Une jeune femme s’interesse vivement a l’etablissement pour malades mentaux de Bedlam et aux possibilites de reformation de ce dernier. Se fesant, elle se heurte neanmoins au cruel maitre (et seigneur) des lieux, Tombant dans un piege cruel, elle fera l’experience de l’institution…de l’interieur…
“Bedlam” est l’un des nom donne a l’asile de St. Mary's of Bethlehem a Londres..
Si initialement, Bedlam est une des institutions les plus anciennes consacree aux malades mentaux, il faut aussi longtemps connus pour ses mauvais et inhumains traitements et la cruaute qui y regna.
Cree comme priaure en 1247, il devenu un hopital en 1337, et fut déjà connu (et redoute) pour certains (mauvais) traitements des 1620.
En 1700, les “fous” gagnerent leur qualite de “patients” et furent divises en “curables” et “incurables” pour ensuite etre separes entre 1725 et 1734.
Au 18eme siècle, il etait de bon ton pour les “bonnes gens” de se rendre a Bedlam, comme a la foire, et d’y regarder les fous, assistant a leurs frasques sexuelles ou violentes. Les visiteurs purent meme s’y rendre avec des batons qu’ils utiliserent pour attiser la folie des patients.
William Hogarth, peignit une serie appelle "La Carriere d’un Libertin"—un ensemble de tableaux en 1735 ayant Bedlam comme sujet et depeignant le fils—immoral et pecheur—d’un riche marchand, qui fut enferme a Bedlam. En effet, a l’epoque, la "folie" resultait plus de faiblesse morale, et la “folie morale” fut souvent diagnostiquee. C’est au passage ce meme tableau qui servira d’inspiration pour ce film.
En 1815, l’hopital fut demenage et femmes et hommes furent separes. L’on en profita pour les rebaptiser les patients en “moins fortunes”. Une bibliotheque bien fournie, des concerts eurent lieus. En 1930, un nouveau demenagement eu lieu, annoncant la transformation finale des lieux en un etablissement plus en phase avec une ere moderne et…humaine…Enfin…
Boris Karloff (Frankenstein (1931), The Old Dark House (1932), The Black Cat (1934), Charlie Chan at the Opera (1936) ) joue a merveille le feroce “seigneur” de Bedlam. Tout en se retenant, il laissera transpirer une jouissance sadique pris entre une certaine honnetete (pour l'epoque en question) dans la facon avec il apprehende sa fonction et ses “patients”, et la satisfaction abusive qu’il en tire.
Anna Lee (King Solomon’s Mines (1937), Hangmen also Die! (1943), The Ghost and Mrs. Muir (1947) ) interprete la jeune femme qui demande a reformer les etables d’Augias qu’est Bedlam sous la botte de Karloff. Malgre une assez bonne interpretation, on aurait attendu un peu plus de fermete, surtout face a un Karloff bien sadique.
Richard Fraser (How Green was my Valley (1941), Cloak and Dagger (1946), Blackmail (1947) ) sera l’homme de foi (un Quaker) qui donnera a Lee sa conviction que ce qui se passé a Badlam doit s’arreter. Un role simple, peut-etre un peu trop “simple”, et pas tres subtil au final, mais neanmoins bien “rode” et execute.
L’un dans l’autre, le film, comme d’autre production Val Lewton, beneficie de beaucoup d’ambition, mais pas toujours des moyens de les mettre en oeuvre, et surtout du manque d’un “petit quelque chose” qui en ferait plus qu’un simple metrage destine a un “double-bill”.
Le sujet est fort, mettant en accusation une institution renommee, institution qui a gagne ses “lettres de noblesse” en attendant (et au fil de ses demenagement successifs—comme pour se “refaire une virginite”). Un film qui de part son sujet semble pre-dater Shock Corridor (1966), One flew over the Cuckoo’s Nest (1975), Chattahoochee (1989) et (indirectement) Midnight Express (1978). D’un point de vue interet et sujet, il bat egalement le contemporain Shock (1946) sorti la meme annee.
Malheureusement, son ambition doit un tantinet se mettre en retrait face a ses moyens, et meme si les costumes font illusion, les decors restent peu varies, l’infecte institution relativement propre et la presentation du drame biaisee envers les “bourgeois”, mais pas de la facon la plus convaincante. L’interpretation restera “bonne”, sans plus, et on aurait apprecie plus de cris et de douleurs (simulees) tant dans les corridors qu’a l’exterieur.
A noter aussi la scene de finale de Karloff qui rappelle le reglement de compte final—tout aussi hors de propos—de Midnight Express (1978).
Un film interessant,tant de par sa genese (une serie de tableaux) que de part son propos (une accusation en regle), mais qui manque d’une certaine mise en relief (sans doute le budget) et qui devra ainsi “couper dans le gras”, laissant un spectacle agreeable, mais un peu trop simpliste. A noter aussi, que dans le "cycle" de l'horreur / epouvante (psychologique, voire psychiatrique) selon Val Lewton, ce film apporte une cloture via (enfin) le traitement des maladie et par ce qui allait (via des institutions) devenir les premisces de la psychiatrie moderne, bouclant ainsi la boucle.
De nouveau, un film qui “aurait pu”, plus qu’un film “qui est”. A voir neanmoins, ne fut-ce que pour la vision du fantastique assez interessante qu’avait val Lewton.
Bedlam: 3.5 / 5
Bedlam (1946) – Mark Robson
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Bedlam (1946) – Mark Robson
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Re: Bedlam (1946) – Mark Robson
Effectivement, un film un peu "court" sur un sujet méritant plus de développements et de complexité, mais tout de même un drame gothique intéressant et assez original dans sa branche, bien réalisé, produit, interprété, avec un Karloff tout à fait savoureux en directeur d'asile sadique et hypocrite... Une bonne production Lewton/RKO !
Vu sur le dvd français montparnasse, avec des défauts (transfert entrelacé, rendu un peu pâteux, petits moirages...), mais qui reste tout de même globalement correct.
Vu sur le dvd français montparnasse, avec des défauts (transfert entrelacé, rendu un peu pâteux, petits moirages...), mais qui reste tout de même globalement correct.