
Encouragé par leur professeur, une classe de lycéens se porte volontaire pour rejoindre l'armée du Kaiser au cours de la première guerre mondiale...
Adaptation d'un roman allemand pacifiste célèbre, "A l'ouest rien de nouveau" est une grosse production du Studio Universal, dans une période charnière entre le muet et le parlant. Le film est bien parlant, mais n'emploie aucune musique, délibérément. Ce sera d'ailleurs le premier film parlant à décrocher un Oscar du meilleur film (la cérémonie en était à sa troisième année).
Le directeur d'Universal, Carl Laemmle, lui-même d'origine allemand, a donc décidé de donner de très gros moyens à ce métrage mettant en scène, pour le public américain, le point de vue "ennemi", c'est-à-dire celui des allemands durant la première guerre mondiale.
"A l'ouest rien de nouveau" est un grand spectacle, dans la tradition des grosses fresques Universal d'alors (Notre Dame de Paris, Le Fantôme de l'Opéra, L'homme qui rit) ; l'oeil exercé retrouve d'ailleurs certains décors bien connus du studio, en particulier ceux de "Notre dame de Paris". Le son est déjà exploité pour donner un relief impressionnant aux séquences de bataille encore aujourd'hui très marquantes : le premier assaut de la tranchée par les français reste ainsi fort mémorable dans sa brutalité. Milestone insiste sur les nouveautés sordides de cette guerre : les bombardements aériens, la mitrailleuse (dans un panoramique mémorable) et surtout les barrages d'artillerie incessants et dévastateurs (le bombardement du cimetière).
Film de guerre, mais aussi film pacifique, à charge contre la génération des pères qui ont envoyé à la mort leurs enfants pour des contes de patrie et de glorioles. Certaines situations et personnages sont devenues des clichés en 80 ans de cinéma. Certains épisodes, pertinents dans le propos du métrage, cassent un peu le rythme du film (la rencontre avec les françaises).
Mais "A l'ouest rien de nouveau" contient tout de même son lot de scènes mémorables, comme par exemple celle de l'agonie du soldat français. L'interprétation a très bien vieilli pour un film du tout début du parlant, les personnages sont vivants, spontannés, et on s'habitue vite à ses allemands parlant anglais. "A l'ouest rien de nouveau" est une grande fresque de guerre, avec ses petites lenteurs qu'on pardonne aisément face à ses cinématographiques et spectaculaires indéniables.

En DVD US, Universal a édité ce film à deux reprises. D'abord en 1999 ; puis en 2007 dans sa collection "cinema classics", avec une copie différente, manifestement mieux restaurée.
J'ai vu pour ma part le dvd de 2007 ci-dessus. N'y allons pas par quatre chemin, la copie 1.33 4/3 est tout bonnement excellente, avec une résolution absolument remarquable, un rendu du grain et de la profondeur d'image nickels, un noir et blanc subtil, des contrastes impeccables, une fixité parfaite (hors plans truqués). Une restauration haut de gamme, d'une qualité telle qu'on pardonne facilement les diverses rayures et saletés encore présentes sur ce film ayant aujourd'hui trois quart de siècle au compteur ! Le film passe parfaitement bien en 24 i/s et progressif. La bande son mono 2.0 anglaise est elle aussi de bonne tenue - pour un film du début du parlant en tous cas. Les dialogues manquent de clarté, mais le rendu des armes et des explosions est impressionnant, et fera même pulsé votre caisson ! Avec STF.
En France, il est sorti en 2005 dans la collection Universal Classics. Si on en croit wikipedia, le film a été interdit en France jusqu'au début des années 60 !