A trente ans passé, le comte Fernando, alias Didino, vit encore dans les jupons de sa possessive de mère, la comtesse Mafalda. Travaillé par un fort complexe d’Oedipe, celui-ci aspire à perdre rapidement sa virginité mais échoue systématiquement dans rares tentatives d’entrer en contact avec le sexe opposé. C’est alors que Driade, la gouvernante du château, meurt accidentellement, obligeant la comtesse à engager la jeune et jolie Angela.

Encore une bonne surprise en provenance de la trop méconnue filmographie de Luciano Salce. Librement inspirée de l’opéra théatral de Rafael Ascona et Luis Garcia Berlanga Nelle giorno dell’onomastico della mamma, cette tragi-comédie revisitant le complexe d’Oedique sur fond de critique sociale (association laissant fortement transparaitre l’origine iberique du sujet) marque la première rencontre cinématographique entre Luciano Salce et l’acteur Paolo Villaggio. Suivront 6 autres collaborations s’étalant sur 6 ans.
A l’image de son excellent Basta guardarla, comme plus généralement de l’oeuvre de Salce dans son ensemble, Alla mia cara mamma nel giorno del suo compleanno ne craint pas de mélanger les influences comiques ni de jouer sur les ruptures de ton. On passe donc de la satire la plus acerbe, tapant joyeusement sur une aristocratie à l’agonie, au comique le plus gras, voire le plus scabreux (cf. les jeux érotiques de Didino ou sa relation pas très saine avec sa mamma, qui flirte tout de même de près avec l’inceste), en n’hésitant pas à conclure cette farce de façon assez radicale, sans guère se soucier du confort du spectateur. Un final qui laisse d’ailleurs à penser que le récit originel était beaucoup plus sombre que l’adaptation qu’en ont livré ici Sergio Corbucci, Massimo Franciosa et Salce.
Comme dans les subsquents Il ... belpaese ou Vieni avanti cretino, on pourra toutefois reprocher à Luciano Salce la relative platitude formelle de son travail – Basta guardarla avait à ce titre nettement plus de cachet – le cinéaste me semblant ici lorgner davantage du côté de la veine neo-réaliste de la comédie italienne, façon Germi, Monicelli ou Loy – on notera d’ailleurs, comme chez ce dernier, l'extrême retenue avec laquelle il recourt à l’accompagnement musical - mais sans vraiment se fatiguer, sans chercher à apporter quoi que se soit de neuf au concept.
Quant à l’interprétation, elle tape sans surprise dans le A+, avec 3 interprétes principaux rôdés aux emplois respectifs qu’on leur demande de tenir : Paolo Villaggio dans le rôle du couillon, Lila Kedrova dans celui de la mère aristo possessive et Eleonora Giorgi dans celui, très peu couvert, de l’aguicheuse ingénue.