Sapphire and Steel TV (1979) – Shaun O’Riordan / David Foste

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
bluesoul
Messages : 5072
Enregistré le : sam. sept. 27, 2008 4:09 pm
Localisation : Tokyo dans les annees 70s, baby! Yeah!

Sapphire and Steel TV (1979) – Shaun O’Riordan / David Foste

Message par bluesoul »

Le recit des etranges aventures et sinistres enquetes de deux “agents inter-dimensionels”, qui malgre leurs apparences, ne sont ni humains, ni meme particulierement bien attentiones envers ces derniers…

Initialement concue pour etre une serie destinee a un tres jeune public sur la chaine britannique ITV, S&S est devenu des sa diffusion une serie “culte” ayant marquee les esprits (et passablement traumatise les tetes blondes du Royaume :D .

Si a la base, la chaine visait le creneau-horaire 17:30 et prevoyait un budget assez etrique (une certaine vision de la television qu’ont nos amis britanniques), la venue a bord du projet de David McCallum (Wuthering Heights TV (1962), The Great Escape (1963), The Man from U.N.C.L.E. TV (1964) ), vedette reconnue alors, puis celle de (la prometteuse) Joanna Lumley (The New Avengers TV (1976), Cluedo TV (1993), Absolutely Fabulous TV (1992) ) fit remonter les aspirations (et le budget!).

Cree et scenarise majoritairement (cinq des six recits) par Peter Hammond
(Ace of Wands TV (1972), The Bill TV (1988) Torchwood TV (2006) ), S&S est une serie qui tend a…decontenancer…

D’abord au niveau de la gestion des recits. Ainsi, les 34 episodes formant les six recits (plus ou moins 6 en moyenne—en theorie) sont en fait plutot repartis en “arcs” (resp. 6, 8, 6, 4, 6 , 4 episodes a 30 minutes), prenant plus de temps (“son” temps) pour certains recits que pour d’autres.

Ensuite au niveau du contenu des intrigues. La legende (www.wikipedia.org), voudrait que Hammond ait accouche de la serie apres un sejour dans un chateau hante. A l’arrivee, S&S est essentiellement une serie sur des phenomenes qui ne peuvent etre approche que par l’idee de revenants / fantomes / lieux hantes, meme si au fur et a mesure du deroulement et des quelques (rares) explications fournies, une autre / des autres realites se profile(nt). Quelque univers plus vaste et plus inquietant encore sont ainsi sous-entendus a mots couverts.

S&S est une serie de type “mystery”, par moment, l’on semble se rapprocher (avec plusieurs decennies d’avance) de The X-Files TV (1993) ou encore de Lost TV (2004), meme si tres vite, le telephage averti se rend compte qu’ici il n’y a pas de risque de ne pas voir le(s) mystere(s) non-resolu(s), tout bonnement, car il n’y a aucune promesse de les resoudre a la base(!).

S&S joue ainsi avec les telespectateurs et contrairement a p.ex. The Prisoner (1967) ne suggere pas des “interpretations”, non, la serie est tout bonnement “avare” de details, alors que l’on devine que l’univers derriere est pourtant murement reflechi. Bizarrement, ceci ne gene pas le telespectateur, au contraire, cela l’inclut encore plus dans cet etrange univers, en le mettant dans la meme position que les protagonistes (humains) du recit, une position angoissee, tendue et fesant delicieusement frisonner dans son fauteuil…

Ceci nous amene aux protagonistes principaux du recits; Sapphire (Saphir) et Steel (Acier). Peu de choses seront devoilees au fur et a mesure de la serie. En fait, entre le debut et la fin de la serie, le spectateur n’en guere plus… :D

L’etrange duo apparait pour “resoudre” des problemes, ou “irregularites” (dixit le generique). (Toujours d’apres le generique), il semblerait que tous deux ne soient que deux des representants d’un groupe “veillant sur” ou “surveillant” notre univers ou notre dimension. Ils sont resolument “non-humains”, malgre leurs apparences—qui d’ailleurs des le premier episode est mis en doute, car ils semblent pouvoir influencer…leurs apparences justement.

Leurs caracteres, voire leurs morales, semblent egalement differentes de celles des autres intervenants “humains” du recit. Steel est “froid”, passablement “insensible” et ne semble que faire peu de cas de la donnee “humaine” du probleme (en fait, les “humains” meles malgres eux aux evenements que le duo est venu “regler” ou “corriger”). Sapphire, plus “chaleureuse” en apparence, parait plus enfantine, et quelque part s’amuser des protagonistes humains, plus que d’eprouver de la “compassion” pour eux…

Les pouvoirs desquels eux et leurs collegues semblent disposer les rangent egalement definitivement dans une categorie “autre”.

