Die Waechter TV (1986) – Franz Peter Wirth

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bluesoul
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Die Waechter TV (1986) – Franz Peter Wirth

Message par bluesoul »

[ trad. literale de l’allemand: Les Gardiens ]

En l’an 084 apres le “Grand Congres”, Robin Randall, un adolescent curieux et peu “integre”, vit dans la gigantesque metropole surpeuplee appellee Cornuba (en fait la zone urbaine de Londres dans le roman) en proie a la violence et un gouvernement totalitaire. Orphelin de mere, il perdra son pere dans d’etranges circonstances. Transfere dans un centre de “pupils de l’Etat” aux limites de la ville, il y decouvrira un monde pas moins cruel, et de fil en aiguille, va se retrouver en opposition au “systeme(s)” qui regissent la ville, le pays et les pensees de ses habitants et decidera de fuir Cornuba, mais encore faudra-t’il passer le “Mur de la Mort” qui separe la ville de l’exterieur; du “district” (le “comte” dans le roman)…

Produit pour la premiere chaine (ARD) de la television nationale allemande par l’entite televisuelle regionale WDR, DW se base par contre sur un roman de l’auteur britannique John Christopher (No Blade of Grass (1970), The Tripods TV (1984) ) a.k.a. (Christopher) Samuel Youd. Le roman gagna un prix de literature de jeunesse en Allemagne en 1976.

Paradoxalement, DW n’est PAS une serie liee a la serie tele britannique The Guardians TV (1971) (elle-meme donc nullement liee au roman de Christopher).

L’Adaptation du roman en serie tele (6 episodes) sera confiee a Wolfgang Muehlbauer (Die seltsamen Methoden des Franz Joself Wanniger TV (1966) / Les etranges Methodes de Franz Josef Wanniger, Graf Yoster gibt sich die Ehre TV (1967) / Le Comte Yoster nous fait l’Honneur) et Franz Peter Wirth (Der Hexer TV (1956) / Le Sorcier, Die rote Kappelle TV (1972) / L’Orchestre rouge, Alexander Zwo TV (1972) ), tous deux “vieux routards” experimentes de la television et du genre—des genre(s). Ce sera d’ailleurs Wirth qui realisera la serie.

Narrativement, la serie se deroule en deux temps, consacres d’abord a Cornuba et son chaos urbain, pour ensuite se focaliser sur le comte et son aspect faussement(!) buccolique.

La premiere chose qui frappe a la vision 24 ans plus tard de la serie, est que fondamentalement, (pour la partie se deroulant dans Cornuba), elle n’a pas visuellement pris une ride pour par opposition a p.ex l’esthetique de Welt am Draht TV (1973).

Tant les decors, que les vetements ou la technologie n’ont pas reellement connu de “vieillissement accelere”. Certes, les ordinateurs ont tendance a fonctionner avec des ecrans verts (“Green screens”) et les coiffures punks / colores se remarquent, mais a notre epoque ou tous les gouts sont dans la nature et le retro-gaming est “tendance”, cela ne derange, ni ne detonne absolument pas.

Les decors exterieurs ont visiblement ete choisis avec soins et de nouveau, ne paraissent jamais artificiels. La partie se deroulant dans le “comte”, ou existe une civilisation pre-premiere guerre mondiale, n’aura par defaut pas “vieillit”, elle non plus (son anachronisme restant evident!).

La realisation est alerte et manie les symboles avec adresse. S’il est difficile de faire la part entre le materiel de base—car votre serviteur ne l’a pas (encore) lu(!)—et l’apport des scenaristes lors de l’adaptation. Les sous-entendus et reference—de qualite(!)—abondent.

L’on se retrouve dans une megalopole grouillante comme dans Blade Runner (1982), les messages visant l’”harmonie” parmi la population reminiscents de “1984” sont partout a l’ecran sous forme visuelle et sonore, la violence urbaine ne manque pas a l’appel comme dans The Quatermass Conclusion TV (1979) ou Children of Man (2006), les livres (remplaces par des ecrans) sont obsoletes et brules (dans Cornuba) ramenent a Fahrenheit 451 (1966), tandis que la jeunesse (si peu rebelle) est controlee par des drogues (THX 1138 (1971) ) a la moindre incartade, tandis que les villes semblent isolees les unes des autres, entourees par des no-man’s lands, fesant penser tour a tout a Logan’s Run (1976) ou Stalker (1979).

