
Daniel, un jeune homme qui gagne sa vie en retapant des appartements, se voit harcelé par un personnage étrange qu'il a croisé dans le métro et qui se dit amoureux de lui...
Dans les années 90, la carrière de Chéreau était sans doute au sommet de sa popularité, avec la co-production européenne "La reine Margot", l'excellent accueil critique de "Ceux qui m'aiment prendront le train" et enfin l'Ours d'Or ramené du Festival de Berlin pour "Intimité". Depuis, ses films ont généré moins d'enthousiasme, en particulier le dernier sorti avec des critiques mitigés et dans une indifférence du public quasi-total.
Ce "Persécution" a été curieusement promu sur un argument de thriller psychologique (un intrus s'immisce dans la vie d'un jeune couple), mais, en voyant le film, ce personnage joué par Jean-Hugues Anglade n'a qu'un rôle assez secondaire. Le début du métrage commence comme un film sur les tensions urbaines, la paranoia, le harcèlement, mais dès l'arrivée de Charlotte Gainsbourg, il bascule dans un drame psychologique bien français, avec des je t'aime/je t'aime pas/je sais plus, des cris des larmes... Il s'en suit un film assez banal, avec un fort goût de déjà-vu, une déambulation qui ne mène pas loin.
Pourtant, Chéreau parvient à saisir un peu de l'air du temps assez finement dans la peinture de ce jeune couple qui croient qu'on peut vivre une histoire d'amour comme on planifie une carrière (en parlant de leur idylle, ils emploient des mots comme "intérim", "acheter"...) et font preuve d'une certaine naïveté à l'égard de la vie (tout gain est le résultat du travail, de l'investissement en temps et en effort). L'intrusion du Fou, le comportement de leur entourage va leur rappeler qu'il en est autrement, que le sentiment amoureux, facilement obsessionnel et destructeur, est riche de ses paradoxes.
Un film un peu bateau, certes, forcément décevant de la part d'un vétéran comme Chéreau, et en plus peu aidé par un titre, un marketing et un prologue trompeurs, "Persécution" se regarde tout de même, avec ses moments touchants, tout en restant assez mineur.

Vu sur le bluray Arte vidéo, bonne copie 2.35 HD ; ce n'est certainement pas un disque très spectaculaire, mais le résultat d'ensemble est de bonne tenue, avec juste deux ou trois arrières plans aux dégradés un peu suspects. Bande son DTS Master honnête.