William Friedkin

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William Friedkin

French Connection (1971)
12
11%
The Exorcist (1973)
37
35%
Sorcerer (1977)
17
16%
The Brink's Job (1978)
0
Aucun vote
Cruising (1980)
9
8%
To Live and Die in L.A. (1985)
28
26%
Rampage (1988)
1
1%
Jade (1995)
0
Aucun vote
Rules of Engagement (2000)
1
1%
The Hunted (2003)
1
1%
 
Nombre total de votes : 106

montanajuve
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Enregistré le : lun. juin 01, 2009 6:19 pm

Re: William Friedkin

Message par montanajuve »

j'ai deja croisé le dvd "le coup du siècle" dans les bacs a soldes, qqn sait ce que ca vaut?
c'est avec chevy chase et sigourney weaver! il me semble que c'est de friedkin!
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manuma
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Re: William Friedkin

Message par manuma »

Deal of the century, moi je trouve ça rudement bien. Mon film préféré de Friedkin avec Sorcerers et Police fédérale ... une comédie frondeuse, bien gonflée pour son époque, sur les mésaventures d'un marchand d'armes, en Amerique centrale notamment, représentant d'une grosse firme d'armement US.

J'ai le Zone 1, sorti en 2006. Faut que je le regarde ...
Tzatziki
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Re: William Friedkin

Message par Tzatziki »

Traqué se laisse voir mais est très inégal. Le début est bien, surprenant, et l'affrontement final sur la corniche aussi. Dommage qu'on tombe dans le téléphoné lors du transfert de Bénicio par les militaires, pivot assez décevant vers l'acte 2. Dans le développement se voulant trépidant, Friedkin revisite un tas de films, essaye de se renouveller dans sa partie : la poursuite, la zique fait penser à Alien par moment, ainsi que la tuyauterie dans le souterrain, plus tard on se croirait dans Peur sur la ville avec Bebel, Predator et un piège qu'on se demande quand le mec a eu le temps de le bricoler ! et le mieux : la parodie de Rambo avec Tommy Lee Jones en colonel Trautmann avertissant les flics qu'ils vont tous y passer si c'est pas lui tout seul qui se charge de l'affaire !

Ps : désolé pour le spoiler, je ferai plus attention à l'avenir.

Et il faut que je revoie To live and die...
rusty james
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Re: William Friedkin

Message par rusty james »

Voilà une nouvelle qui va faire bondir notre Romain national !
"La 3D c'est pour les cons, çà pu du cul ! Avatar ? de la merde pour adolescent boutonneux !" aurait dit Friedkin devant un parterre de journalistes médusés.
Ok c'est pas tout à fait çà :D ... mais presque :
http://www.ecranlarge.com/article-details-15035.php

Bon après l'exorciste en 3D, je dis aussi : n'importe quoi !
hitcher
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Re: William Friedkin

Message par hitcher »

Je n'aime pas la 3D. Je ne crois qu'il n'y a pas un seul film que j'ai déjà vu ou aimé qui sera amélioré par une étincelle en 3D. Pour moi, c'est juste un gadget. Pour moi, l'art du cinéma, c'est comme l'art de la peinture. L'artiste prend une base en 2D et vous donne l'illusion de profondeur. [...]Je ne crois pas que Citizen Kane ou Autant en emporte le vent, ou n'importe quel bon film auquel vous pouvez penser, serait meilleur en 3D. [...] Je suis dans la minorité, je sais. » Avant d'ajouter un laconique « Fuck 3D
Excellent! (et tellement vrai :-D )
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Si on m'avait dit qu'un jour le forum Devil Dead tomberait dans les mains de personnes woke et intolérantes. §£
Et pourtant...
comte vonkrolock
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Re: William Friedkin

Message par comte vonkrolock »

rusty james a écrit :Bon après l'exorciste en 3D, je dis aussi : n'importe quoi !
Sort de se corps démon
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Rusty revient nous la 3D c'est très bien.... :mrgreen: :mrgreen:
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. :D
Snake Plisken Escape from NY
qwerty
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Re: William Friedkin

