Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

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MadXav
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Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par MadXav »

Vu qu'on a des HS systématiques lorsque sortent en salle des films d'horreur Français, je crée ici un thread dédié dans lequel chacun pourra donner son opinion, argumenter et donner des chiffres.

Le cinéma horrifique Français est-il mal distribué ?
Mal branlé ?
Mal pensé dès la production ?
Se vend t'il bien à l'étranger ?
Quels sont les résultats au Box-Office ?
Le comportement sur la durée ?

Existe t'il seulement un cinéma horrifique français ? Et là, je pose sérieusement la question parce qu'outre les scores décevants au box-office, j'ai pas spécialement l'impression que la France ait un "style" horrifique. Mettre Mutants, La Horde, Humains ou Martyrs dans le même sac me semble personnellement curieux... Leur destinée en salle est-elle vraiment liée à leur seul pays de production ? Est-ce les exploitants qui entretiennent une logique commerciale basée sur la nationalité du produit ? Est-ce tout simplement que le public n'y trouve pas son compte et tend à généraliser ?
Dessin et sketching liés au cinéma, au voyage, etc. :
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cendrillon is dead
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Re: Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par cendrillon is dead »

Comme demandé, je déplace mes données.

... pour répondre à Superfly, tu peux visiter ce site... il reprend pas mal de chiffres du BO.
http://www.jpbox-office.com

J'ai peut être oublié certains films mais grosso modo ça donne ça:

Au dessus des 500 000 entrées:
Le Pacte des loups (5 179 154)
Les Rivières Pourpres (3 255 184)
Les Rivières Pourpres 2 (2 090 248)
Promenons nous dans les bois (749 417)
Irréversible (598 812)

Au dessus des 100 000 entrées:
Sheitan (313 461)
ILS (251 302)
Atomic Circus (243 000)
Brocéliandre (201 029)
Chrysalis (131 926)
La Chambre des morts (115 267)
Haute Tension (110 544)
Trouble Every Day (105 211)
Frontières (100 186)

En dessous des 100 000 entres:
Martyrs (91 236)
Maléfique (85 347)
Vertige (79 980)
Les dents de la nuit (77 997)
Inju (74 576 )
A l'intérieur (70 839)
En face (64 629)
La Horde (60 000 en cours)
Dante 01 (46 298)
Trouble (41 797)
Humains (40 000...)
Mutants (30 000..)
Eden Log (19 521)
Vinyan (14 391)
Innocence (8 541)
Lady Blood (2 000..)

Edit: Ajout d'autres titres..
Modifié en dernier par cendrillon is dead le dim. févr. 28, 2010 2:49 am, modifié 1 fois.
Laeke
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Too long; didn't read

Message par Laeke »

j'ai pas spécialement l'impression que la France ait un "style" horrifique
Y a des théorisations étrangères pas inintéressantes à ce sujet, à propos de la "New French Horror" je crois. Mais loin des guéguérres du petit milieu français, je crois que les anglo-saxons ont tendance à y ranger aussi bien du Laugier, du Bustillo/Maury, du Noé que du Dumont, De Van ou Claire Denis (ce qui fait, j'en suis sur, plaisir aux intéressés!) sans distinction, en vertu d'une certaine approche de la chair.
Mettre Mutants, La Horde, Humains ou Martyrs dans le même sac
Oui quand on y pense c'est curieux mais c'est un des paradoxes actuels. Noé est ainsi souvent rangé dans cette mouvance là alors qu'au fond il ne fait pas vraiment des films de "genre" (enfin j'ai pas l'impression), par ailleurs on parle pas beaucoup de Belvaux dans nos cercles alors que techniquement il à fait des "polars" ou des films policiers.

Le cinéma de "genre" (enfin si on devait le définir on y serait encore demain) se porte en fait assez bien en France, ou au moins certaines de ses composantes: il y a une certaine tradition du polar par exemple. Besson (qui à signé un film de SF! )8 ) et les prods Europa proposent un modèle économique viable -la qualité est encore un autre problème, tout comme le gommage relatif de leur aspect français: cf Taken-.
Par contre la SF et l'horreur c'est plus discutable, même si on a eu un flux assez régulier de bobines horrifiques depuis 15 ans.

