
Pourtant, "L'étrange créature du lac noir" a des connections avec les années 30 ne serait-ce que parce qu'il a des liens assez évidents avec des métrages comme "Le monde perdu" et son cousin célèbrissime "King Kong". Il s'agit en effet de récits de science-fiction dans le sens qu'ils déploient tous le même argument : dans un recoin du globe, l'évolution animale selon Darwin a connu des accidents, des aberrations qui sont restées coupées du reste du monde et que des explorateurs découvrent. Un singe géant dans "King Kong", un être mi-poisson, mi-homme, égaré dans un lagon amazonien pour "L'étrange créature du lac noir".

SF des 50s oblige, quelques savants en blouse blanche n'oublient pas de pontifier austèrement sur la science et ses protocoles expérimentaux. On retrouve des têtes connues comme Richard Carlson ("Le météore de la nuit") ou Richard Denning ("Le scorpion noir"), coincé dans un bateau à bord duquel ils tentent de retrouver des fossiles préhistoriques enfouis sous les eaux. Tout ce qu'il trouve, c'est donc la créature...
"L'étrange créature du lac noir" n'est pas pour moi une immense réussite, un chef d'oeuvre rivalisant avec des "Frankenstein", "Dracula", "La momie" ou autre "L'homme invisible". Le récit répétitif et un peu trop classique est un brin lassant sur la longueur. Jack Arnold assure une mise en scène solide, mais on sent des restrictions dans les moyens. Néanmoins, "L'étrange créature du lac noir" emporte tout de même largement l'adhésion grâce aux apparitions du monstre, superbe maquillage, très efficace, en particulier dans ses scènes sous-marines innovantes et restées assez uniques dans les annales, de vrais ballets aquatiques inquiétants et envoutants. Bref, peut-être pas un grand classique, mais une solide série B des 50s.
Le film avait été tourné et présenté en relief. Néanmoins, en dvd, Universal le propose en version plate, en noir et blanc d'origine. Le format proposé est le 1.33 (4/3). Nous étions en 1954 dans une période de transition au cours de laquelle les cinémas passaient parfois ce genre de film 35mm non anamorphique en panoramique 1.7 environ avec caches, ou parfois, en 1.33 sans mettre les caches. Il est donc toujours difficile d'établir le format de ce style film. Le générique semble avoir été conçu pour un cadrage 1.7, mais bon...
Vu sur le dvd de la copie Universal Legacy dédié à la créature, en 1.33 noir et blanc donc, et la copie est absolument magnifique. A part quelques ciels un peu bruités, c'est vraiment un superbe travail...
Les deux suites de ce film, bientôt abordées dans ce thread...
