Chronique d'une mort annoncee a Rome

[bluesoul]

Article paru dans "Le Monde" du 25 Decembre.

Les cinéphiles romains privés de Metropolitan
| 25.12.10 | 14h12 • Mis à jour le 25.12.10 | 14h12

Il résistait comme il pouvait, en haut de la via del Corso, à Rome, près de la place du Peuple. Tout autour, les magasins de nippes griffées "made in Italy" l'avaient peu à peu assiégé. On sentait ses heures comptées. Désormais on connaît la date de sa mort probable. Le cinéma Metropolitan, une des très rares salles romaines à diffuser les films en version originale, fermera le 9 janvier 2011, soit dix jours après que les échos des fêtes célébrant le 50e anniversaire de la sortie de La Dolce Vita, film définitif sur la Rome de toutes les nostalgies cinéphiliques, se seront tus.


L'onirisme déambulatoire de Federico Fellini n'est décidément plus de saison. Place à la comptabilité, aux cost killers, aux ratios et à la finance. La société Fininvest Immobiliare, dirigée par le président du conseil Silvio Berlusconi, a décidé de vendre les murs dont elle était propriétaire. A la place s'installera un magasin Benetton. La pétition de milliers de cinéphiles romains est restée lettre morte. La Fininvest encaissera 30 millions d'euros dans cette opération, une goutte d'eau dans la fortune de M. Berlusconi.

Les derniers espoirs des cinéphiles reposent désormais sur la promesse du président de la commission à la culture de la ville de Rome, Federico Mollicone, selon qui "la ville n'accordera pas aux nouveaux propriétaires le changement de destination du bâtiment". La réglementation en vigueur permet de réserver à des activités commerciales jusqu'à 50 % de la surface initiale d'un cinéma. Au mieux, le Metroplitan risque d'être réduit à la portion congrue.

La nouvelle ne devrait pas bouleverser l'Italie, où la version originale est perçue comme un oubli, voire un snobisme. Prompts à se déclarer "meilleurs doubleurs du monde", les Italiens ne supportent en général pas les sous-titres. Un trait revendiqué qui masque en réalité une réelle volonté protectionniste, le doublage faisant vivre de nombreux comédiens.

ATTITUDE DÉSINVOLTE

Cette disparition d'un des temples de la cinéphilie romaine met une nouvelle fois en lumière l'attitude désinvolte des pouvoirs publics vis-à-vis de la culture. Depuis plusieurs mois, les professionnels du secteur dénoncent les coupes budgétaires qui mettent en péril leur activité. Mais le ministre de la culture, Sandro Bondi, paraît plus intéressé par sa fonction de responsable du parti majoritaire que par les récriminations de ses administrés.

Fin d'une époque ? Les studios de cinéma où Fellini avait sa chaise pliante et son couvert seront bientôt l'objet d'un parc à thèmes, dont l'ouverture est prévue pour 2012. "L'usine à rêves" et son fameux studio 5, où ont été tournés Ben Hur, Cléopâtre et... La Dolce Vita, cherchent également de nouveaux débouchés financiers.

Philippe Ridet

[Superwonderscope]

J'y suis allé à plusieurs reprises (la première, c'était voir LA NUIT DES MORTS VIVANTS de Tom Savini il y a 20 ans iet la dernière, c'était pour MINE VAGANTI/LE PREMIER QUI L'A DIT)

Mais

Autant je trouve cela triste (car le cinéma, sa devanture, sont superbes), autant ces articles me font doucement rigoler. Il n'y avait jamais PERSONNE dans ce cinéma! Toutes les séances auxquelles j'ai assistées étaient désespérément vides, hormis Mine Vaganti où nous étions une vingtaine.

Si "l'attitude désinvolte" des pouvoirs publics italiens est claire, il existe une sorte d'incurie générale vis-à-vis de la culture actuellement, il y a aussi le maire de Rome qui n'en a globalement rien à faire, le propriétaire qui est là pour faire de l'argent... et également les spectateurs de manière générale, qui ont déserté les salles comme celles-ci. Mettre cela sur le dos seul de la société de Berlusconi me fait un peu rire. C'est la même position qu'adoptent les propriétaires des murs des cinémas en France, et en Europe.

Quant à la vo, la taxer de snobisme, je sais pas vraiment si l'auteur de l'article peut autant généraliser que cela. C'est un peu la même position que paris peut posséder vis-àvis de la province en France sur la part VO/VF.

C'est triste, certes, mais c'est là où on réalise que le cinéma est AVANT tout une économie et ensuite un art...