King Rat - Bryan Forbes (1965)

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manuma
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King Rat - Bryan Forbes (1965)

Message par manuma »

La captivité dans l'enfer du camp de prisonnier de guerre Changi à Singapour, lieu de détention comme nul autre, n’offrant pas le moindre espoir d’évasion aux prisonnier anglais, américains et australiens qui s’y entassent. Certains, comme le Lieutenant Grey tente d’y préserver un semblant l’organisation hiérarchique, d’autres, menés par le caporal King préfèrent jouer la carte du système D.



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Quatrième réalisation de Bryan Forbes, King rat (jeu de mot sur le nom du personnage joué par George Segal) est l’adaptation du roman éponyme de James Clavell. Il se rattache au courant cinématographique du film de prisonniers de guerre (ou POW, en anglais).

Sans rejoindre les titres définitifs issus de la même sous-catégorie, tels que Stalag 17, Le Pont de la rivière Kwaï, La Grande évasion ou Furyo, King rat parvient sans difficulté à se forger une identité propre, du fait déjà des conditions particulières de détention qu’il nous décrit, puisque l’on découvre ici une prison pour ainsi dire sans barreau et sans garde, mais aussi sans aucune possibilité d’évasion. Le regard de Forbes se concentre par conséquent essentiellement sur l’organisation sociale du camp, ainsi que sur le profil psychologique de quelques uns de ses infortunés membres.

Inutile donc de chercher du spectaculaire dans ce King rat, le film joue la carte de l’étude de caractère et s’intègre ainsi assez logiquement au sein de la filmographie de son auteur. Optant pour une réalisation peut-être plus discrète dans la forme que celles de The L-shaped room et Seance on a wet afternoon, le cinéaste anglais mise en revanche beaucoup sur une remarquable photographie noire et blanc (ou plutôt, aurais-je envie de dire, jaune et grise tant on a l’impression de patauger pendant 2 heures dans une ambiance suffocante et boueuse) et une direction d’acteur sans faille, permettant notamment à George Segal de se distinguer dans l’une des prestations les plus intéressantes de sa riche filmo.

Inattendue et pertinente dans son questionnement sur la légitimité du droit à tenter de survivre coûte que coûte en faisant passer la fin avant les moyens et les questions d’intégrité et de respect de la hiérarchie au second plan, King rat est donc à n’en point douter une œuvre ambitieuse, par ailleurs pimentée d’une bonne dose de cynisme à l'anglaise.

Reste maintenant que, une fois encore après The L-shaped room et The Wrong box (le film suivant de Forbes, dans un registre totalement différent), je trouve que son travail pèche par un agaçant côté mécanique-(trop)bien-huilée, laissant le spectateur sur une légère impression de raideur mâtinée d'un brin de gratuité.

A relever enfin une partition musicale de John Barry plutôt en retrait et assez éloignée de ce que produisait à l’époque ce compositeur (qui aura vraiment fait preuve d’originalité dans chacune de ses collaborations avec Forbes).

Titre français : Un Caïd.
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