Message par qwerty »

L'interview dans son intégralité en anglais dans le texte:
http://www.movieweb.com/news/NExHAAyEpbSkBz
Il y a quand même deux ou trois trucs à propos du transfert de To live and die in LA en BD qui font froid dans le dos( par pitié William cesse de jouer avec la palette des couleurs).
Machet
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Re: William Friedkin

Message par Machet »

qwerty a écrit :L'interview dans son intégralité en anglais dans le texte:
http://www.movieweb.com/news/NExHAAyEpbSkBz
Il y a quand même deux ou trois trucs à propos du transfert de To live and die in LA en BD qui font froid dans le dos( par pitié William cesse de jouer avec la palette des couleurs).
Pas un mot sur une version restaurée et au format de Sorcerer... Ce film serait-il maudit ? :cry:
Il y a un p'tit détail qui me chiffonne
Laeke
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Re: William Friedkin

Message par Laeke »

qwerty a écrit :Il y a quand même deux ou trois trucs à propos du transfert de To live and die in LA en BD qui font froid dans le dos( par pitié William cesse de jouer avec la palette des couleurs).
On parlait du BR dans le sujet du film, mais je n'ai rien remarqué de particulier sur cette copie par rapport au DVD (que je connaissais par coeur) à part évidemment la meilleure définition et les couleurs plus naturelles (les rouges sont plus pétants, etc...) sans pour autant que la "charte des couleurs" ait été modifiée.

Etant donné que les sites de reviews pros n'ont rien relevé également, il faut croire que Friedkin n'a pas été pris d'un de ses accès de démence. Si changements il y a eu, ils sont très discrets (comme devraient l'être, dans l'absolu, tous les transferts vers le numérique).

Sinon je trouve l'interview amusante et intéressante par certains aspects, surtout le regard assez cru qu'il porte sur sa "jeunesse" de réalisateur.
-J'ai été baptisé quand j'étais petit, mais maintenant ma seule religion...(petit zoom avant) c'est le code civil! - B13U
dario carpenter
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Re: William Friedkin

Message par dario carpenter »

Interview Friedkin à la sortie de "Jade":

http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-a ... -friedkin/
Yannick
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Re: William Friedkin

Message par Yannick »

Entendu l'annonce hier sur France Inter d'un reportage par Didier Allouch ("et en exclu mondiale", dixit Philippe Collin :D ) sur le tournage du dernier Friedkin, avec interview du monsieur... J'ai juste eu le temps d'entendre Allouch expliquer qu'il se trouvait dans un des nouveaux studios qui poussent un peu partout à la Nouvelle Orleans avant que mon fils se rappelle à mon bon souvenir et je n'ai pas pu écouter la suite...
Peut être dispo sur le site de France Inter pour ceux que ça intéresse.
" [...] le tout soutenu par le feu d’artifice rouge vif des corps explosant par dizaines ", MadXav, Aout 2012 - Si avec ça vous voulez pas voir le film !
Manolito
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Re: William Friedkin

Message par Manolito »

Le vieux Bill parvient toujours à générer la controverse, sa dernière réalisation, "Killer Joe", a reçu la classification NC 17 (strictement interdit aux moins de 18 ans) aux USA, ce qui le rend pour ainsi dire inexploitable aux USA. Le studio de production (un indépendant) a fait appel auprès du MPAA pour une révision :

http://www.movie-censorship.com/news_en.php?ID=3441
gnome
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Re: William Friedkin

Message par gnome »

J'ai vu le film hier en présence de Friedkin en personne et dans le questions and answers qui a suivi le film, il a clairement dit que son film resterait tel qu'il est, sans coupe, et ce même si ça doit l'empécher de sortir sur le territoire US ! Il a dit qu'il serait intransigeant là dessus et trouve cette classification tout à fait appropriée. Il pense que le film n'est pas fait pour être vu en dessous de 18 ans.

