Yu est un boxeur impulsif. Il est le meilleur de son école mais refuse de laisser passer les injustices. Voilà qui tombe mal car justement, alors qu'il vient boire un pot avec quelques potes, il tombe nez-à-nez avec les membres injustes du gang des crochets. Yu les rosse avec aisance mais de retour à son école, son Maître le puni pour avoir fait mauvais usage de son art. Pour le Maître du gang des crochets, trafiquant d'opium à ses heures, la punition n'est pas suffisante et Yu doit mourir. Une première attaque contre l'école de Yu se solde par un cuisant échec. Aussi, le gang des crochets fait-il venir des experts martiaux de tous horizons. Les meilleurs. Ces démons exterminent l'école de Yu, tue le Maître et tranchent le bras droit de notre héros. Mais ce dernier ne saurait s'avouer vaincu. Recueilli et soigné, Yu s'impose une transformation physique incroyable faisant de son unique bras une arme incroyablement létale. A l'issu de cette épreuve, Yu repart en guerre...
En 1970, Jimmy Wang Yu est au fait de sa gloire et a déjà derrière lui un joli parcours à la Shaw Bother. Il a été le partenaire de Cheng Pei Pei dans Golden Swallow (aka Le retour de l'hirondelle d'or) et un acteur magnifique dans les One-Armed Swordsman (aka Un seul bras les tua tous, sorti à l'époque sous le titre Le Manchot de Hong Kong) et Return Of The One-Armed Swordsman (aka Le bras de la vengeance) de Chang Cheh. Mais Wang Yu se sent comme un fauve en cage, il est bridé et souhaite passer à la réalisation. La Shaw lui offre le poste convoité. Wang Yu sera acteur, scénariste et réalisateur de The Chinese Boxer (aka La vengeance du tigre, sorti chez nous sous le titre Karaté à Mort pour une Poignée de Soja), un film d'une incroyable sauvagerie mais aussi le film précurseur d'une nouvelle ère, celle du Kung-fu (succédant à l'ère du Wu Xia Pian), avant l'arrivée de Bruce Lee ou du King Boxer (aka La main de fer) de Jeong Chang Hwa. Pourtant, ça ne suffit pas à Wang Yu qui se sent toujours à l'étroit et fait le choix de quitter la Shaw Brother pour rejoindre la toute jeune Golden Harvest. Une décision sans doute malheureuse car elle va le confronter directement en 1971 à l'autre "boxer" de la Golden Harvest, Bruce Lee...
The One Armed Boxer sort donc la même année que Big Boss. Je n'ai pas les chiffres du box-office sous les yeux, faudra que je cherche. Quoiqu'il en soit, si les deux films sont des monuments de violence à main(s) nue(s) (une seule main pour Wang Yu !

Dans The One Armed Boxer, Wang Yu part donc d'un postulat classique (première altercation, rivalité entre écoles, puis combat) pour très vite s'envoler vers quelque chose qui ne c'était alors jamais vu. Attention, on ne parle pas ici des classiques sauts phénoménaux ou d'armes virevoltantes comme on en a vu des milliers dans les Wu Xia Pian. Non, dans le film de Wang Yu, on a droit a des combattants de différentes nationalités dont l'art va du "quasi-normal" (les boxeurs Thaïs) au totalement improbable. Le yogi par exemple dispose d'un "coup spécial" durant lequel il se met à sautiller sur les mains pour hypnotiser son adversaire. Le Maître du Karaté dispose de dents de vampire

Bref, nous naviguons en plein délire et même si ce n'est là qu'un délire "soft" par rapport au second opus, force est de reconnaitre que ça surprend ! Wang Yu se plait clairement à passer les bornes et si sa réalisation est bien souvent inspirée (cadrages, décors, travellings etc.), les images qu'il met en scène sont pour le moins curieuses ! Le réalisateur / acteur fait de lui-même un super-héros improbable, à la limite de la parodie du manchot qu'il fut pour la Shaw. Ce nouvel infirme renforce ainsi son bras en tuant tous les nerfs qu'il contient et peut maintenant rivaliser avec le Yogi en se déplaçant, tête en bas, sur un seul doigt !


Outre ça, le film est à mon sens très agréable. Je l'ai vu deux fois dans des conditions "difficiles" (fin de soirée, fatigue etc.) et c'est le type même de film qui garde éveillé, surprend, étonne, fascine. J'aime beaucoup.
De mémoire, on a un mec (le Maître Karateka) qui sort une phrase genre "Je ne suis pas fatigué et la seule façon que j'ai de me détendre, c'est de me battre et de tuer quelqu'un". Réplique monstrueusement bis mais tellement sympathique quand on la replace dans le contexte d'un film aussi ludique que ce The One Armed Boxer ou ça suite Master of the Flying Guillotine pour laquelle je remets le lien ici :
http://www.devildead.com/forum/viewtopi ... =3&t=25206
PS : A noter que imdb sert (encore une fois) de véhicule à une connerie puisqu'il est dit que le "Gang des crochets" du film est l'inspiration de Stephen Chow pour le "Gang des haches" de Kung Fu Hustle. J'en doute fort puisqu'il est évident que le "Gang des haches" est le reflet du "Gang des haches" de The Boxer From Shantung (aka Le Justicier de Shanghai aka La Brute, le Bonze et le Méchant)