Le problème de la classification "genre/pas genre" c'est qu'un certain nombre de réas, à tort ou à raison, se revendiquent plus ou moins fortement de faire du "genre" dans un pays ou selon eux c'est compliqué/méprisé/impossible/choisir votre terme, et/ou adoptent un certain discours commun à ce sujet: c'est le cas de la plupart de ceux qui ont réalisés les films que tu cites, dont un certain nombre d'anciens critiques (ça explique peut être leur goût d'une approche théorique et globale du cinéma en France qui se diviserait en groupes...). Ce qui explique je pense la notion de "genre" à géométrie variable.

Cette mouvance là s'est semble t'il pas mal tourné vers l'horrifique parce que c'est ce qu'il y a de plus simple à monter au niveau production* (enfin je pense que ça joue... difficile d'imaginer pondre un Avatar en France, juste parce que les budgets potentiels pour un gros film français ou européen vont au grand maximum à 50-80m d'euros), et aussi ce qu'il y a de plus explicite: gore, maquillage, barbaque, ça permet de bien se "différencier" du reste du cinéma français qui semble t'il n'est pas tenu en très haute estime (2 pièces cuisines, loft, XVIeme, subventionnés, fils de, etc...).

Quand à savoir ou se situe le problème... j'en sais rien. Vu les scores que font ces bobines, j'aurais tendance à penser que le public s'en fout en fait, ou que la promo ne sait pas leur vendre les sujets ou les films. Les films plus ou moins teintés "horreur" (Bien que La Horde soit vendu comme un "film d'action fantastique", c'est quand même rattaché à cet univers là: des zombies, des jumps scares, etc...) ont à mon avis un public finalement assez réduit. On parle souvent de Saw et de son million ou 700.000 entrées mais ça me semble plus une exception qu'une règle. En plus c'est un genre ou la concurrence est assez féroce contre des films américains, espagnols ou autres, qui ont parfois des arguments de promos et de qualités bien supérieurs. Mais aussi également pas toujours bien lotis (cf la distribution de Mist, ou Halloween de Zombie, etc...).

Je vais pas trop m'étendre sur la qualité des films français mais dans l'ensemble je les trouve pas très bons et même quand c'est pas le cas, j'ai l'impression d'un truc complètement stérile (qui vient en partie du discours théorique en place dans nos milieux depuis 10-15 ans, je pense) et pas très mature, le fameux effet "les réas français refont leur DVDthéque idéale" et qui touche même les désormais "grands anciens" Kassovitz, Gans et autres.
J'ai personnellement trouvé les promos de Martyrs et dans une moindre mesure La Horde problématiques (je reviendrais pas en détail dessus mais dans le cas de Martyrs c'était même, pour ce que j'en sais, réellement malhonnête) dans le sens ou j'ai l'impression que ça s'adresse énormément à un noyau dur de fans (les gens des festivals & forums, celui ci et les autres que vous connaissez, qu'on rassemble sous ce fameux label "geek") dont on se rend compte à travers les résultats en salles et les différentes remarques parfois cruelles que s'échangent les membres qu'il est en réalité microscopique. Y a qu'a voir la mobilisation minime pour la manif "pro Martyrs" malgré un appel relayé sur ces forums et même par l'ex DVDrama (pas un petit site pourtant).
Je sais que la promo s'est aussi faite à la TV et par des affiches, mais j'ai l'impression qu'a l'instar des sujets des films ou de leur ton, les réalisateurs ont beaucoup de mal à toucher le public au sens large, au delà du réseau de fans qui est trop fermé (et qui s'est je crois refermé sur lui même).

Mais quelque part c'est aussi un peu normal que le cinéma d'horreur un peu "extrême" et qui se veut "subversif" (la encore, moults débats possibles) n'attire pas des millions de gens en salle, c'est même un peu sa nature.

Mais le genre "horrifique" ou "revendiqué" ça ressemble à une voie de garage. Je trouve que les réas qui s'en sortent le mieux sont ceux qui sortent un peu de ce schéma rouillé (genre Siri et son Ennemi Intime, Vallete et son Affaire d'Etat) ou qui n'y rentrent pas (Audiard fils de).