Le film en lui-même est excellent. Il l'a qualifié de comédie absurde très très noire et elle l'est. On est dans le Texas profond. Chris s'est mis dans les ennuis à cause de sa mère et doit de l'argent à un mafieux local. Il va trouver son père (Thomas Haden Church excellent en péquenot texan) pour le convaincre d'engager Killer Joe (Matthew McConaughey tout aussi excellent) pour tuer sa mère. L'amant de celle-ci lui ayant juré que la bénéficiare d'une assurance vie contractée par sa mère (50 000$) est sa soeur Dottie, ils pourraient se partager le butin après avoir payé Joe. Inutile de dire que rien ne va se passer come prévu et que le sang va couler...
"Que sert-il à un homme de gagner le monde s'il perd son âme?"
Marc 8:36
Superwonderscope
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Re: William Friedkin

Message par Superwonderscope »

le vieux se rebiffe et réclame du pognon à Universal & Paramount sur The sorcerer. Il indique ne pas avoir reçu de royalties depuis 22 ans sur le film et demande comment a vraiment rapporté le film. Un procès guette...
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
dario carpenter
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Re: William Friedkin

Message par dario carpenter »

William Friedkin:

Je suis très heureux si les gens aiment mes films, où si ils vont les voir. Mais si ce n’est pas le cas, je m’en fous. C’est la même chose pour mes films qui ont été d’immenses succès. Il ne s’agit pas de se foutre du public. Il s’agit de ne pas dépendre de lui. Je sais ce que le grand public veut aujourd’hui : des super héros, des jeux vidéo, des comédies stupides.

Si je faisais cela j’obtiendra un film à succès, mais je ne serais même pas capable de le regarder. Je ne veux pas faire un film que je n’ai pas envie de voir.

Clint Eastwood a parlé dans un entretien des difficultés qu’il avait eu pour obtenir le financement de Mystic River et Million Dollar Baby. Le studio ne voulait pas les faire et les films ont été produits avec des financements externes et le distributeur. Eastwood raconte qu’il est allé voir le patron du studio avec lequel il travaillait – il ne dit pas son nom mais j’imagine que c’est le type qui vient de quitter Warner Brothers, Alan Horn – et il a dit à Eastwood : « On ne produit plus de drames. »

J’ai l’impression que les studios sont sans doute en contact avec un public potentiel qui est celui aux Etats-Unis des jeunes entre 18 et 29 ans, et ils continuent d’entretenir la machinerie. Mais croyez-vous que Michael Haneke pense au public lorsqu’il réalise Caché ? Je ne crois pas et c’est un film formidable. Les films que j’admire ne devraient pas seulement être regardé avec votre esprit, mais aussi avec vos émotions. Je pense qu’un cinéaste devrait au moins essayer d’émouvoir les spectateurs.

Maintenant le grand public cherche une satisfaction immédiate. Ce n’est pas ce genre de public que je réclame.

Il me faut dont trouver un public plus petit, ou ne plus faire de films.
(Friedkin a mis en scène de nombreux opéras en Europe ces dernières années, ndr)

J’aime encore le cinéma, mais pas le genre de trucs qui se produit majoritairement dans mon pays. Il y a encore de très bons directeurs ici et aujourd’hui, mais pas du niveau de ceux qui étaient en activité à l’époque où je voulais faire du cinéma. Quand j’étais jeune, il y avait au moins une douzaine de réalisateurs dans le monde dont je n’aurai voulu rater sous aucun prétexte le nouveau film : Antonioni, Fellini, Kurosawa, Rossellini, la Nouvelle Vague française… chaque jour nous apportait un film. »

Alors que nous sommes en train de discuter avec Friedkin, deux clientes d’environ 50 ans nous interrompent. Elles ont écouté notre conversation et tiennent absolument à donner leur avis sur ce que doit être un bon film à leurs yeux : un divertissement qui vous fait passer un bon moment et vous fait oublier les soucis de la journée, comme Le Discours d’un roi. Elles sont décoratrices d’intérieur. Elles n’ont aucune idée de qui est leur interlocuteur et elles ne le sauront jamais. L’une d’entre elle est particulièrement véhémente.

