Lovedeath - Ryuhei Kitamura (2006)

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savoy1
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Lovedeath - Ryuhei Kitamura (2006)

Message par savoy1 »

Pour ce polar, Kitamura, délaissant ses domaines de prédilection fantastique/sf, pousse la manière Miike dans ses derniers retranchements et fonce droit dans le mur. Adapté d’un manga, « 69 », un point de non retour dans le film de yakusa « déjanté ».

Prenez un jeune qui prend la poudre d’escampette avec la nana du boss dont il est tombé amoureux, laquelle a au préalable détourné plusieurs millions de yens en compagnie d’un policier véreux. Ajoutez à cela tous les personnages qui se lancent aux trousses des tourtereaux et du magot, soit les hommes de main en costard-cravate dont deux gays, une bande de tueurs clownesques, cheveux colorés à la Dragonball et chapeau de carnaval à l’appui, et d’autres flics tout aussi ripoux. Et c’est parti pour ce qui se voudrait l’habituelle course-poursuite délirante à la sauce nippone v-cinema. Ce sont malheureusement plus de 2h30 quasi interminables qui nous attendent, la faute à des scènes qui tirent en longueur au-delà du raisonnable, n’offrant que très peu de rebondissements et aucune situation non attendue.
Tel Miike, Kitamura nous réserve bien de temps en temps quelques incongruités, une séance de torture infligée par un cinéphile accompagné de sbires en string latex, des coups de feu qui font littéralement exploser membres et têtes, un mec percuté par une voiture qui s’envole dans les airs, mais bon, rien d’original dans le contexte de ce genre de cinoche. Et surtout c’est tellement servi au compte-goutte, et de plus très con, que cela n’éveille vraiment pas l’intérêt. La provocation pipi-caca est aussi au rendez-vous avec le maffieux au pistolet-godemichet qui se fait dézinguer le sexe au petit calibre, son attribut finissant dans la gueule de son bouledogue. Ah, ah, ah …. je ris. Bref, je crois que je commence à en avoir trop vu de ce genre d’humour.
Là où Miike arrive à nous surprendre, certains de ces films finissant de toute autre façon que celle par laquelle ils ont commencé, Kitamura ne sort finalement pas des rails. Ce ne sont que palabres et dialogues azimutés dans des décors réduits au minimum, métronomiquement entrecoupées des défouraillages virant au gore / trash à la petite semaine. Et comme dit plus haut, scènes tirant en longueur, pour très peu de séquences différentes au final. Le montage est vraiment peu dynamique, les mouvements de caméra habituels chez Kitamura peu présents. C’est un statisme minimaliste propre au cinoche japonais qui ressort du métrage, provoquant à plusieurs reprises désintérêt et torpeur. A peine relevés d’une pointe de romantisme dans le vent.
Quelques acteurs habitués aux univers de Kitano et Miike viennent prêter leur contribution aux côtés des belles gueules à la J-pop. Là au moins, on ne pourra pas reprocher le manque de personnages secondaires. Si au moins ceux-ci étaient caractérisés de plus d’un trait vestimentaire ou de caractère, mais ce ne sont que silhouettes et fonds de décor.

Donc c’est long, chiant, pas beau. Est-ce à conseiller, même aux fans invétérés de Kitamura ? Personnellement, il va me falloir un moment pour me redonner envie au genre.
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