Les “irregularites” auxquelles le duo fait face, tient en general du phenomene “temporel”, indiquant peut-etre que les deux intervenants seraient des agents “(spacio-)temporels”—ils possedent d’ailleurs certains “pouvoirs” leur permettant d’agir dans une facon limitee sur le courant du temps.

Cependant, au cours d’echanges entre ces derniers ou entre ces derniers et les protagonistes humains, il semblerait plutot que Sapphire et Steel soient des “agents” au service du “temps (universel?)” ou agissant contre(!) ce dernier. Quoiqu’il en soit, dans leur univers, une realite inquietante, obscure et gigantesque semble se dessiner derriere un bien faible rideau de “realite”.

Quoiqu’il en soit, les sous-entendus abondent, et suggere quelque chose pouvant inquieter plus que des enfants (cible initiale de la serie :shock: ).

Au niveau de la realisation, et meme si quasiment toute la serie fut tournee “intra-muros”, grace a la dynamique des personnages, de l’atmosphere d’inquietude lourde et oppressante que surent generer Shaun O’Riordan (Thriller TV (1973), Scorpion Tales TV (1978), Callan: Wet Job TV (1981) ) et David Foster (Timeslip TV (1971), Tightrope TV (1972) ) a la realisation et surtout des magnifiques decors—dont une gare desaffectee qui reussi a l’epoque a bluffer jusqu’aux professionels de l’audio-visuel(!) :shock: , a aucun moment, l’on a l’impression d’assister a du “theatre filme”. Si l’image a l’ecran, est belle et bien celle d’une serie (britannique de surcroit :D ), l’on n’est pas en face d’une serie marchant sur les plates-bandes d’Au Theatre ce soir (1966).

Si a la lecture de ces quelques paragraphes, l’on a l’impression d’avoir en face de soi une serie ayant reussi un “sans-faute”, la serie presente un seul “hic”, celui de finir sur un “cliffhanger” (une fin en suspens) qui ne fut jamais resolu, les acteurs ayant, en attendant divers retard de production d’une deuxieme serie, signe d’autres engagements, repoussant une “resolution” de leurs perils...aux calendes grecques…

S&S firent neanmoins encore parler d’eux en 2004(!), ou un duo d’autres acteurs reprirent leurs roles, ou plutot leurs “voix” pour une serie d’aventure sur CD, prouvant ainsi la longevite de l’interet porte aux deux personnages et a leurs univers, en tous cas sur les iles britanniques.

Serie donc “mythique”, “culte”, peut-etre “classique”, mais surtout une serie ou le “fantastique” se definira non pas comme de l’”epouvante” ou de la “science-fiction”, mais surtout comme de l’”etrange”. Une serie atypique donc, une serie “ardue” peut-etre, mais une serie qu’une fois connue, l’on ne peut considerer que comme “incontournable” et donc, tres, tres chaudement recommandee.

Sapphire and Steel: 5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
bluesoul
Messages : 5072
Enregistré le : sam. sept. 27, 2008 4:09 pm
Localisation : Tokyo dans les annees 70s, baby! Yeah!

Re: Sapphire and Steel TV (1979) – Shaun O’Riordan / David Foste

Message par bluesoul »

Liste des episodes:

Escape through a Crack in Time (6 parties)

Dans une maison a la campagne, un adolescent est temoin de l’etrange disparition de ses parents, ne laissant derriere eux que sa soeur cadette. Appellant a l’aide, il sera surpris d’avoir la visite d’un etrange couple; Sapphire et Steel. Il ignore encore le danger que tous sont en train de courir, alors que la structure du temps meme est attaquee…

Premier recit des aventures de Sapphire et Steel et introduction a leur etrange et inquietant univers, un univers qui ne peut etre qualifie que de “fantastique”. Au programme; apparitions, instabilites temporelles, menaces sourdes et d’origines inconnues et realites mises tres a mal. Bases sur un “theatre filme” (une certaine qualite televisuelle britannique en soi!), un episode ou le realisateur parvient cependant a montrer une maistria dans la gestion de l’espace (limite)—une maison et ou tout vient a inquieter le spectateur aussi decontenance que le (tres) jeune protagoniste de ce recit. Une excellente introduction a une non moins excellente serie!

4.5 / 5

The Railway Station (8 parties)

Dans une gare desaffectee, un vieil homme essaie d’entrer en contact avec la “presence” qui rode dans les parages. Sa sceance de spiritisme sera neanmoins interrompue par l’apparition deux etranges personnages; Sapphire et Steel viennent d’arriver, et lui demande promptement de plier bagage. En effet, plus qu’un “revenant”, la “presence” est une entite plus “complexe”…et nettement plus dangereuse…

Deuxieme episode mettant en scene l’etrange (et passablement inquietant) “duo” d’enqueteurs surnaturels. Deuxieme reussite atmospherique!