« Cliente : Quand je sors du cinéma après un film j’ai envie de me sentir bien, pas effrayée ou démoralisée.

Friedkin : Avez-vous déjà vu L’Exorciste ?

Cliente : Oui, ça m’a fait une peur bleue.

Friedkin : Ce n’est pas ce que vous voulez ? Vous n’avez pas envie d’être vraiment terrifiée par un film ?

Cliente : C’était super, intelligent, cela m’a fait réfléchir…

Friedkin : Réfléchir à quoi ?

Lady : Au diable…

Friedkin : Mais on n’a pas besoin d’un film pour penser au diable ! »

Elles se décident enfin à nous laisser tranquilles et partent. Friedkin qui est resté poli et patient, jubile.

« Ce sera super pour votre interview. C’est exactement ce que je disais. Ces femmes américaines parfaitement normales et bien éduquées, qui gagnent beaucoup d’argent, je n’ai pas la moindre idée de ce dont elles parlent…

Les films qu’elles aiment, ces « feel good movies », c’est de la merde, au-delà de la connerie, comme Sex in the City ou Mes meilleures amies.


Killer Joe est vraiment un film à contre courant de la production américaine.


On ne peut citer qu’une poignée de films qui ont réellement changé les règles du cinéma : le premier est Naissance d’une nation de Griffith. Pas seulement parce que c’était une épopée spectaculaire avec un sujet à polémique qui a obtenu un grand succès public, mais surtout parce qu’il a changé le style et la façon de faire un film. Le second film est Citizen Kane qui a totalement révolutionné le cinéma et ouvert de nouvelles possibilités en termes de narration. Après il y a A bout de souffle de Godard. Quand j’ai réalisé French Connection j’ai pensé à Godard et à ses « jump cuts ».

Et aujourd’hui ? Je ne sais pas. Il est certain qu’un film comme Killer Joe, produit aux Etats-Unis et interprété par une star (Matthew McConaughey), est devenu trop osé et difficile pour le public américain.

Je n’ai pas envie de faire des films pour ces femmes stupides qui nous ont interrompus. Je me moque de ce qu’elles aiment ou pas. Je n’ai aucun respect pour leur opinion. Ce n’est pas un public qui veut douter ou se remettre en question. Il veut juste « se sentir bien ». « Se sentir bien », cela veut dire être à la recherche d’un opium pour les yeux qui vous endort et vous vide la tête. Ne surtout pas réfléchir. Killer Joe est un défi, une provocation pour les spectateurs, et j’en ai parfaitement conscience. Je ne m’attends pas à un triomphe public avec ce film, mais ce n’est pas grave. Cela me ferait plaisir, mais je ne changerai rien au film pour le rendre plus commercial. »



Si Friedkin condamne les épanchements sexuels de certains films récents, on est en droit de lui rétorquer que son cinéma est souvent allé très loin dans la représentation graphique de la sexualité, et plus particulièrement de l’homosexualité, présente implicitement ou explicitement dans plusieurs de ses principaux films. Que pense-t-il de la pornographie qu’il a approchée de près dans Cruising ?

Beaucoup de gens considèrent Ulysse de James Joyce et Tropique du cancer d’Henry Miller comme des romans pornographiques.
Je ne crois pas aux héros et aux méchants, aux braves types et aux sales types, et surtout pas lorsqu’il s’agit de raconter une histoire ou faire un film. Dans French Connection le flic est bien pire en tant qu’homme que le trafiquant de drogue français. Je ne crois pas aux clichés sur le comportement humain. Comme je l’ai montré dans Cruising ou Les Garçons de la bande, je pense que chacun de nous possède en lui des gènes masculins et féminins. Quand j’ai réalisé ces films il y avait encore beaucoup de gens qui pensaient que l’homosexualité était maléfique. Pour moi Les Garçons de la bande est une histoire d’amour, accidentellement une histoire d’amour entre hommes mais cela n’a pas beaucoup d’importance. Cruising utilise le monde du sadomasochisme gay pour comme toile de fond pour raconter une étrange enquête de police. Je pense que la plupart des gens vivent dans une sorte de confusion sexuelle.