Dans le comte, le temps s’est arrete, l’on y brule pas les livres, mais n’en ecrit pratiquement plus et ils ne font que circuler en cercles tres restreints, la technologie est un melange d’anciens et de “plus recent”, une sorte de monde rural reve reserve a une “elite” oisive. Quelque part, une version moins psychotronique que le monde des “elus” de Zardoz (1974).

Bref, l’atmosphere est celle, non pas d’une fin de “regne”, mais de fin de “civilisation” (civilisation dans une impasse pour Cornuba et civilisation en arret de developpement volontaire pour le comte).

Ce que les deux mondes on en commun, est le controle sans faille (et sans pitie) qui y est exerce. Ainsi, le chaos est “controle” (pour ne pas dire artificiellement maintenu) par les pouvoirs en place a Cornuba, et ce, parallelement a un abrutissement des masses selon le principe de “Panem et circenses” (du pain et du cirque) déjà en vogue a l’epoque des anciens romains. Dans le comte, rigueur des manieres et traditions ne suffisant pas, des troubles sont “geres” egalement pour etre mates sans pitie—aucune!.

Un univers qui fait froid dans le dos, et pourtant semble si familier…

Le comte, aussi buccolique qu’il soit, reservera des revelations qui feront comprendre au hero de cette aventure, que finalement, un controle encore plus hypocrite et bestial y est exerce, et que les deux mondes sont gangrene par le meme mal (l’on sous-entends que les maitres des deux mondes sont en fait les memes).

Reprenant quelques themes de “No Blade of Grass”, le monde “urbain” de Christopher semble en partie ecologiquement a bout de souffle (l’eau du robinet est impropre a la consommation—ou “labellisee” telle, des animaux plus que courants tels le lapin, “auraient” disparus, tandis que la consommation de poisson est decouragee activement. Les arbres eux-meme, sont consideres comme une nuisance (et sont de toute facon en train de deperir). Ceci est contre-balance par un comte fourmillant d’une faune et d’une flore “pure”, mais consideree comme “acquise”, comme pour mettre l’humanite (enfin, le lecteur) devant un “choix”.

Destines a un jeune public(!), le recit raconte et regarde cette univers en deliquescence a travers les yeux d’un adolescent, qui ne le sait pas encore, mais commence a “se revolter” et se retrouve aux carrefours de choix nombreux et importants.

Si quelque part, l’on retrouve l’idee d’”individualisme”, de “prisonnier(s)” ou de “revolte(s)” contre le(s) systeme(s) de The Prisoner TV (1967), ces vecteurs ne sont utilises que pour mettre en exergue la notion de “choix”; choix d’adaptation, d’acceptation, de facilite, de violence, etc.

Dans le role principal (et “vecteur d’identification” pour les jeunes spectateur), l’on trouve Martin Tempest, qui joue bien le role, voire plutot le “mime” bien, car, etant britannique, il est en effet double par Martin Halm en allemand. Tempest ne sera d’ailleurs par le seul citoyen anglais a connaitre le meme “sort” dans cette serie.

Etonnament, le casting aussi bon soit-t’il (il l’est(!) ), n’aura au final que peu tourne, acteur principal inclus, ce qui est assez dommage, car tous livrent de tres bonnes prestations dans leurs roles respectifs.

A noter egalement la tres belle musique de Bert Grund (Der Andro-Jaeager TV (1982) / Le Chasseur d’Androides, Mathias Sandorf TV (1978) ) qui souligne tres bien les sensations et etats d’esprits du jeune hero, notamment lorsque parvenant a s’echapper de sa megalopole, il se retrouve dans une nature quasi-vierge tres fantastique a ses yeux.

Vinqt-quatre annees plus tard, et malgre l’absence de (re-)diffusion(s), le souvenir de DW reste assez vivace en Allemagne, car souvenirs d’une epoque ou l’on ne prenait pas les jeunes spectateurs…pour des enfants, et ou on leur suggerait de ne pas “croire” en ce que l’on voulait bien leur dire, leur inculquant ainsi une salutaire dose de “doute” et de “critique”. Epoque apparemment revolue, nous fesant nous interroger sur nos medias (notre service “public”), nos valeurs, notre morale et celle que nous transmettons a nos enfants…

Une serie “etrangere” (car allemande) qui meriterait d’etre nettement plus connue et re-decouverte d’urgence!

Die Waechter / Les Gardiens : 4.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
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