Basta Guardarla / Juste un gigolo - Luciano Salce (1970)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
manuma
Messages : 3001
Enregistré le : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Basta Guardarla / Juste un gigolo - Luciano Salce (1970)

Message par manuma »

Petite paysanne au physique d’apparence ingrat, Enrichetta est enrôlée dans la troupe de cabaret itinérante de Silver Boy. Devenue Erika Rik, celle-ci gravie les échelons au sein de la petite organisation, et finit par voler le cœur de Silver Boy, au grand dam de Marisa, la maîtresse de ce dernier.

Image


Cette truculente comédie à l’italienne est signée Luciano Salce, acteur-réalisateur-scénariste dont l’œuvre plutôt conséquente (36 films comme réalisateur) semble témoigner dans ses essais comiques d’un goût prononcé pour la farce débridée. Du moins si j’en juge par le peu de choses que j’ai réussi à voir de lui - c'est-à-dire seulement 3 films à ce jour - car il n’est pour le moment pas chose aisée de se familiariser avec son cinéma, très mal représenté sur support DVD chez nous et ne paraissant guère intéresser les programmateurs des chaînes cinéma du câble. Un peu le même cas de figure que Nanni Loy et Pasquale Festa Campanile, donc …

Et la vision de ce Basta guardarla m’amène une fois de plus à regretter de tels oublis. Car ce chainon cinématographique manquant entre la grande comédie à l’italienne et les grosses pantalonnades des Corbucci, Laurenti et cie est un bel exemple de la vitalité, de la richesse du cinéma italien de cette époque. Un cinéma populaire dans le sens plus noble du terme, qui n’a aucun complexe à passer de la satire piquante – ici du petit monde des sans-grades du spectacle- aux gags les plus énormes, aux situations les plus farfelues (voir le final musical, à l’hôpital) sans omettre de payer son dû au courant néo-réaliste, le film possédant à ce niveau un indéniable parfum d’authenticité dans sa description des campagnes et bleds reculés où se produisent notre petite troupe de music-hall itinérante. Dialogues aux p’tits oignons (enfin, je ne me base que sur les répliques que j’ai saisies), montage et réalisation dont la seule énergie suffit à remplacer tous les effets stylistiques du monde, pop-score qui vous file la pêche (de Franco Pisano … je ne le connaissais pas, celui-là) et interprétation extrêmement savoureuse d’acteurs pour la plupart de second plan mais n’en maîtrisant pas moins l'art du cabotinage à la perfection : cette farce burlesque est un petit délice.

Sorti tardivement en France (en 1981) sous le titre Juste un gigolo, Basta guardarla remporta en son temps le grand prix du Festival du film d’humour de Chambrousse.
Répondre