Antonio Ricci, au chômage depuis 2 ans, trouve enfin un emploi de colleur d'affiches à vélo. Mais un jour il se fait voler sa bicyclette nécessaire à son travail. Avec son fils il part à la recherche du voleur à travers les rues de Rome.
Enfin vu ce classique du cinema italien et c'est en effet très bon. De Sica signe un film poignant, bien sûr dans un contexte social très fort. On a reproché à l'époque le misérabilisme du film mais je n'ai pas ressenti ça comme ça, je trouve le ton très juste, Maggiorani joue bien ainsi que le jeune garçon (d'autres acteurs moins), formant un duo d'une belle complicité, rappelant (peut-être) Chaplin. De Sica sait utiliser la capitale italienne, ses modestes quartiers, ses clans, et Rome apparaît presque comme un monstre qui engloutit ses habitants, empêchant Ricci de retrouver son vélo. Et ce plan final est d'une simplicité et d'une tristesse tétanisante !
Vu sur le DVD à 1€ sur cdiscount à l'image pas toujours géniale, existe-t-il une copie plus propre ?
Un beau mélo social, qui lancera réellement l'intérêt international pour le cinéma italien durant l'après-guerre. Ce n'est pas un cinéma dont le néo-réalisme a la profondeur des Rossellini ou Visconti d'alors, mais il a pour lui une simplicité de ton juste et directe, se plaçant totalement au niveau de son personnage avec beaucoup de compréhension. Touchant, effectivement dans un sens assez chaplinesque...
Ce n'est pas un cinéma dont le néo-réalisme a la profondeur des Rossellini ou Visconti d'alors
Ah ? Ca me donnerait presque envie d'ouvrir un thread sur le neo-réalisme italien, je connais quasiment rien et j'aurais besoin de conseils au sujet de ses plus illustres représentants !
De Sica est la face la plus "souriante", la plus directement humaniste du néo-réalisme, un peu plus sentimental aussi que ses compères. Ses deux autres classique sont "Sciusa" tourné à la même période, sur des enfants orphelins vivant dans l'Italie juste libérée (pas vu), et "Umberto D", superbe, sur un vieil homme pauvre.
Visconti est historiquement le fondateur avec "Ossessione", son premier film, qui est en fait une adaptation de "Le facteur sonne toujours deux fois" dans une Italie populaire et misérable, tourné sous le fascisme. Après la guerre il réalise "La terre tremble" qui est une fresque sur la vie de pêcheurs misérables de Lampedusa en Sicile. Décors naturels et acteurs non professionnels, dialogues tournés en patois en font une des expériences les plus poussés en terme de méthode néo-réalisme. Le grand retour au néo-réalisme de Visconti sera "Rocco et ses frères"... mais qui ne sera plus vraiment du néo-réalisme, plutôt un superbe mélo plus classique que "La terre tremble" mais prolongeant néanmoins totalement son discours...
Rossellini est le plus emblématique mais aussi le plus complexe des "trois grands" du genre, si on peut parler d'un genre. En 1943 il se commet dans un film de propagande fasciste pure et dure... Puis en 1945 fait "Rome ville ouverte", le film emblématique et définitif du néo-réalisme italien et sur les derniers moments de l'occupation nazie à Rome. Le mythe Magnani explose à l'écran.. Je ne suis pas fan de "Rome ville ouverte" même si c'est un bon film, avec ses moments très forts. C'est indéniablement un grand classique à voir "pour son éducation" au moins. Je lui préfère "Paisa", son autre film sur la Résistance en Italie, film à sketchs en trois volets dont le dernier est particulièrement stupéfiant. "Allemagne Année Zéro" est le versant germanique de "Rome ville ouverte", la chronique d'un enfant égaré dans la misère de l'Allemagne réduite en ruines après la guerre. Très fort !
Après, il y a d'autres réalisateurs, et d'autres films bien sûr...