Y a sûrement aussi des problèmes au niveau de la prod: même si j'ai complètement saturé sur le discours du "cinéma français c'est de la merde, le CNC finance que des bobos", je peux parfaitement accepter le fait que monter un financement ou faire accepter un projet sur un film de ce type soit difficile et comporte son lot d'embûches et de préjugés de la part d'une partie des décideurs. Vu la qualité perçue des films par moi même, on est pas mal à se demander si les prods français font tout ce qu'il devrait faire (sans vouloir insulter ces professionnels, qui je suis sur font de leur mieux) vu que souvent on ressent l'aspect cheap ou mal fini dans les films, et même pas bien écrit ou monté sur des fondations trop faibles.

Par contre j'aimerais terminer ce long message sur un truc: à mon avis les histoires de classifications de films c'est vraiment un faux débat, et si les prods et réas y croient sincérement, ils se sont fait -je pense- enfler par les exploitants.

Oui forcément c'est plus dur de vendre un film -18 que -12, vu que de facto ça limite le public potentiel. Mais on a bien vu que Saw III à pu marcher même avec ça, que le IV s'est pas mal débrouillé non plus malgré un -16 et des grands exploitants un peu plus froids à le distribuer (cf. la polémique Saw III).

Vynian n'avait qu'un -12 et un casting vendeur et à pourtant été mal distribué. Plus mal que Frontière(s), A l'Intérieur, ou la Horde, si je dis pas de conneries.

Y aurait encore énormément de choses à dire (sur les exils express aux USA des réas par exemple) mais c'est déjà trop verbeux.

Je m'excuse de la longueur de l'intervention.

* Par "plus simple", je veux dire que trouver 2-3m de financements pour un film d'horreur même si c'est un 1er film, c'est possible et probablement plus simple que de monter une prod à 15m, par exemple.
Modifié en dernier par Laeke le ven. févr. 26, 2010 4:57 pm, modifié 4 fois.
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bluesoul
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Re: Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par bluesoul »

Une question; grace a cendrillon on a des resultats au cinema :-D . Les chiffres etant sans doute difficiles a obtenir, quelqu'un pourrait jouer au devinettes et dire si les sorties en dvds rattrappent le coup ou si, la aussi, c'est la tasse...?

Un autre truc assez marrant, c'est qu'en zieutant les avis sur les forums etrangers, on trouve souvent la remarque "the French know how to make a horror-movie", phrase encore et toujours de bon aloi chez les anglo-saxons. C'en est presque ironique, non? :?

Pour le reste, toutes ces discussions m'ont donne envie de regarder de mes propres yeux un peu tous ces metrages. Ca me fera une bonne liste pour commencer. :)
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Laeke
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Promis j'arrête après

Message par Laeke »

bluesoul a écrit :Une question; grace a cendrillon on a des resultats au cinema :-D . Les chiffres etant sans doute difficiles a obtenir, quelqu'un pourrait jouer au devinettes et dire si les sorties en dvds rattrappent le coup ou si, la aussi, c'est la tasse...?
D'autant plus que la "vidéo" au sens large est désormais le nerf de la guerre principal pour les majors hollywoodiennes en tout cas. Ca rapporte beaucoup plus d'argent que les entrées salles, d'après les données que j'ai pu voir (ne serait ce que parce que en vidéo on peut exploiter tout le catalogue, et pas que des nouveautés). Les majors ne communiquent quasiment pas la dessus, c'est amusant... le box office cinéma à été monté en épingle mais ça cache complètement une partie de l'économie.

En France, je ne sais pas ce qu'il en est. C'est sur qu'on reste très attaché à cette notion de l'importance de l'exploitation cinéma.

Je ne sais pas si les producteurs de films français exagèrent un peu leur malheur... je reste assez sceptique sur l'existence d'un phénomène de fond. Certains films ont eu du succès, d'autres non, mais rien qui "ait changé la donne".
Un autre truc assez marrant, c'est qu'en zieutant les avis sur les forums etrangers, on trouve souvent la remarque "the French know how to make a horror-movie", phrase encore et toujours de bon aloi chez les anglo-saxons. C'en est presque ironique, non? :?
Le débat en France (et je m'inclus la dedans) est je pense en partie parasité par toute la construction théorique dans le cadre national. Les attentes et les points de vue des spectateurs sont sûrement aussi très différents (malgré la mondialisation culturelle).

