La vache ! Ca faisait un bail que j'avais le DVD sur mes étagères, que je me disais qu'il fallait que je le revois, et finalement, je sais pas pourquoi, ce soir en flânant devant les tranches de mes beaux films, ça m'a paru une évidence, l'heure était venue !

J'avais vu le film une fois, à son passage sur Canal + je pense, donc autant dire que ça commençait à dater. Je voyais le film plus récent d'ailleurs, déjà 17 ans !

On peut parler de plein de choses, dire que c'est le film qui boucle la boucle, une sorte de testament d'un genre, de film somme de plein de trucs pour le grand Clint, de sommet artistique, critique et public. Clint nous joue un mec qui a vieilli, qui galère à monter sur son cheval, qui ne tire plus aussi bien qu'avant, qui a tant bien que mal réussi à tourner le dos à son lourd passé. Et puis, il va finir par replonger, retourner à ce qu'il sait faire le mieux, tuer. On a aussi à travers son perso une sorte d'apogée de l'anti héros. Comme il le dit lui même à Hackman à la fin, "Oui, j'ai tué des femmes, des enfants, et à peu près tout ce qui marche ou qui rampe". Eastwood le dit d'ailleurs lui même de façon très claire : "Ces tueurs qui sont entré dans la légende étaient en fait des types qui vous tiraient dans le dos, pas face-à-face, au beau milieu de la rue, comme on le voyait jadis dans les westerns." Ici, c'est la loi du plus fort et du plus malin qui l'emporte, tant pis si c'est pas toujours joli joli...
"Impitoyable", c'est aussi le film qui marquera la consécration d'Eastwood aux yeux du monde. Lui qu'on a longtemps vu comme un bourrin, limite facho, et qui est désormais adulé, voire même intouchable. Et bien, c'est avec "Impitoyable" que ce virage a été définitivement amorcé, le film le consacrant avec les Oscars de Meilleur réalisateur et de Meilleur film.
Voilà, on pourrait aussi dire que ce fut pendant un temps Coppola qui avait les droits sur cette histoire. Et quand dès que son option a expiré, Eastwood s'est jeté dessus, attendant ensuite patiemment quelques années d'avoir l'age pour le jouer. On peut dire que le film est juste à tomber à tous les niveaux. Que tous les acteurs sont formidables et tous merveilleusement choisis, d'un second role écrasant (Gene Hackman oscarisé lui aussi) au petit clampin qui traverse la rue. Que la lumière est magnifique, le rythme juste parfait, la partition sonore toujours dans le ton. Bref, une sorte de film somme à tous les niveaux, qui mérite amplement son immeeeeeeeeeense réputation et qui se bonifie avec le temps. Et cerise sur le gâteau, à la toute fin du générique, la dédicace de Clint à ses deux mentors, Sergio Leone et Don Siegel, qui vient merveilleusement clore cette leçon de cinéma et qui m'a presque autant émue que tout ce qui avait précédé. Merci Clint !
