Pour la troisième aventure cinématographique de Shaft, MGM met de côté Gordon Parks, réalisateur des deux premiers films, et engage, à la place, John Guillermin. Choix logique puisque la nouvelle aventure de Shaft va prendre une dimension aventureuse en trimballant le personnage de New York à Paris tout en traversant une grande partie de l'Afrique. Le cinéaste britannique va donc mettre en scène SHAFT IN AFRICA ou SHAFT ET LES TRAFIQUANTS D'HOMMES entre deux films catastrophe : ALERTE A LA BOMBE et LA TOUR INFERNALE. L'écriture de cette aventure va donc changer de ton tout en changeant au passage d'auteur. Cette fois, c'est Stirling Silliphant qui assure la rédaction du scénario. Pas franchement cohérent d'ailleurs, le film se déroule parfois en dépit d'un certain non-sens mais assure à l'histoire d'avancer sans arrêt menant le personnage de Shaft à chacune des étapes de l'histoire. Peu crédible, l'intrigue sert donc essentiellement à mettre en valeur son personnage (certaines répliques sont excellentes !) et les paysages africains. Evidemment, Richard Roundtree reste une bête de sexe comme vont le découvrir les personnages féminins de l'histoire ne dédaignant pas à montrer leur postérieur voire tout le reste. Généreux, le film présente même son acteur principal à poil histoire de contenter aussi ces dames ! Véritable mâle, ce nouveau Shaft met en avant un single, musicalement très sympa, "Are You Man Enough?" au titre évocateur. Par contre, les accents de la musique de Isaac Hayes se sont perdues en cours de route. Par instants, on pense que le thème original va démarrer mais celui-ci n'apparait finalement jamais vraiment dans le film.
Etant donné que le film va se dérouler en grande partie hors des Etats-Unis, une grosse partie du casting est recruté un peu partout dans le monde. Ainsi, la partie française du film permet de découvrir Jacques Marin donnant la réplique à Richard Roundtree ou bien encore Jacques Herlin dans un rôle savoureux d'exploiteur de mains d'oeuvre. Acteurs britanniques, africains, italiens, américains, etc... se croisent dans cette aventure. Plutôt violent, le film étonne en abordant des sujets assez osés comme la clitoridectomie. Même Shaft a quelques soucis avec le terme et son interlocutrice est obligé de lui dire "Mr Shaft, vous avez un problème avec le mot... Clitoris !".

L'exploitation de la misère africaine (présenté comme l'esclavage moderne) est donc au centre d'un film qui traite son sujet extremement sérieux avec un ton bien souvent je m'en foutiste et décontracté. Il faut attendre la partie parisienne du film pour que Shaft commence a voir rouge et orchestre une courte vendetta. Entre temps, il aura donc été la cible d'un tueur habituellement rencontré dans le cinéma Bis italien, un autre flingueur travesti en femme de ménage, une nymphomane, des passeurs d'homme berbère, etc... Sans trop que cela lui pose vraiment de soucis !
Des trois films, cela reste mon préféré, ce n'est que mon avis.
A noter que John Guillermin semblait déjà vouloir s'amuser avec les flammes puisque dans ce film, réalisé avant LA TOUR INFERNALE, il fait flamber un camion rempli de clandestin puis un hôtel, rempli, lui aussi de clandestins.
Ce sera la dernière aventure cinématographique de Shaft avec Richard Roundtree dans le rôle principal. L'acteur reprendra le rôle à la télévision dans une série de téléfilms et fera une apparition dans le revival de SHAFT qui sera un pétard mouillé en l'an 2000.