C'est ce que certains appellent la "sévérité des fans français".

--

Ah ouais, puisque j'ai le temps, les exils express aux USA donc.

Les réalisateurs des films que nous évoquons, et on les comprends, parlent souvent de leur admiration des films et des cinéastes américains. Parfois même, ça va plus loin que ça puisqu'on met en comparaison ce qui se fait la bas contre ce qui fait ici pour bien souligner que le France est une sorte de tiers monde du genre voire du cinéma (j'exagère à dessein) -autre débat intéressant que celui des différences structurelles entre les diverses économies du cinéma-.

Néanmoins je constate que dans le corpus qui nous intéresse:
- Beaucoup de réalisateurs français ont eu la chance de partir travailler pour "Hollywood" et l'ont prise.
- La plupart de ces réalisateurs ont quand même commencé leur carrière ici (je leur reproche pas, je constate et ça s'explique sûrement très bien)
- Les projets qu'ils ont pu réaliser la-bas (ou que l'on sait qu'ils ont été rattachés) ont été, je pense qu'on peut le dire, d'un intêret souvent douteux (et d'une qualité du même acabit), même si il y a des exceptions. Remakes, slashers ou films d'horreur tournés au kilomètre...
- La plupart de ces réalisateurs ont relativement vite fait le voyage inverse, même si ils rament ici pour monter des projets.

Par exemple Siri, qui avait signé un pourtant correct Otage (qui pour le coup n'était pas un projet douteux mais une vraie "grosse" prod avec une vraie star) et revenu faire l'Ennemi Intime et pour ce que j'en sais (pas grand chose) essaye de monter un truc en France. Gans va signer un Fantomas pour Langmann, Kassovitz à fait Babylon AD avec une prod française même si les fonds sont américains et a priori son futur est aussi pensé sur nos terres.
A l'exception de Morel et Leterrier (qui en tant qu'EuropaMen ne sont pas vraiment ceux dont on cause) et d'Aja, ils sont tous revenus (ou ont décliné les propositions pour Laugier et Bustillo/Maury), je crois, même Pitof qu'on leur laissait :lol:

Etant de nature un peu perfide et cynique, je me pose quelques questions:
- Si le but c'est de créer un cinéma de genre français, c'est bien parce qu'on pense qu'il faut un cinéma qui puisse s'adresser à un public "spécifiquement" français (pas seulement hein, mais en premier lieu) pour dire des choses sur notre culture/société/whatever comme le faisait justement L'Ennemi Intime (la Guerre d'Algérie, une problématique qui est propre à notre pays)? Et une possibilité de les dire d'une certaines façon (à coups d'effets gores, par ex.)?
- Mais alors pourquoi partir aux USA pour y signer des films qui se sont souvent distingués par un certain anonymat? (Gothika, One Missed Call, etc...) Surtout qu'il existe désormais des fonds américains investis en France directement (Babylon AD et les derniers Jeunet, à confirmer)
- Et si ils reviennent en France malgré les problèmes chroniques que rencontre la création, est ce que ça veut dire que finalement, ce serait pas si génial que ça la-bas?

J'imagine qu'il y a de bonnes raisons à tout ça. Je tiens pas à ostraciser les réalisateurs comme de "mauvais patriotes". Si j'étais réalisateur et que je recevais une proposition d'Hollywood avec un salaire américain, je sais pas si je dirais non au moins pour essayer. Et puis le mal du pays, des fromages non pasteurisé, et des matches de L1 sur C+, je peux comprendre... Mais enfin ça m'interpelle.
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Reda
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Re: Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par Reda »

Je recopie ici une réponse que j'ai mis sur le topic de la Horde, vu que c'est plus dans le thème.
Superwonderscope : le Baltringue c'est pareil, du cinéma qui se veut populaire (même si la c'est plus adressé au public TF1). Je suis persuadé qu'il y a une discrimination suivant la CSP au niveau des exploitants, comme un mec me disait* qu'il y en avait une dans la comission de classification.
L'exemple flagrant c'est Funny Games : -16 ans diffusé deux mois dans mon UGC (le premier et seul -16 diffusé là-bas depuis Saw 2), dans une salle de 600 places ! Il a fait 80 000 entrées !

