Le lieutenant de police Nyman est méchamment assassiné dans sa chambre d'hôpital. l'inspecteur Beck ( Carl-Gustaf Lindstedt) et son équipe tentent de démasquer le tueur, et découvre que Nyman possédait une réputation de brute tortionnaire, émanant de son passage dans l'armée.
Un excellent polar que voilà, et probablement celui qui a servi de matrice à l'ensemble des polars scandinaves sortis depuis. Une intrigue policière complexe, aux relents sociaux bien présents (surtout à une époque historique charnière en Suède) qui se double de la vie personnelle des inspecteurs en charge de l'enquête. Beck en rupture personnelle, Rönn en fonctionnaire impassible mais à qui rien n'échappe et les deux jeunes (Kollberg et Larsson) qui verront leur rôle physique jouer un rôle non négligeable dans la seconde partie du film.
La première moitié voit tout d'abord le meurtre de Nyman, extrêmement brutal avec torrents d'hémoglobine à la clé via une baïonnette. Il y a d'ailleurs une sorte d'attente du meurtre quasi fantastique, avec la vision d'un oeil dans l'interstice du rideau de la chambre - ce qui rappelle la vision des yeux dans les ténèbres dans Suspiria. L'enquête en elle-même est aux antipodes des codes français et/ou anglo-saxons; peu d'action, mais une observation millimétrée des mécanismes et tactiques de la police suédoise. Cela pourra en rebuter plus d'un, mais l'accent est fortement mis sur les personnages policiers. Les rancœurs, les adversités, les frustrations, le côté routinier du job. Ca et leur progression lente dans l'enquête. On pourra par ailleurs remarquer les similitudes avec l'univers de l'inspecteur Wallander (bouqins et adaptations filmiques). A comparer avec un film de la même épqoue, c'est un peu l'antithèse d'Un tueur dans la foule, par exemple.
La seconde partie est plus musclée, avec une action centrée autour d'un immeuble et un flic qui commence à tirer sur tout ce qui bouge. C'est même assez réussi, tendu et désabusé. Où l'on sent bien une sorte de main-mise progressive de l'état sur la vie des suédois, et un constat assez amer sur la société suédoise de l'époque. Beck l'indique bien à sa fille en début de métrage, comme une sorte de warning sur ce qui va se passer en fin de film. Par ailleurs, il est obligé de laisser sa place aux plus jeunes pour l'intervention finale.
Au niveau action, c'est parmi ce qui se fit de mieux (voir la séquence avec l'hélicoptère!)mais surtout, son parti-pris réaliste et en dehors des modes font que le film n'a pratiquement pas vieilli -coupes de cheveux et fringues mises de côté-. Le style visuel a passé les affres du temps sans souci.
Widerberg utilise par ailleurs un style proche du documentaire, ce qui renforce le côté grisaille quotidienne voulu par le scénario. Il y a également une caméra très mobile, suivant régulièrement les interventions des flics. Mouvements très fluides, collant à l'action. Widerberg précurseur?
+> un très très bon film, vivement recommandé!
Vu sur le DVD suédois qui possède des st anglais (même si ce n'est pas idniqué sur les sites de ventes).
1.66:1 et 16/9 : copie absolument splendide
mono suédois avec sta, donc.
1h47
A noter que le film est sorti en France en juillet 1977. Il y a eu un passage sur Arte il y a quelques années, tout comme sur le cable où il passait en VF only dans les années 90...
mais c'est également sorti en DVD en France chez malavida:
le f.a (en suédois)
http://www.youtube.com/watch?v=3EUhmAVn-po