A propos d'Elly, Asghar Farhadi, 2009

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mercredi
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A propos d'Elly, Asghar Farhadi, 2009

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À l’origine du très intéressant “Fête du feu”, le cinéaste iranien Asghar Farhadi nous offre encore une œuvre fort réussie intitulée “À propos d’Elly”. Rares sur nos écrans, les films provenant d’Afrique noire ou du Maghreb excitent naturellement la curiosité d’un public qui - reconnaissons-le - reste avant tout sensible à l’exotisme que la peinture d’une culture si peu présente au sein des salles hexagonales est présumée induire. Ainsi la condition des femmes musulmanes demeure-t-il le thème incontournable, voire attendu, des métrages iraniens (cf l’excellent “Cercle” du grand Jafar Panahi).
“À propos d’Elly” évoque une émancipation sociale équivalente quoique radicale, mais possède le mérite d’intégrer cette problématique dans une intrigue extrêmement bien ficelée.
Une jeune femme invite l’institutrice de sa fille à passer le week-end à la plage en compagnie d’amis dont un garçon qui - espère-t-elle - plaira à l’invitée. Chargée de surveiller les enfants, la promise, Elly, disparaît mystérieusement, peut-être noyée en tentant de sauver un petit garçon. Désemparée, la petite bande décide de joindre la famille d’une disparue dont le passé, l’identité ainsi que les motivations s’avèrent étranges.

Dynamisé par une caméra portée utilisée à bon escient, le face à face entre les divers protagonistes parvient à faire monter une tension, jamais désamorcée par l’expression parfois extrêmement vive du sentiment. Entre moments forts et pauses salutaires, l’enquête bénéficie d’une narration équilibrée, soutenue par une mise en scène refusant au spectateur la possibilité d’évaluer les événements objectivement. Particulièrement étouffant, ce huis clos repose pareillement sur l’interprétation de comédiens capables d’exprimer l’angoisse, la colère, le désespoir sans pour autant verser dans l’hystérie.
En bref, une œuvre d’art qui s’apprécie comme telle et non comme simple miroir sociologique.
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