Garder la Horde n'aurait pas couté un rein. D'autant plus qu'il ne le remplace même pas et que sur les 3 séances quotidiennes en deuxième semaine dans l'UGC où je vais, le dimanche 22h30 et le mardi 18h la (petite) salle était bien remplie (l'autre séance c'était 13h).

Mais ça, je précise, est le lot de chaque film et pas que de la Horde.
Je ne prends pas ça comme excuse à l'echec, mais il faut le prendre compte.


EDIT
Pour un autre exemple actuel : Une execution ordinaire.
Il est encore diffusé et n'est pas signalé en "dernières séances" (c'est à dire qu'il sera encore à l'affiche la semaine prochaine). 150 000 entrés, sorti le 3 fevrier (et le budget a été bien supérieur à la Horde).
* en prenant l'exemple de Noé, qui comprenait pas que son film soit -12 alors que celui de son pote Kounen fait en même temps soit -16, tant bien même qu'il soit dix fois moins violent et moins dérangant. L'un était bien vu et considéré comme chic dans le milieu bobo (qui avait donc les moyens intellectuels d'apprehender le film, même à 12 ans), l'autre faisait un film fun et decomplexé pour le peuple (les dégénérés qui se seraient mis à canarder des flics à la sortie de la salle parce qu'ils sont trop cons et influencables, TF1 toussa)
Laeke
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L'horrible cinéma français

Message par Laeke »

Reda a écrit :en prenant l'exemple de Noé, qui comprenait pas que son film soit -12 alors que celui de son pote Kounen fait en même temps soit -16
Quel film de Noé était interdit au -12 ans?
Seul contre Tous? (puisqu'il est bien question de celui-ci et Dobermann, non?)

Pourtant sur le site Le Temps Detruit Tout on peut lire un papier de Ferenczi qui relate l'histoire suivante (et qui date de 2000, donc pas écrit 5 ans après les faits)
"Lorsque Gaspar Noé a appelé la Commission de classification pour savoir quel type d'interdiction frapperait Seul contre tous, il a eu une mauvaise surprise. Certes, le film était interdit aux moins de 16 ans. Mais sans l'obligation de l'avertissement traditionnel : "… contient des images qui risquent de heurter". "
http://www.letempsdetruittout.net/gaspa ... .asp?v=116

C'est tout de suite moins spectaculaire comme différence de traitement...
J'ajouterais que prendre Kounen comme exemple du cinéaste brimé c'est §£
On parle bien du mec qui s'est trouvé à la tête d'un projet de 30-35 millions d'euros pour son 2éme long métrage, soit un des plus gros budget de cette année là?

On notera que malgré les manoeuvres insidieuses du Comité de Classification, Dobermann aurait bénéficié de 38 salles sur Paris contre 2 pour le Noé (et aurait fait 20 fois plus d'entrées France au final). Ciné Ressources pour les chiffres.

Ils ont pas beaucoup d'influence ces bobos dis donc... Excuse moi mais j'ai pas trop suivi ou tu voulais en venir? Donc les gens de la commission de classification prennent des décisions qui fleurent bon la discrimination sociale (enfin, c'est ce que tu avances) pour...?

D'ailleurs puisqu'il est question de Funny Games, le premier est sorti en 1997 et à lui aussi écopé d'un -16 (avec la mention, même, si je dis pas de bêtises). Faut croire que les bobos de la classification n'aimaient pas Haneke à cette époque...
pour le peuple (les dégénérés qui se seraient mis à canarder des flics à la sortie de la salle parce qu'ils sont trop cons et influencables, TF1 toussa)
(même si la c'est plus adressé au public TF1)
Je comprends pas, ça existe le public TF1 ou pas alors?
L'exemple flagrant c'est Funny Games : -16 ans diffusé deux mois dans mon UGC (le premier et seul -16 diffusé là-bas depuis Saw 2), dans une salle de 600 places ! Il a fait 80 000 entrées !
Si on parle bien de la version US.
82000 en deux semaines d'après Allociné. Et 112000 en cumul France selon Commeaucinéma, donc à vérifier.
Je veux bien croire qu'il soit resté "deux mois à l'affiche" dans ton cinéma, mais était ce en continu dans une salle de 600 places? Et sais tu sur combien de copies il était encore visible au delà de la deuxième semaine? Et l'UCG en question c'était un multiplexe?