Quand j’étais jeune à San Francisco, j’ai commencé mon éducation sexuelle en couchant avec des prostituées noires que j’allais chercher dans la rue, c’était juste une question de défoulement. Maintenant j’éprouve une grande tristesse seulement à l’idée que la fille de quelqu’un devienne une prostituée. Je ne pourrais plus faire l’amour à une prostituée même si elle était la plus belle femme du monde. Quand j’ai commencé à avoir un peu de succès, je suis devenu soudainement séduisant aux yeux des femmes et j’en ai profité pour baiser le plus possible. Dans les années 70, les réalisateurs avaient une caravane sur les tournages et ils avaient droit à des fellations entre les scènes. Je l’ai fait, comme tout le monde, y compris les hommes mariés. J’étais célibataire à l’époque, cela n’avait aucune importance. Le sexe n’avait rien à voir avec l’amour pour moi, c’était un pur besoin biologique.

Les deux seules histoires d’amour que j’ai filmées sont Bug (une étrange histoire d’amour où celle qui tombe amoureuse décide de devenir paranoïaque comme son amant) et Les Garçons de la bande. Mais je n’aime pas montrer des scènes de sexe à l’écran, en fait je trouve cela comique. Avez-vous déjà observé deux personnes en train de faire l’amour ? On appelle cela « la bête à deux dos », c’est ridicule !

Killer Joe est un film sur le besoin désespéré d’appartenir à une famille. Ce n’est pas un film sur le sexe, mais sur la famille. Dottie vit dans une famille dysfonctionnelle, dans laquelle son frère et son fils essayent de la mettre sur le trottoir, dans laquelle sa mère essaye de la tuer, tandis que sa belle-mère est sympa avec elle mais se comporte quand même comme une traînée. Et Joe est un type qui comme la plupart des flics que je connais ne voit que le côté sombre de la nature humaine. Joe s’intéresse à Dottie parce que si vous écouter attentivement ce qu’ils se disent au début du film, ils veulent tous les deux la même chose, une sorte de famille. L’œuvre de Tracy Letts est sur la quête d’une famille. C’est aussi ce dont parle Le Parrain : la famille.


Killer Joe est déjà fameux pour au moins deux séquences très inconvenantes, du genre que Friedkin est encore le seul aujourd’hui à oser filmer et balancer à la face de l’Amérique puritaine. Une scène d’ouverture qui se termine par le surgissement d’un sexe féminin sur l’écran, et une scène de viol oral impliquant une aile de poulet, toutes deux a priori impossibles dans un film américain mais présentes dans la pièce de Tracy Letts. Friedkin s’explique :

« J’ai écrit à Tracy pour lui dire : « Si je montre la femme dans la scène d’ouverture de la manière que vous décrivez, nous allons certainement être classé X – dans le film Chris frappe à la porte de la caravane et sa belle-mère dont on ne voit que la partie inférieure du corps lui ouvre à moitié nue, son pubis exposé au regard. Que pensez-vous si je la montrais uniquement de dos ? » Il m’a répondu par un mémo de huit pages pour me dire : « N’aies pas peur de la chatte. C’est un signal au public pour qu’il attache sa ceinture de sécurité, que le film va être une expérience hors du commun. Oui le film va se dérouler dans une caravane, mais il va s’y passer des choses auxquelles vous ne vous attendez pas. »

J’ai très bien compris ce qu’il voulait dire, et pourquoi il était important de montrer les choses de la sorte. Mon sentiment initial était que cela pouvait déconcentrer le public, mais finalement cela renforce l’idée que le film est une comédie. C’est drôle pour ceux qui peuvent comprendre ce genre d’humour. Et à ma grande surprise le public féminin est très réceptif au film, pour l’instant !


Interview enregistrée à Los Angeles le 11 novembre 2011 avec Manlio Gomarasca, éditeur de la revue de cinéma italienne Nocturno.
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