Un policier en fin de carrière doit encore s'atteler à une affaire de crimes sadiques avant de prendre une retraite bien méritée. Les victimes sont achevées à coups de piolet et les indices dans cette sordide affaire sont bien minces. L'enquête piétine, d'autant que son supérieur hiérarchique s'échine à lui mettre des bâtons dans les roues. Pourtant, avec l'aide de l'épouse d'une des victimes, Delaney progresse, pas à pas. Il finit par soupçonner un homme irréprochable, habitué à louvoyer dans les hautes sphères. Il lui manque toutefois une preuve irréfutable pour ferrer ce gros poisson...

Avant dernier film de Brian G. Hutton (Quand les aigles attaquent, De L’or pour les braves), lequel aurait apparemment abandonné le cinéma au milieu des années 80 pour se lancer dans la … plomberie (!?), The First deadly sin offre son ultime rôle vedette à Frank Sinatra, lequel incarne un détective lui-même sur le point de gouter une retraite bien méritée, non sans avoir régler au préalable une mystérieuse affaire de meurtres au pic d’escalade.
Se distinguant prioritairement par son impeccable ambiance noire urbaine, plus morose que vraiment poisseuse, qu’entretiennent une photographie à l’âme 100 % seventies, sentant bien la pierre et le bitume new-yorkais, et un assez surprenant score jazzy très old school (presque trop à l’ancienne d’ailleurs … on frôle le ton parodique sur 1 ou 2 séquences), ce First deadly sin confronte un Sinatra d’une exemplaire sobriété à un supporting cast de premier choix. On soulignera au passage le sens de l’abnégation de Faye Dunaway, qui endosse ici un rôle particulièrement ingrat, la pauvre ne faisant que comater sur un lit d'hôpital pendant tout le film.
Pour ce qui est de l’intrigue policière elle-même, à l’évidence le film ne cherche pas à jouer la carte du twist qui tue ou celle du suspense échevelé. Rien n’est fait pour nous masquer l’identité du tueur, et l’enquête de l’inspecteur Sinatra s’avère des plus classiques, limite pépère, jusque dans son dénouement, anti-spectaculaire au possible. Le rythme semble même ralentir au fur et à mesure que le film avance, au point d’en déstabiliser légèrement le spectateur dans la dernière demi-heure.
Autre aspect notable de ce curieux polar : la personnalité de son serial-killer, sortant plutôt du tout-venant pour l’époque, puisqu’on ici affaire à un yuppie névrosé, évidemment bien sous tout rapport, sorte d’esquisse du futur Patrick Bateman d’American Psycho.
A noter que le film devait être dirigé à l’origine par Roman Polanski, avant que ses ennuis avec la justice américaine n’en décident autrement.
Diffusé récemment sur Ciné Polar. Titre français : De Plein fouet.