Bruxelles, l'éminent gynécologue Jean Rivière reçoit dans sa luxueuse maternité de prestigieuses clientes venant du monde entier. Un soir au téléphone, un inconnu menace de le tuer en l'accusant de la mort d'une femme. Laissant Christine, son épouse jalouse mais compréhensive qu'il devait accompagner au théâtre, il rejoint sa maîtresse Holly.

L’ours en peluche est la neuvième et ultime collaboration entre Jacques Deray et Alain Delon. Je n’apprendrais rien à personne en annonçant d’emblée que le film ne constitue pas franchement le sommet de leur association.
Tiré d’une nouvelle de George Simenon, le film situe son action à Bruxelles, même si – co-production italo-française oblige – Delon est ici presque exclusivement entouré d’interprètes italiens, dont la pulpeuse Francesca Dellera dans un beau rôle de potiche.
En médecin accoucheur menacé de mort, Delon, lui, l’a joue une fois de plus grand seigneur. Tout est dans le regard et la gestuelle. Et lorsqu’il consent à nous balancer une réplique, c’est généralement pour envoyer paître son interlocuteur. Ce qui donne lieu à plusieurs scénettes aussi singulières que cocasses (la rencontre avec le témoin du suicide sur les rives du canal, celle avec sa mère, au cours de laquelle il ne prononce pas un mot). Le reste de la distribution est au diapason, c'est-à-dire surjouant à fond. Il y a bien quelques bons mots dans les dialogues – probablement ceux issus directement du texte de Simenon - mais ceux-ci ne passent pas du tout ici. Tout sonne faux, tout fait artificiel. A noter cette réplique qui semble tenter la double interprétation sur le mode Delon le personnage / Delon la star de légende, lorsqu’un pote médecin de Delon tente de lui retaper le moral à la veille de son affrontement avec l’homme qui le menace de mort : « Il faut que tu continues de croire en toi … même si tu es un peu mégalomane, c’est encore mieux ».
J’ai l’impression que de son côté Deray a tenté de retrouver l’atmosphère particulière, proche du rêve éveillé, combinant solitude et menace sourde, qui fonctionnait plutôt pas mal sur son Papillon sur l’épaule. Mais là encore, malgré quelques éclairages réussis et quelques belles prises de vue de Bruxelles, signés Luciano Tovoli, on ne marche pas. C’est trop mou dans le rythme, trop appuyé dans ses quelques effets.
La seule surprise du film, c’est sa fin … pas très sérieuse, limite grotesque même, mais qui a donc au moins le mérite d’être inattendue.
Selon IMDB, Dardano Sacchetti a participé à l’écriture du film mais son nom n’apparaît pas au générique. J’imagine qu’il n’a bossé que sur la version italienne du film. Enfin, Martine Brochard joue dans le film mais je ne l’ai pas reconnu. Si quelqu’un peut me dire quel rôle elle interprète …