La Ragazza del Lago - Andrea Molaioli (2007)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 21507
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

La Ragazza del Lago - Andrea Molaioli (2007)

Message par Superwonderscope »

Attention, perle italienne!

Image

A la faveur d'une (fausse) disparition d'une fillette, le commissaire Sanzio (Toni Servillo) tombe sur le cadavre d'une jeune femme au bord du lac d'une commune en plein pays frioule. En enquêtant sur les raisons de sa mort, il découvre qu'elle est morte noyée et étranglée, mais qu'elle ne s'est en rien débattue. Il va alors croiser plusieurs personnes gravitant autour d'Anna (Alessia Piovan). Son côté hargneux et abrupt prenant le pas sur le reste, il se rend compte aussi que sa vie à lui échappe.

Le film démarre comme un drame psychologique pour embrayer sans qu'on s'en rende bien compte dans une histoire policière matinée de polar existentialiste au rythme très sûr.

Si l'intrigue policière se suit avec beaucoup d'intérêt (le suspense fonctionne à plein régime, mais ce n'est pas l'intérêt majeur du film), le scénario s'attarde beaucoup plus sur la trajectoire atypique de Sanzio. Joué de manière retenue par Toni Servillo (l'extraordinaire acteur des Conséquences de l'Amour), son personnage est odieux. D'apparence calme et tranquille, il cache un homme en proie à des doutes permanents et à des colères froides qui paralysent certains témoins. Servillo réussit cependant à lui donner une once d'humanité. A travers sa fille, dont il est en rupture de communication et de sa femme qui est en train de perdre la mémoire, jusqu'à oublier sa propre famille. Délicat de baser un film sur un tel caractère.

Le scénario s'abstient de toute considération sociale/sociétale, le but n'étant pas de sonder une communauté, de dénoncer ses travers, etc. Le focus utilisé sur les divers personnages ne se veut porte parole que d'individualités pris dans l'intrigue. Anna entretenait des relations très proches avec son petit ami Roberto (Denis Fasolo), qui devient rapidement le suspect principal du fait des éléments retrouvés chez lui. Mais entre le babysitting effectué chez le couple Canali (Valeria Golino, magnifique et Fabrizio Gifuni), son père la filmant de manière trop pressante et ignorant son autre fille, le fou du village qui est allé parler à l'oreille du cadavre ne réalisant pas qu'elle était morte, son père handicapé... les pistes ne manquent pas.

Mais Au lieu de jouer sur les éventuelles pistes du meurtrier, le film porte en fait en avant la galerie de témoins/acteurs, donnant plus dans le portrait de groupe. Des instantanés détachés et surtout des vies qui se révèlent à chacun. sans négliger pour autant le sujet du film, à savoir le meurtre d'Anna, son mobile mais surtout son caractère relativement curieux (la victime ne s'étant pas défendue). Molaioli -ancien assistant de Nanni Moretti- délaisse la structure policière et le suspense à l'italienne (tendance Giallo) pour la destinée d'un homme en perdition, muté dans le Nord de l'Italie pour des raisons quine seront pas élucidées, qui enquête sur un cas atypique. Même la résolution de l'enquête s'avère atypique, la,manière dont la caméra révèle le/la coupable enlève l'effet de surprise pour mieux jouer sur la tension entre les personnages, les enjeux cachés et terribles qui ont provoqué la mort de la jeune femme. Et, de ce fait, toutes les évidences qui se trouvent brisées sous le poids du non-dit. C'est d'ailleurs en cela que le film renouvelle cette expérience du suspense psychologique : les motivations réelles sont en adéquation avec le rythme du film, la direction d'acteurs qui évite l'écueil si souvent rencontré dans le cinéma italien récent : l'hystérie, les coups de guele, les très gros plans, le côte "les sentiments pour les nuls" du cinéma de Gabriele Muccino, entre autres, regorgeant d'effets démonstratifs et faciles. La mise en scène ici laisse parler l'image et les regards.

C'est en tout cas passionnant de bout en bout. Visuellement : un magnifique cadre en Scope aux couleurs absolument splendides! La photographie lumineuse magnifie les paysages extérieures (les plans du lac sont en ce sens saisissants dans la palette de couleurs verts/bleues!) tou en conservant une forte luminosité sur les décors intérieurs baignés de blancs. Un travail absolument remarquable, bien rendu par une copie qui ne verse pas dans la saturation gratuite.

De manière assez surprenante, le film a pratiquement tout raflé aux derniers David de Donatello (l'équivalent italien des César). pas une gage en soi de qualité, mais dans le cas présent, très mérité. Une première œuvre ambitieuse et pourvue de qualités plastiques et narratives surprenantes.

Vu sur le DVD Z2 Italien de chez Medusa.
2.35: 1 avec 16/9
92 mn
Vo italienne 5.1 avec st anglais & français.
nombreux boni. (film annonce, suite musicale, making of, bio, photos..)
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
dario carpenter
Messages : 6309
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:10 pm
Localisation : Haute Normandie et parfois Ile de France!
Contact :

Re: La Ragazza del Lago - Andrea Molaioli (2007)

Message par dario carpenter »

dispo en dvd à 2,95 euros sur intermezzomedia.com! :wink:
dario carpenter
Messages : 6309
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 9:10 pm
Localisation : Haute Normandie et parfois Ile de France!
Contact :

Re: La Ragazza del Lago - Andrea Molaioli (2007)

Message par dario carpenter »

Beaucoup plus mitigé pour ma part...il y a c'est vrai quelques jolis plans en extérieurs mais c'est tout de même trèèèès lent,l'enquête est mollement menée...difficile de rester captivé tout du long. :?
Sinon le film a été présenté à Beaune (ex festival de Cognac) récemment,une sortie française (ciné ou dvd?) serait donc envisageable..
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Re: La Ragazza del Lago - Andrea Molaioli (2007)

Message par manuma »

D’accord avec Dario pour dire que le rythme est plutôt posé. Cependant j’ai trouvé l’ensemble prenant d’un bout à l’autre, avec un suspense extrêmement bien tenu, une forme attrayante et des personnages intéressants et bien dessinés, en particulier celui du commissaire, certes de prime abord pas très avenant avec sa tête de Droopie, son ton distant et ses brusques coups de colère, mais que je n’ai finalement pas trouvé aussi antipathique que le dit Superwonderscope plus haut.

Intéressant également est cette observation des rapports parents-enfants - ceux des Canali avec leur défunt fils, du père de la victime avec ses 2 filles, du paralytique avec son fils simple d’esprit et du commissaire avec sa fille - qui enrobe toute l’intrigue policière. Pas mal d’émotion enfin dans la dernière séquence. Et puis moi je lui ai quand même trouvé un petit côté giallesque à ce film, dans cette façon d’aligner méthodiquement les coupables potentiels au sein du récit.

Je ne crois pas que cela ait été dit avant, mais le film est l’adaptation d’un roman policier norvégien (signé Karin Fossum).
savoy1
Messages : 1068
Enregistré le : mar. mai 31, 2005 4:57 pm
Localisation : pas à Paris, mais pas loin

Re: La Ragazza del Lago - Andrea Molaioli (2007)

Message par savoy1 »

dario carpenter a écrit : Sinon le film a été présenté à Beaune (ex festival de Cognac) récemment,une sortie française (ciné ou dvd?) serait donc envisageable..
Il en existe au moins une vf, La fille du lac, expédiée en unique diffusion cette première semaine de novembre, en pleine matinée, sur le bouquet Canal+. Les mystères de la distribution française …
Répondre