Un documentaire foisonnant retraçant l’histoire et l’évolution du cinéma d’exploitation US, de Thomas Edison aux Dents de la mer. Ce cinéma qui aura alimenté des décennies durant les désormais fameuses salles « grindhouse », dans lesquelles on se rendait autant pour dormir que regarder des films dixit un commentaire. Tous les genres sont passés en revue, du film d’accouchement ( !) aux invasions animales, en passant par les cutie nudies et les biker movies, la blacksploitation et la nazisploitation. Abordé sous forme de chapitre, suivant les bouleversements de la société et de l’industrie du cinéma, chaque thème est illustré par affiches, photos, coupures de presse, très courts extraits, chutes de tournage et interventions de diverses personnalités, historiens du cinéma, réalisateurs, scénaristes comme passionnés du genre.
Narré par Robert Foster, rarement aura-t-on vu un tel défilé de titres abordés, de documents et de témoignages dans le cadre de ce style de documentaire, il suffit de voir la longueur du générique de fin, digne d’un gros blockbuster ricain. Je ne sais pas comment les auteurs se sont débrouillés au niveau des droits pour se procurer tout cela, il en résulte en tout cas une mosaïque étourdissante. Du muet avec des nanas en petite tenue, un discours de Hayes lors de la présentation de son fameux code, des visions particulièrement crues de roughies dont la série des Olga, un Jésus blond se faisant tabasser par des néo-nazis au détour d’une ruelle (je n’ai pas retenu le titre de celui-ci), autant d’images rares venant s’intercaler entre les extraits d’œuvres plus cultes les unes que les autres, de Freaks à Ilsa, en passant par Blood feast ou la Dernière maison sur la gauche. Sans oublier les poitrines des héroines de Russ Meyer ou celle de Pam Grier ! Au niveau personnalités du cinoche de genre, on est tout autant gâté avec, au hasard, les apparitions de Herschell Gordon Lewis, Jack Hill, David Hess ou Don Edmonds peu avant sa disparition.
C’est bien simple, ce document n’est ni plus ni moins que l’équivalent de nos gros bouquins alignés amoureusement sur nos étagères. La différence, fondamentale, étant bien entendu qu’au niveau consultation, c’est pas du tout la même chose. Il faudra une édition numérique avec un imposant chapitrage pour retrouver ses petits dans ce maelström de références. Passé l’immense plaisir de voir toutes ces images s’animer, là est évidemment la limite de cette encyclopédie visuelle.
D’ailleurs, petit souci de visionnage à signaler, il est parfois impossible d’un seul regard d’embrasser sous-titres, cartons, titres des affiches et présentations des intervenants, infos et visuels se succédant à un rythme plus que soutenu, quand ils ne s’entrechoquent pas. Cela ne fait qu’en rajouter au niveau du vertige éprouvé.
En tous les cas, aucun tabou à signaler quant aux sujets abordés et aux images présentées, sensationnalisme et rentre-dedans sont au menu, tels les pavés de presse de l’époque. Et question souvenirs des réalisateurs et scénaristes, pas de langue de bois, le pragmatisme et l’appât du gain typiquement ricains ressortant au détour de chaque phrase. Beaucoup ont œuvré pour payer leurs impôts ou pour flatter les plus bas instincts de spectateurs en demande (nous, quoi !). Lewis Teague ou Don Edmonds crachant sur la médiocrité des scripts qu’on leur proposait, respectivement l’Incroyable alligator et Ilsa la louve SS, John Landis le plus souvent hilare dans ses commentaires, oui décidément, on n’a pas là affaire à des « auteurs » qui se la pètent ou prétendent à quoi que ce soit d’autre que le divertissement, quitte à déprécier quelque peu les objets de notre passion. Mais bon, tout le monde joue le jeu, apprécions-le à sa juste valeur.
On ne sait pas où donner de la tête, vous aurez compris que je n’ai pas cité un quart de ce à quoi on a droit, c’est un documentaire incontournable pour tout cinéphage qui se respecte. A quand l’équivalent pour le bis rital ?
[doc] American grindhouse - Elijah Drenner (2009)
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Re: [doc] American grindhouse - Elijah Drenner (2009)
Présenté Hors Compétition au Festival de Gérardmer 2011, le film est chroniqué sur le site :
http://www.devildead.com/indexfilm.php3 ... house-cine
http://www.devildead.com/indexfilm.php3 ... house-cine
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?