Une compagnie disciplinaire occupant un avant-poste situé en plein territoire indien semble couler des jours tranquilles. Pour le colonel Stuart Valois, qui tient la place et assure la protection des colons, la situation est sous contrôle. Ce n'est pas l'avis de Chuka, un aventurier expérimenté qui vient de traverser le territoire indien. Selon lui, les Peaux-Rouges, accablés par la famine, ne devraient pas tarder pas à se révolter. Il en informe Valois qui s'obstine à minimiser le témoignage de Chuka. Le militaire refuse de faire évacuer les habitants du fort. Bien malgré lui, Chuka décide de rester pour les protéger.
Chuka se situe dans la filmo de Gordon Douglas entre In Like Flint et Tony Rome, 2 divertissements plus légers également réalisés en 1967. Produit par son acteur principal Rod Taylor, il fait suite à l’agréable mais anecdotique Stagecoach dans l’œuvre westernienne de son prolifique réalisateur.
Et c’est encore une bonne surprise que nous offre là Gordon Douglas. Le début fait pourtant naitre quelques inquiétudes : Pas de beau format scope comme sur Rio Concho ou Stagecoach, des décors qui sentent le studio à plein nez, avec quelques grossiers stock-shots pour les rares extérieurs naturels. Dans la forme on déjà vu plus classe, et il convient ici de souligner que le film conservera ce visuel de téléfilm US première génération jusqu’au bout. Autre handicap avec lequel doit composer le film : le look du personnage interprété par Rod Taylor, que l’on sent très influencé par le western européen et qui m’a semblé ne pas convenir spécialement bien à l’acteur. Un problème qui s’estompe pourtant progressivement, au fur et à mesure que l’on se familiarise avec le personnage de Chuka, et cela d’autant plus que Rod Taylor nous offre comme à son habitude une solide prestation.
L’interprétation demeure d’ailleurs l’une des forces du film. On retrouve ici quelques grands professionnels du second rôle comme Borgnine, John Mills et James Whitmore ainsi que les belles Luciana Paluzzi et Victoria Vetri, et tous assurent le sans faute dans des emplois sur mesure (Borgnine la brute, Mills le supérieur lâche mais digne ...). Mais là où le film marque peut-être le plus de points, c’est du côté du scénario. Bien qu’évoluant autour de thèmes et personnages typiques du western hollywoodien classique, celui-ci, construit sur un long flash-back, réussit à proposer d’intéressants affrontements humains et dilemmes moraux. Le trait n’est peut-être pas toujours d’une grande finesse, mais le récit demeure captivant jusqu’à sa conclusion d’une étonnante noirceur.
D’ailleurs, à ce sujet, si quelqu’un peut m’aider à résoudre l’énigme que pose la dernière scène, je suis preneur.
Spoiler : :