Mais oui, le fait que ce soit un film d'un cinéaste reconnu (et qui cette décennie à réussi à dépasser plusieurs fois les 400.000 entrées France) et distribué par la Warner est surement un plus commercial face aux exploitants... faut il pour autant en être choqué?
Parce que je voudrais pas dire, mais La Horde avait 3 fois plus de copies que Lebanon sorti la semaine d'avant ou Mother (encore celle d'avant) et du coup c'est sûrement pour ça que j'ai pas pu voir le deuxième film. :evil:

Je vais peut être dire une connerie, mais si les exploitants avaient vraiment pas envie de se faire chier pour La Horde ils leur suffisait tout simplement de pas prendre de copies du tout, non?
Et si ils avaient gardé le film en salles, qu'est ce qui se serait passé? Même avec un soutien commercial des exploitants je vois pas trop ce qu'il y avait à espérer de tellement plus que 110-120.000 entrées au mieux par rapport aux chiffres de la 1ére semaine (exemple: ton Funny Games US), ce qui n'aurait pas changé grand chose à en juger par la liste fourni par cendrillon is dead.
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Reda
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Re: Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par Reda »

Tu as raison pour Seul contre tous, je suis allé un peu trop vite en besogne. Merci de la rectification.
Mais ça ne change rien aux conclusions, à savoir qu'il ne comprenait pas ce qui justifiait que la commission aime son film (il l'a très mal pris), par rapport à celui de Kounen* qui s'en prenait plein la gueule, et en est arrivé vite aux mêmes conclusions je crois.


*qu'il remercie à la fin de Seul contre tous, au milieu de Dario Argento, Nicolas Boukhrief, Marc Caro, Albert Dupontel, Samuel Fuller, Christophe Gans, Jean-Pierre Jeunet, Mathieu Kassovitz, Francis Leroi, Quentin Tarantino et Shinya Tsukamoto.
Laeke
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Re: Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par Laeke »

Reda a écrit :Tu as raison pour Seul contre tous, je suis allé un peu trop vite en besogne. Merci de la rectification.
Mais ça ne change rien aux conclusions, à savoir qu'il ne comprenait pas ce qui justifiait que la commission aime son film (il l'a très mal pris), par rapport à celui de Kounen* qui s'en prenait plein la gueule, et en est arrivé vite aux mêmes conclusions je crois.
Mais c'est quoi les conclusions alors?
Que les mecs de la commission préfèrent le cinéma de Noé à celui de Kounen, c'est leur problème. C'est franchement drôle la réaction de Noé d'ailleurs: il croyait faire un film subversif, il se fait féliciter par les "bourgeois" qu'il croyait choquer. Oups.

Mais sorti de cet aspect amusant, les deux films ont été classifiés -16 (tout comme Funny Games donc), cela n'a eu qu'une incidence mineure ou nulle sur leur exploitation -la polémique autour du film à l'époque à peut être même, qui sait, profité au Kounen en rendant son film sulfureux- et la commission ne classe pas les films par préférences, mais dans un objectif tout autre.

Des affirmations de ce genre (le CNC ceci, la classification cela, & les exploitants, et les critiques de Libérama...) , j'en lis depuis 10 ans au moins, mais les faits et les chiffres qui sont en libre accès racontent une histoire largement moins émouvante que celle qu'on se répète sur les forums.

Et si en fait, le ciné de genre se portait pas si mal en France?

Le nombre:
- Il y a environ 25 films dans la liste de Cendrillon is Dead, qui est très loin d'être complète, et qui ont tous je crois moins de 15 ans. Rajoute y les titres sur cette période qui te reviennent de tête (Dobermann et Blueberry), plus les prods Europa typée action, plus les polars (films de Marchal par exemple)... même en étant très restrictif (genre en comptant pas les films d'Audiard ou de Belvaux...), je serais curieux de savoir à quel total tu arriverais. 50? 100? 150? Plus?
Peut être n'est ce pas "assez", mais faut arrêter: c'est pas le désert et c'est même clairement un progrès par rapport à la période précédente.

