Hiccup est un jeune garcon habitant un village viking regulierement attaque par une horde de dragons volants. Revant de se battre avec les siens contre les monstres, il verra son voeux exauce, mais aussi se transformer en quelque chose de vraiment inattendu—une singuliere amitie…
Dreamworks n’en est pas a son coup d’essai dans le monde de l’animation US, univers que Disney et Pixar ont reussi a maintenir en “chasse-gardee” jusqu’a present. La societe de Spielberg, Katzenberg et Geffen (SKG) ayant malgre quelques sympathiques tentatives--pas toujours concluantes (Kung-Fu Panda (2008), Monsters vs Aliens (2009) ), echecs (Spirit: Stallion of the Cimarron (2002), Sindbad: Legend of the Seven Seas (2003), Bee Movie (2007) )—voire (rares) reussites au box-office (la serie des Shrek (2001-2010) ) jamais reellement reussi a damner le pions a ses deux rivaux de toujours, la faute au final, a peut-etre un certain manque de differenciation avec les produits des adversaires. Il se pourrait cependant que HttyD change la donne…
HttyD, contrairement aux autres productions Dreamworks, n’est pas un scenario original, mais se base sur un livre (de Cressida Cowell)—auquel il apporte d’ailleurs quelques changements des plus pertinents. Notons aussi, que l’idee de se tourner vers une base literaire, n’est pas forcemment une mauvaise chose, car certains de leurs titres passes manquaient severement d’originalite, renforcant ainsi l'idee d'un certain "braconnage" sur les terrains des voisins.
D’un point de vue recit, et meme si quelques elements restent “classiques” (p.ex. un jeune hero pour permettre l’identification des jeunes spectateurs, quelques creatures “mignonnes”, des personnages essentiellement sympatiques), on notera neanmoins que de nombreux elements prennent le contrepied des productions habituelles.
Ainsi, le character-design des personnages (notamment les adultes) tient plus de la “caricaturisation” que du simple “design”, et l’on notera des traits d’humour touchant plus a la parodie, ou au second degree qu’au premier (pas de blagues-carambart ou ayant trait a des fonctions corporelles, mais pas non plus de tentatives de Tex-Averiser les valeurs classiques de l’animation, tel que dans Shrek). Un certain equilibre est atteint dans la caracterisation des personnages, et ainsi, meme si le hero est un peu plus malin—sans etre un complet genie, non plus(!), les autres personnages sont bien mis en evidence et ont tous un courage, une determination, une authorite naturelle ou une devotion a mettre en avant. Bref, on travaille en “equipe”, en fonction de ses capacites.
Si les vikings sont generalement batis comme des armoires a glace, l’on notera aussi que les eclopes ne sont pas absent du recit, voir meme sont mis en evidence (par le personnage de Gobber, qui accompagner le hero pendant une large partie du recit, ainsi que par les dernieres sequences, qui paraissent presque “risquees” dans un film pourtant grand public.
On est donc assez loin des vikings de Chiisana Baikingu Bikke (Vicky le Viking) (1974), qui au final etaient sympathiques, mais irremediablement benets et menes (par le bout du nez--tout comme leurs adversaires) par un gamin pas plus haut que trois pommes.
La contre-partie feminine du jeune hero ne sera pas non plus oubliee et bien mise en valeur a un niveau different certes, mais egal a ce dernier. Pas de role de “potiche” ici, encore moins de faire-valoir. Pas non-plus de reels faire-valoir du cote des amis / rivaux entourant le jeune hero, et qui feront leurs preuves en meme temps que lui--et sans les memes avantages dont il beneficiera(!).
Si l’on ajoute le fait, que—tout comme Pixar—le film evite les animaux qui dansent, chantent ou parlent (ce dernier point rendra notamment la “communication” plus difficile entre les especesdu recit, demandant une palettes d’emotions et d’expressions corporelles les plus larges en ce qui concerne le "bestiaire" du film) , on comprend aisement que le public vise est TRES large, et inclut (au lieu de les bannir!) les adultes et autres grands enfants de 7 a 77 ans.
L’animation est tres detaillee, et les sequences de “vol” tres reussies et fesant prevue d’une profondeur d’ecran assez impressionnante. La realisation est fluide et alterne les passages rapides ou plus lents, n’oubliant pas de reprendre son souffle, voire son recit, ne se concentrant pas uniquement sur l’action. Les decors, eux aussi, sont touffus, et tour-a-tour impressionnent ou emerveillent rendant assez bien l’idee d’un monde certe “feerique” quelque part, mais aussi TRES dur pour ceux qui y vivent. Le design du village vikings mélange avec habilete details (pseudo-)historiques (drakars, vetements, maisonnees, outils) avec des elements “etrangers” (p.ex. les totems ou phares qui feraient plutot (pseudo-)polynesiens(??) ), creant ainsi un monde reellement “unique”.
Le creature-design est plus “classique”; les dragons sont impressionnants, sans etre effrayants, mais tout en restant assez menacants! Etonnament, le creature-design le plus simplifie, est celui du dragon-vedette, mais ses mouvements, et surtout ses yeux—mis en valeur par sa couleur sombre de son corps—sont d’une assez rare expressivete (feline) tout simplement bluffante.
Les messages vehicules par le film, entre denonciation des prejuges, l’opposition du pacifisme contre le va-t’en-guerre, la communication, la confiance, la remise en question des ordres / traditions etabli(e)s, l’opposition a l’authorite parentale et un clash des generations, la maturite, le respect d’autruit eleve egalement la barre de quelques crans, ce qui ne peut etre que dans le bien des plus jeunes spectateurs. Si beaucoup de ces elements sont en partie presents dans des recits d'animation de type "classique", frequemment l'inclusion n'est pas toujours heureuse et le carnet de charges avec ses "figures imposees" a tendance a se faire au detriment de la fluidite du recit.
L’on voit qu’on a donc affaire a un projet bien muri et reflechi, qui ne prend pas son public, ni pour des naifs, ni pour des…enfants (au mauvais sens du terme), ciblant au-dela des clichés, des redondances ou meme des facilites.
En fait, le seul reproche a faire peut-etre(?), serait la voix originale du hero, voix qui sonne trop comme celle d’un adulte (Jay Baruchel, le doubleur etant age de ving-huit ans et ne transformant en rien sa voix), ainsi qu’un certain persiflage dans les dialogues, tenant par moment plus du standing-comedian que de l’enfance passee dans une village viking. Mais, cela ne gache en rien le bonheur de la vision d’un film qui gagne facilement ses galons de classique instantane.
A voir absolument, par les plus petits, les moins petits, et les...franchement grands aussi

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How to Train your Dragon: 5 / 5
P.S. Decouvert par hasard (je n’avais aucune intention d’aller voir le film au cinoche) dans un avion de retour vers le Japon, j’ai fini par enchainer deux visions du films d’affilee sur le meme vol(!)

, pour ensuite emmener ma petite famille au cine (la version en 2D, doublee nipponne)) le week-end passe, et suite a un enthousiasme unanime, on vise une re-belotte (en 3D, cette fois) ce week-end. En 4 semaines, 4 visionnages, ca fesait longtemps que ca n’etait plus arrive a bibi, et ca fait plutot du bien. Nous attendons d’ailleurs avec impatience la sortie en DVD!

En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.