Oï! Warning: aprés avoir fait l'amour dans la merde, ils meurent le visage en charpie!

Oï! warning provoqua à sa sortie en Allemagne une vague de protestations et se prit une volée de bois vert par la presse. Est ce parce qu'il propose une vision assez particulière de l'homosexualité ou parce qu'il touche une catégorie sociale assez spéciale de l'homosexualité, le milieu skin ou plus précisemment ici le skin-punk ( il se rase la tête, véhicule des idées propre au mouvement mais écoute de la punk music en adoptant quelques uns des éléments du mode de vie punk). Il faut reconnaitre que le premier film des frères Reding risque de déconcerter quelque peu le spectateur.
Oï! warning qui n'est jamais qu'un nouveau film sur la quête d'identité sexuelle d'un adolescent paumé nous invite à suivre la vie de Janösch, un bel ado de 16 ans

Filmé en un superbe noir et blanc afin d'en renforcer l'aspect agressif, Oï! warning pourrait se résumer en deux mots: troublant et particulier. Telle est la vision de l'homosexualité qu'offre les réalisateurs. Mais aussi dérangeant soit il, Oï! warning semble pourtant rater son objectif.
Le film peut se voir sous deux angles différents. Pour le spectateur lambda, il peut sembler effrayant tant le milieu skin garde son aura méphytique de brutalité quasi-bestiale à travers le personnage de Komma. Bière, boxe, musique hyper agressive, violence gratuite, passage à tabac ( un bien pensant, du bon commerçant moraliste à qui Komma aprés l'avoir fracass' l'oblige à boire son urine





Par contre vu à travers les yeux d'un skin, OÏ! warning sera terriblement amusant et surtout innoffensif. En effet, le film ne se prétend pas être un documentraire sur la vie des skins dont il ne reprend que les grands traits qui servent plus de base au film qu'autre chose. Cette superficialité nuit au film et cette double vision en fait une oeuvre bâtarde lui faisant perdre de sa force.
Indissociable au mouvement est le racisme et par extension l'homophobie. Là encore, Oï! warning reste flou quant aux personnalités de ses principaux protagonistes.
L'ambiguité sexuelle de Janösch ne fait guère de doute, emmenée par de légères touches parfois subtiles, l'admiration qu'il voue à Komma et ses posters le représentant nu avec un prince Albert ( piercing du kiki pour les incultes




Komma par contre reste trop dans l'ombre et ses motivations également. Lorsqu'il découvre par hasard la relation qu'entretiennent Janösch et Zotel est ce par homophobie qu'il décide de le tuer ou est ce par jalousie, refoulant une homosexualité que sa condition de skin lui interdit de dévoiler? Peu concerné par son bébé à qui il préfére la bière, la violence et ses amis, prêt à tuer sa copine aprés qu'elle lui ait avoué que c'est elle qui a dynamité son repère afin de lui faire prendre conscience des réalités de la vie de couple, trés ( trop?) proche de Janösch à qui il écrit une lettre souffrant de son absence, Komma demeure trop dans le flou. OÏ! warning souffre de ce déséquilibre narratif. Cela n'enlève certes rien à la force du film dont la deuxième partie s'avère la plus intéressante.
D'une part pour l'homo-érotisme torride qu'elle dégage. La scène où Janösch et Zotal font l'amour dans la boue, la vase, la merde ( OUIIIIIIIIII





D'autre part pour son final violent et désespéré lorsque Komma intimera l'odre à Janösch de brûler la caravane de son amant avant qu'il le visage de ce dernier sur une brique lors d'une séquence qui en fera fermer les yeux à plus d'un et rapellera à d'autres la douloureuse conclusion de American history X.
Tout maladroit soit il dans sa description, Komma demeure jusqu'à l'ultime seconde ce personnage odieux, détestable nonobstant le retournement de situation final, terrible, mais qui ne changera rien pourtant au no happy end sur lequel se concluera OÏ! warning.
Afin de donner un air encore plus réaliste à leur film, les réalisateurs ont tenu à mélanger des acteurs professionnels et non professionnels.
Ainsi le jeune Sascha Backhaus qui joue le petit janosch dont on pourra admirer le beau et bien dimensionné sexe a travers un miroir était un véritable squatter à cette époque, le divin Jens Veith alias Zotel





Son groupe est joué par un véritable groupe skin, les Smegma, qui durent changer leur nom de scène jugé trop sexuellement obscène pour un film destiné à un public assez large. Puisqu'il faut de la pouff même dans le gay movies, seule Sandra Borgmann était une actrice qui avait fait ses preuves de nombreuses fois à l'écran.
En voulant peut être trop minimaliser la violence du milieu skin et lisser le propos homosexuel du film afin de cibler un large public dans une Allemagne qui tente d'effacer ses vieux démons, c'est peut être là un des points interessants du film, OÏ! warning ne laissera pas indifférent et reste une tentative osée tant il est rare que le cinéma gay propose une plongée dans ce milieu à part si on excepte quelques oeuvres éparses telles que No skin off my ass et surtout Skin gang tous deux de Bruce La Bruce notamment.
De beaux ados marginaux qui s'aiment, des punks crasses et percés au regard d'ange, du skin homophobe bestial, de la pisse et de la saleté, de la bonne violence pour bien pensants issus de bonne famille.. du cinéma gay parfait comme nous le concevons.
Le corbeau Oi Oi qui fuck la terre entiere et fait fi des bien pensants.