Les budgets:
- On parlait de Blueberry: et oui il y a 5 ans, la plus grosse prod française de l'année, c'était un western tiré d'une bande dessiné réalisé par Kounen. Les Rivières Pourpres, Le Pacte des Loups, Mesrine... je pourrais en citer d'autres mais je soupçonne qu'on me dirait qu'ils sont merdiques, que les réas sont pas assez comme ci, et que sais je encore (parce qu'en France, il suffit pas de faire un film de genre pour être adoubé par les défenseurs du "cinéma de genre").
Et certains de ces films ont bien marchés et ont eu des distributions très honorables.

La qualité:
Et en 15 ans, quoi qu'on en dise, il y a des bons films dans le lot: Haute Tension, Total Western, les Siri, Le Convoyeur... pour rester dans les titres adoubés par le sérail, parce que sinon j'ajouterais les Audiard et d'autres films "de bobos"...
On aime bien comparer la supposé nullité abyssale de notre système avec la formidable énergie de nos voisins espagnols, mais je crois pas que la péninsule ait pu produire un équivalent technique aux prods Europa niveau action. Meilleurs les espagnols? Peut être. Aussi varié qu'en France? Pas sur.

En fait dés qu'on arrête d'assimiler le cinéma de genre à sa seule composante horrifique, le tableau est largement moins sinistre.

Et remis dans le contexte, le fait que de jeunes réalisateurs ait du mal à décrocher des financements pour des projets de films dont l'expérience est loin de montrer qu'ils sont populaires, sur un créneau soumis à une très forte concurrence, est ce si anormal?

Et si on sortait de ce discours teinté d'auto-apitoiement ("le CNC veut pas me donner des sous pour faire mon film subversif!"), de ce système de guerre de chapelles, peut être on verrait plus ce qu'il y a sous notre nez?

Et si les réas chouinaient moins, est ce qu'ils passeraient plus de temps à travailler sur leurs films?

Et Vincent Cassel, et le mec de Kourtrajme, et Kassovitz et sûrement des camions entiers d'autres, c'est pas des fils de doudoudidon?

Et quand La Horde bénéficie du crédit d'impôt, est ce à dire que de façon indirecte l'Etat aide la production de films de genre?

EDIT: On dépasse allègrement les seules limites du cinéma horrifique, mais en partie certaines de ces remarques s'y applique, notamment le nombre et la qualité (oui il y en a des réussis )8 ). Mais je crois pas qu'on puisse envisager le cinéma horrifique de manière séparée du reste de la production française en générale, pour être franc.
Modifié en dernier par Laeke le dim. févr. 28, 2010 10:09 am, modifié 1 fois.
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arioch
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Re: Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par arioch »

Je pense qu'il faut arrêter avec les théories du complot... Les "exploitants de salles" portent un nom assez clair. Ils sont là pour exploiter des salles. Comme toute entreprise, le but est d'être rentable et, soyons fous, de générer le maximum d'argent. Si on prend l'exemple du BALTRINGUE, ce n'est certainement pas rentable d'avoir une salle bloquée sur 7 jours à raison de 7 à 8 séances dans la journée en voyant débarquer 5 péquins en 24h. Pourquoi ce n'est pas rentable ? Bah parce qu'il y a un coût en personnel, en divers frais, etc... Du coup, tu es exploitant de salles, tu gardes les films qui générent des entrées et tu éjectes ceux qui n'en font pas. Appelons ça un complot capitaliste mais clairement pas contre le "cinéma de genre". Et merci de nous rappeler que "Genre", c'est pas "Horreur". Parce qu'on nous bassine effectivement toujours avec une poignée de films en oubliant que finalement des métrages de "Genre", y'en a toujours eu en France. En ce moment, on a plus d'horreur.

