Incroyable scénario que ce Death of a gunfighter, co-réalisé, dixit le programme télé, par Don Siegel (eh oui) et Robert Totten.
Sollicité voici 20 ans, le shérif vieillissant d’une bourgade prospère (Richard Widmark), est aujourd’hui devenu indésirable au regard d’une population souhaitant tourner le dos aux vieilles règles de l’Ouest. En ce vingtième siècle naissant, les notables, dans le but d’offrir à quelques investisseurs le visage d’une ville « moderne », se mettent donc en tête de profiter de quelques règlements de compte meurtriers pour se débarrasser de leur représentant de la loi.
Ici pas de truands, ni de criminels, simplement un mari aviné et impuissant, ou un père, giflé devant son fils, son honneur ainsi bafoué. Un personnage posé comme violent devient alors littéralement « à éliminer », et tout sera bon pour le discréditer. Plus de loi qui compte, légitime défense rimant désormais avec accès incontrôlé de fureur.
Devant un parterre de conseillers municipaux veules et intéressés, même le shérif du comté (John Saxon dans un petit rôle), « métèque » parvenu aux plus hautes fonctions grâce à son collègue, ne pourra que s’ « allonger » après en être venu aux mains. Au début partie prenante, le curé n’en mènera pas plus large, constatant que de commandements, pour ces gens il n’y a plus, s’ils veulent arriver à leur fin.
Planent sur ces événements les remarques acerbes d’un tenancier de saloon, personnage ambiguë et poujadiste, qui se délecte de cette situation déliquescente auprès du poivrot de service.
A coté de cela, peut-être notre « héros » aura-t-il le temps de faire partager un peu de son expérience auprès d’un jeune orphelin découvrant les premiers émois amoureux (jolies séquences pleines de souvenirs adolescents). Ou d’échanger quelques courtes minutes de bonheur simple auprès de sa vieille amie.
Mais on connaît d’avance le destin irrémédiable de ce personnage central, et c’est ce qui fait toute la force du métrage. Voir l’engrenage se mettre en place et assister, impuissant, à la mécanique du pouvoir, la gorge serrée. Un très grand film, prenant et viscéral. Le western définitivement comme réceptacle d’un nombre infini de variations, de discours et de réflexions.
Une poignée de plomb - Allen Smithee (1969)
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Re: Une poignée de plomb - Allen Smithee (1969)
Le resume a l'air tout-a-fait allechant
, le texte de Savoy1 donne plus que jamais envie de voir ce film
. Juste une question, pourquoi (ce pauvre) Allan Smithee est credite comme realisateur?
Qu'est-ce que le metrage aurait comme casserolle pour que le realisateur ne le repudie ainsi?



Qu'est-ce que le metrage aurait comme casserolle pour que le realisateur ne le repudie ainsi?

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Re: Une poignée de plomb - Allen Smithee (1969)
Très bon souvenir de ce western découvert, si je me souviens bien, à La Dernière séance, au début des années 90. Peut-être bien le meilleur film d'Alan Smithee ...
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Re: Une poignée de plomb - Allen Smithee (1969)
Tiens d'ailleurs lui ça serait marrant d'en faire un Top !manuma a écrit :Très bon souvenir de ce western découvert, si je me souviens bien, à La Dernière séance, au début des années 90. Peut-être bien le meilleur film d'Alan Smithee ...

Quoi que si l'on doit couvrir des dizaines d'années de conflits entre réalisateurs et producteurs, ça risque d'être long !

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Re: Une poignée de plomb - Allen Smithee (1969)
Lu sur l'encyclo Aurum du Western : Robert Totten a débuté le tournage et a rompu avec Richard Widmark. Siegel a alors repris le film, tout en refusant de le signer.bluesoul a écrit : Juste une question, pourquoi (ce pauvre) Allan Smithee est credite comme realisateur?
A préciser, concernant le pseudo crédité au générique, qu'il s'agit bien ici d'Allen avec deux "l" et un "e", et non pas Alan, comme on le retrouve maintenant depuis des années.
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Re: Une poignée de plomb - Allen Smithee (1969)
Donc, cette fois-ci, Allan Smithee serait une marque d'amitie et non d'infamie? Bonne nouvelle.Lu sur l'encyclo Aurum du Western : Robert Totten a débuté le tournage et a rompu avec Richard Widmark. Siegel a alors repris le film, tout en refusant de le signer.

Le meilleur d'Allen Smithee? Tres tente sur le coup!



Un top (flop?) a Smithee, bonne idee ca. Un volontaire?
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