Les annees 70s auront connu un “boom” de la science-fiction plus “mature”, suite au succes international de notamment 2001: A Space Odyssey (1968).
Paradoxalement, devenue aussi plus “terre-a-terre”, la science-fiction se fait plus le relais des grandes angoisses du moment: surpopulation pour Soylent Green (1973) ou Zero Population Growth (1972), menace de guerre biologique pour The Omega Man (1971), vision psychedelico-hippie de l’avenir pour Zardoz (1974), en attendant de retrouver son cote escapism (echappatoire) avec Star Wars (1977) et le space-opera avec Star Trek: The Motion Picture (1979).
La s-f se manifestera cependant aussi a la television, soit par l’achat de produits televisuels etrangers ou via le truchement de productions locales. L’Angleterre deviendra un vivier de series tv (Moonbase 3 (1973), Dr. Who (1963 a 2005) ), dont le boom commence en partie dans les annees 60s continuera bon train dans les annees 70s.
L’Europe continentale semble rester plus en reste, peinant sans doute plus pour des raisons culturelles et surtout financieres. Cependant, l’Allemagne connaitra justement une periode assez faste pendant la decennie des annees 70s. Les chaines de televisions (toutes nationales) se fendront de productions peu connues en-dehors des frontieres allemandes ou germaphones et qui cibleront une approche resolument mure (Will Tobler und der Untergang der Sechsten Flotte / Will Tobler et la Destruction de la 6eme Flotte (1972), Operation Ganymed (1977) ), experimentale (Die Delegation / La Delegation (1970) ), reflechie (Fleisch / Viande (1979) ), critique (Das Millionenspiel / Le Jeu au Million (1970) ), visionaire (Die Welt am Draht / World on a Wire (1973) ), voire carrement premonitoire (SMOG (1973).
Cette approche permit a certaines productions de continuer de generer au-dela d’un phenomene “culte” outre-Rhin, un impact certain, et ce, jusqu’a vingt-cinq ou trente annees apres leurs diffusions, vingt-cinq ou trente annees pendant lesquelles ces metrages n’ont peu ou prou ete re-diffuses ou n’ont nullement ete disponibles sous quelque support que ce soit.
A ce titre, Rainer Erler, realisera notamment cette co-production germano-austro-suisse.
Si l’inspiration semble d’abord se chercher du cote du pitch de Planet of the Apes (1968) ou World without End (1956), elle tend cependant quant au fond, plus vers
Spoiler : :
L’histoire developpe le sujet, se basant tant sur des flash-backs que sur la situation presente, donnant ainsi de l’epaisseur a ses protagonistes, ainsi que de precieux indices quant a leurs etats mentaux respectifs via leurs actes ou erreurs passes, voire a leurs aspirations ou phantasmes, resultants souvent d’esprits mis a rude epreuve pendant de longues annees et que le retour sur leur planete-mere ne laissera pas se reposer pour autant.
L’interpretation est de haute volee, et compte notamment les acteurs allemands Horst Franck, déjà connu dans le circuit europeen (Les Tontons Fingueurs (1963), Le Pistolo non discutono (1964), L’Homme de Suez (1983) ), qui se concentrera plus sur l’Allemagne par la suite, ainsi que Jurgen Prochnow, (Das Boot / Le Bateau (1981), Beverly Hills Cop II (1987), Judge Dredd (1995) ), qui moins experimente a l’epoque, finira par tourner d’avantage aux USA.
Le reste du casting, tel Dieter Laser (Der Blaue Palais / Le Palais Bleu (1974), Lexx (1997) ), fera carriere surtout sur l’Allemagne dans des produits de “genre” et Uwe Friedrichsen (John Klings Abentueur / Les Aventures de John Kling (1965), Stadt ohne Sheriff / Une Ville sans Sheriff (1972), Schwarz, Rot Gold / Noir, Rouge, Or (1982), qui travaillera surtout dans le girond televisuel.
Du cote production-values, il semble ne faire aucun doute que le realisateur a beneficie de l’aide d’une agence spatiale en ce qui concerne ses decors interieurs du vaisseau spatial, mais aussi les vehicules d’exploration extra-terrestre les combinaisons d’Astronautes ou designs techniques utilises (une navette spatiales, quand meme!). Ceux-ci, garde un encore de nos jours un cachet “realiste” et encore credible, car aucun “vieillissement” n’est a deplorer dans la technologie utilisee.
Certains effets speciaux comme les ecrans bleus passent nettement moins les annees, (tout comme la musique d’ailleurs, qui tres souvent tient souvent plus de la musique d’ascenseur qu’autre chose…), mais l’ensemble est solide, technique et parvient a coiffer au poteau la serie britannique Moonbase 3 (1973) qui fesait un tantinet trop “statique” dans sa station lunaire.
Rainer Erler (Die Delegation / La Delegation (1970), Fleisch / Viande (1979) ), un realisateur de “genre” pour la television allemande, maitrise tres bien les enjeux de son recit, son casting etroit et 100% masculin(!), ainsi que sa realisation tant dans l’etroitesse du vaisseau spatial que dans les etendues desertiques du Mexique, pour livrer un mélange assez audacieux entre s-f, survival et aventure, ou qui de la folie et la mort, ou de l’espoir et la survie dependra des nerfs d’un tout a chacun…Un genre de films peu vu a la television a l’epoque, et encore moins depuis…
A voir, car un bon telefilm, joue par de tres bon interpretes, le tout gere par un realisateur dont on ne peut que saluer l’amour—sincere et efficace—du “genre”.
Operation Ganymed: 4 .25/ 5