Du coup, là, on a un débat étrange où on a du mal à faire cohabiter "réalité économique" et "amour de l'art". Mais à vrai dire, comme l'a dit Eric Valette, si L'ORPHELINAT avait été réalisé par un Français, les spectateurs auraient été le voir. Sous-entendu, si les films français étaient si bons que ça, il est probable que cela ferait des entrées. J'imagine que c'est ce qu'il voulait dire. Bon, maintenant, il y a des bons films qui ne rencontrent pas leur public. Sortir en même temps que de grosses machines hollywoodiennes n'aident pas. Mais prenons en compte, quand même, que chaque semaine, il y a une douzaine de films qui sortent sur les écrans français. Si on commence à garder les films six mois en priant que le public vienne tous les voir, faut commencer à construire de nouvelles salles de cinéma. Evidemment, c'est totalement idiot comme raisonnement parce que cela restera des salles non rentables. Du coup, il y a un nombre d'emplacement restreint, ceux qui sortent les films jonglent avec ça, en espérant trouver la meilleure date de sortie, et les exploitants essaient de rentabiliser au mieux leurs salles. Qu'on aime ou pas le principe, ça n'empêche pas qu'il s'agit de la réalité. Mais, oui, on peut rêver d'un autre monde,..

La commission de classification ne jauge pas en fonction du fait qu'ils aient aimé ou pas un film. Ca a sûrement un impact pour certains des membres mais il jauge surtout le contenu du film : les idées exposées, les images... Et dans le débat qui nous intéresses, puisqu'on parle de cinéma d'horreur français, la nationalité du film n'a pas d'incidence sur ces critères.

A part ça, j'avoue que j'ai un souci dans le sens où la nationalité d'un film ne m'intéresse pas vraiment lorsque je vais le regarder. ça peut être intéressant par la suite de remettre la chose dans son contexte selon sa provenance géographique. Mais sur le moment, je regarde le film, si c'est bien, je suis content. Si je m'emmerde, je ne suis pas content. Peu importe la provenance, peu importe le budget... D'ailleurs, si j'étais un cinéaste français, je pense que ça m'ennuierait qu'on me dise "Il est bien ton film d'horreur français", non ? Ce ne serait pas mieux de lui dire "Il est bien ton film d'horreur" ?
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Laeke
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Re: Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par Laeke »

A part ça, j'avoue que j'ai un souci dans le sens où la nationalité d'un film ne m'intéresse pas vraiment lorsque je vais le regarder.
Oui en réalité la question ne se pose pas ainsi, quoiqu'on pourrait parler sans fin sur les perceptions différenciés des spectateurs.
La question c'est à quoi ça sert d'avoir un cinéma (de genre ou non d'ailleurs) français: j'ai ma petite idée sur la question que j'ai déjà exposé, je trouve pas que du coté que des artistes -qui sont les premiers concernés bien plus que le spectateur- ce soit toujours très clair par contre.
Enfin c'est un peu comme les étiquettes "subversifs" ou "vrai cinéma populaire" (qui attire 6 à 10 moins de gens que certains films d'Haneke).

Pour faire une méchante généralité à l'emporte pièce, c'est souvent les réalisateurs qui en parlent le plus qui font les films les moins clairs à ce niveau.
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Reda
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Re: Faits & Débats : Le cinéma horrifique Français

Message par Reda »

Reda a écrit :Tu as raison pour Seul contre tous, je suis allé un peu trop vite en besogne. Merci de la rectification.
Mais ça ne change rien aux conclusions, à savoir qu'il ne comprenait pas ce qui justifiait que la commission aime son film (il l'a très mal pris), par rapport à celui de Kounen* qui s'en prenait plein la gueule, et en est arrivé vite aux mêmes conclusions je crois.


*qu'il remercie à la fin de Seul contre tous, au milieu de Dario Argento, Nicolas Boukhrief, Marc Caro, Albert Dupontel, Samuel Fuller, Christophe Gans, Jean-Pierre Jeunet, Mathieu Kassovitz, Francis Leroi, Quentin Tarantino et Shinya Tsukamoto.
Pour en avoir discuté vite fait avec Noé à l'occasion d'Enter the void il partage ce point de vue.


(et bizarrement, Enter the void qui a fait moins de 20 000 entrées la première semaine est encore à l'affiche dans mon UGC et y restera encore la semaine prochaine, avec une baisse de séances minime. Mais cela n'a bien sur rien à voir avec le statut de son auteur et n'importe quel autre film classé plus populaire aurait eu le même traitement. Les exploitants sont là pour faire de l'argent et cette année Noé va réparer le fiasco Avatar chez UGC )8 )
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