Le Rape & Revenge ne fait vraiment pas partie de mes genres de prédilection. J'aime les films qui dérangent et qui font mal – je trouve toujours intéressant d'explorer les tréfonds de la psyché humaine et les ramifications de ce que l'on subit. Mais il m'est franchement difficile d'avoir comme spectacle divertissant sous les yeux la dégradation et l'humiliation suprême d'une femme. A ce titre, I Spit On Your Grave est à mon humble avis l'un des films les plus misogynes et peu crédibles en existence. Le fantasme masculin dans toute sa splendeur. Tout le monde prend son pied – autant les bourreaux que la femme qui se venge et s'en va à la fin, un petit sourire satisfait sur le visage. A gerber.
Je me demande si la vengeance ne serait pas un concept plus masculin que féminin. Je ne suis pas sûre qu'une femme se contenterait d'un coup de fusil dans la tronche, elles sont bien trop vicieuses pour ça

Elles ne s'abaisseraient jamais non plus à faire une fellation à son violeur dans le seul but de se venger, croyez-moi sur parole... En ce qui me concerne, le désir de me venger ne me vient pas à l'esprit envers quelqu'un qui m'a fait du mal mais si je devais me venger, il faudrait que la personne le sente passer. Pour se venger vraiment, on ne tue pas la personne, on tue toute sa famille sous ses yeux et on le laisse en vie mais hémiplégique pour qu'il ait le temps de réfléchir au pourquoi du comment.
L'image la plus connue de ce film – Lindberg avec son « eyepatch » et qui pointe un fusil à pompe – m'a toujours intriguée (ne rentrons pas dans un débat Freudien à propos des femmes et des flingues !) mais j'ai toujours entendu dire que c'était un film plutôt chiant et « pas pour toi ». Ah bon ? Moi, il m'a retournée... Déjà, il porte bien son nom – A Cruel Picture. Le rythme peut sembler lent mais cela ne fait que renforcer l'aspect très pénible de ce qu'endure Madeleine. Excellente idée de la rendre muette – tout passe par son regard, l'expression de son visage et son comportement. Et Dieu que Lindberg est belle ! Excellente idée aussi de filmer les meurtres au ralenti comme pour les mettre en parallèle avec l'étirement de sa souffrance. Et le choix de la BO est superbe, surtout à la fin.
Ce qui peut rebuter, c'est que le film soit si elliptique à en devenir presque abstrait. Il faut vraiment lire entre les lignes même si on comprend très bien son calvaire. Il n'y a pas d'inserts hard dans la copie que j'ai, j'imagine qu'ils apparaissent dans la première partie, quand Madeleine reçoit des clients ? Pour ma part, je n'en ai pas eu besoin pour ressentir son humiliation et sa souffrance. On imagine très bien comment tout cela la déshumanise et qu'elle veuille reprendre le contrôle de sa vie. Mais elle reste néanmoins une victime, un instrument de ceux qui ont fait d'elle ce qu'elle est devenue. Et le film est ainsi fait qu'on ne peut s'empêcher de ressentir quelque chose pour le gars à la fin (et quelle fin – terrible !). Et c'est là où la question se pose : quelle vengeance est à la hauteur de ce qu'on a subi ? En allant jusqu'au bout, on ne s'élève pas au-dessus de notre bourreau, on se rabaisse au même niveau que lui. Et quelle vie aura-t-on après ? Dans l'optique de se venger par une telle violence brute, la seule issue logique et crédible, c'est le suicide soit par soi-même soit par armes policières interposées. Tuer à tour de bras est une forme d'autodestruction, on annihile tout ce qu'on est (Madeleine sème mort et destruction partout où elle va jusque dans le grand nombre de voitures accidentées/exploqsées vers la fin) – l'art est dans la façon de le présenter. Meir Zarchi n'a rien compris. Vibenius, bien davantage.
Je pense que ce genre de sujet (viol,vengeance) est trop délicat à mettre en images sous pure forme d'exploitation. Certaines personnes prennent leur pied en regardant des femmes se faire battre et violer mais soyons honnêtes, elles constituent une minorité de personnes psychologiquement dérangées et non le cinéphile habituel... Bien que la femme a toujours été un objet de désir et de souffrance dans le cinéma de genre, on est quand même très, très loin de l'érotisation des meurtres d'un giallo, par exemple.
(Vu sur le DVD Z1 Synapse Jaquette jaune dons sans inserts hard, 104mns)