miss Blandish" est vraiment un film de groupe, mettant en scène notamment Scott Wilson (révélé dans "De sang froid" et qu'on reverra dans "La neuvième configuration"), Tony Musante (la même année que "L'oiseau au plumage de cristal"), Kim Darby (la petite fille de "100 dollars pour un shérif"). Il choisit aussi bien d'excellents acteurs venus de la télé US comme Robert Lansing en détective désabusé ou Irene Dailey en mémé gangster redoutable et violente ! Enfin, il retrouve Wesley Addy, un de ses seconds rôles favoris, apparaissant dans ses films depuis les années 50.
Tout cela nous fait un festival de trognes incroyables, maquillés au minimum, transpirant à grosses gouttes dans un sud américain saturé de chaleurs, de violence, de crasse et de lacivité. Riche en personnages fort en gueule et en intrigues, remarquablement reconstitué et livré avec une photo granuleuse et brute à souhait, "Pas d'orchidée pour Miss Blandish" livre une vision de la société US pour le moins noire, entre pauvres affreux, sales et méchants, et riches méprisants et détestables. Comme souvent chez Aldrich à cette période, le film aurait pu être un peu raccourci, l'interprétation est parfois discutable (Scott Wilson notamment), mais c'est tout de même un film fort, réussi, vraiment intéressant dans la filmographie Aldrichienne.
Après trois films discutables, "Pas d'orchidée pour Miss Blandish" est un beau retour en forme d'Aldrich, qui connaît pour moi une vraie renaissance à partir de ce métrage et qui amorce la succession d'au 5 franches réussites, à mon sens sa période qualitativement la plus constante de sa part.
"Pas d'orchidée pour Miss Blandish" est pourtant encore un échec commercial et critique, le quatrième à la suite pour Aldrich. Ce film a quand même été réévalué avec les années, mais reste bizarrement relativement peu connu (jamais sorti en DVD ou bluray en France notamment !).
Vu sur le bluray US Kino Lorber.