Peut-on devenir une légende à l'âge de dix-sept ans ? Oui, si l'on en croit l'histoire de Jeanne d'Arc ou celle de Billy the Kid, ou bien celle de cette jeune fille nommée Billie Jean. Billie Jean est née dans une petite ville du Texas, et c'est de là, sans doute, qu'elle tient ce sens de la justice simple et expéditive, qui consiste à régler soi-même ses propres affaires. Ainsi, lorsqu'un type démolit le scooter de son jeune frère, Billie Jean prend les choses en mains et décide de récupérer les 608 dollars de dédommagement

Peut-être bien un must du cinéma pop-corn US à message de l’ère Reagan que ce troisième long-métrage de Matthews Robbins, précédemment scénariste du Sugarland Express de Spielberg.
The Legend of Billie Jean nous invite à suivre les mésaventures d’une jeune fugitive issues des classes défavorisées américaines injustement accusée de vol par un odieux commerçant l’ayant entrainé dans son arrière-boutique pour quelques attouchements rémunérés. Ne réclamant qu’un peu de justice sociale en ce bas monde (le fils à papa dudit commerçant avait esquinté le scooter de son petit frère, ce qui l’avait poussé à se rendre dans le bouiboui de cette ordure de première), la Billie Jean du titre va rapidement devenir l’idole des teenagers américains et le porte-parole des laissés pour compte de l’American Dream. Son idole, qu’elle va découvrir à la télé durant sa cavale : Jeanne d’Arc, tout simplement. Mais une Jeanne d’Arc plus moderne dans le look, avec un petit côté Rambo dans la défroque guerrière.
Toute l’idéologie reaganienne - et les contradictions que celle-ci revêt – alimente donc ce récit totalement improbable, avec d’un côté l’accent mis sur la débrouillardise des gens du peuple, et cette idée que le salut de ces derniers ne pourra venir que d'eux-mêmes et de leur sens de l’initiative, et de l’autre un regard plus que défiant sur les classes aisées et institutions politiques du pays (le personnage du riche politicard incapable de comprendre son fils, incarné par Dean Stockwell).
Infantile et risible (cf. la scène grotesque où la petite gamine à visage ingrat qui ne pense qu’à manger – bref, autrement dit, le sidekick rigolo du film – accompagnant Billie dans sa fuite, devient femme au beau milieu d’une poursuite automobile), The Legend of Billie Jean est une relique eighties à savourer comme tel par tous les amateurs d'esthétique tape-à-l'oeil et de rock FM (beware la chanson Invicible de Pat Benatar, composée pour le film), ainsi que par les historiens du cinéma de cette période.
Intéressant enfin de comparer ce film au Sugarland Express pré-cité. Les 2 trames sont proches – soit le portrait de gentils losers / outsiders traqués par la justice – mais les traitements et la tonalité générale bien différentes.
A noter que si Helen Slater et Christian Slater partagent le même nom de famille et sont frère et sœur dans le film, ils n’ont strictement aucun lien de parenté dans la vie. Diffusé il y a quelques mois sur Ciné polar, en VF seulement.