Le cadre de cette nouvelle enquete (une gare desaffectee, ses locaux et ses quelques chambres pour voyageurs) sont superbement mis en scene. Si dans l’aventure precedente, le décor se remarquait, voire se creeait surtout par quelques “objets” (les montres et reveils), ici, tant le décor que l’utilisation de la lumiere est primordiale, donnant un caractere—literalement une “presence”—aux lieux, et surtout; a l’obscurite qui semble les envahir. A l’arrivee, il est difficile de croire que tout a ete tourne en studio.

A noter aussi la superbe interpretation de Gerald James (A Traveller in Time TV (1978), The Invisible Man TV (1984), Hope and Glory (1987) ) qui apporte une grande humanite, contrebalancant a merveille les presences encore difficiles a dechiffrer que representent le duo-titre et contribue a trouver un equilibre entre la dramatique d’un episode qui tient assez de The Others (2001) par essence, mais presente en meme temps une menace d’un froid sideral, risquant ainsi un traumatisme fatal aux jeunes spectateurs…GREEN MAN

5 / 5

The Creature’s Revenge (6 parties)

Dans un appartement contemporain (nous sommes en 1980), un couple avec un enfant se reveille. Ils ignorent cependant qu’ils sont sur le point de subir une serie d’attaques d’une sauvage inouie. Au meme moment, apparaissent Sapphire et Steel venus non pas specifiquement pour l’aggresseur, mais pour la “famille”. Cette derniere vient en effet d’un avenir lointain pour se livrer a une experience d’”acclimatisation”, qui est sur le point de tres mal tourner…

Troisieme episode des aventures de Sapphire et Steel, et troisieme recit decidemment TRES etrange.

Si cet episode presente des scenes en exterieurs “reels” (en l’occurrence le toit d’un immeuble), bizarrement il parait nettement plus “claustrophobique” que les precedents.

La raison est peut-etre a chercher du cote de la realisation, tres tres lente—surtout dans ses permieres parties. L’on en vient a soupconner que le but est d’arriver a un certain nombre d’episodes pour cet arc(!).

Il y a egalement cette impression diffuse que les protagonistes sont prisonniers de “quelque chose”, routine ou chaine d’evenements, voire de son cote experimental (on a parfois l‘impression de toucher au “film d’auteur”—pas toujours dans le “bon” sens du terme) qui donne l’impression que TOUT pourrait arriver cette fois-ci—une impression renforcee par le final du deuxieme recit.

Un raison “certaine”, par contre, est le cote “mortifere” de ce troisieme recit, qui entre imagerie “choc” et attaques aussi “sonores” que “physiques”—ou la structure-meme (des personnages et objets) est attaquee, fait une fois pour toute entrer la serie dans le pantheon des emissions a ne pas mettre devant de jeunes yeux.

Un episode tres etrange donc, sorte de fable ecologique aux relents militants, ou pour une fois, ce sont plus les “sentiments” de Sapphire et Steel qui sont mis en avant, les protagonistes humains, etant reduits a leur etat de chair amorphe…

L’un dans l’autre, un recit qui sera plus “ardu” pour les fans de la serie, les fans de “genre(s)” risquent quant a eux de peut-etre trouver le temps plutot long cette fois-ci…

4.25 / 5

The Man without a Face (4 parties)

Des enfants en habits surannes s’amusent avec des vieilles photos dans un bureau. Lorsque apparaissent Sapphire et Steel, ils disparaissent sans laisser de traces, laissant le duo d’enqueteurs dans un lieu regorgeant d’antiquites, chacune pouvant etre a la source de l’irregularite les ayant fait venir…

Quatrieme aventure de nos etranges heros, et changement de cap, ou plutot--enfin(!)—recentrage vers un recit plus “abordable” pour les plus jeunes, surtout apres le notamment tres traumatisant troisieme recit.

Cet episode respire egalement un certain calme et cree une atmosphere empreinte de nostalgie, tant par l’environnement (un magasin d’antiquite), les objets (une abondance de vieille photos), ainsi que l’etrange creature qui semble vouloir s’entourer d’enfants d’un autre age. Un autre sentiment, plus diffus cette fois, est cette impression de “solitude”; la “creature”, bien sur, mais aussi sa sous-locataire “humaine”. Quelque part un recit entre le fantastique “suranne” (a cause du “gimmick” de cette aventure), mais aussi…une certaine poesie…

4.75 / 5

Doctor McDee must Die (6 parties)

Dans un manoir de la campagne anglaise un riche industriel fait revivre le passé lors d’une “party” avec des amis. Son soin apporte a sa “fete” qui se joue du temps se voit depasse par certains evenement etranges. Heureusement pour lui, Sapphire et Steel s’invitent pour le week-end. Ils auront a empecher une serie de meurtres et de potentiellement sauver la race humaine…

Cinquieme enquete de l’etrange due, cinquieme univers a explorer. Pour cette aventure, les deux enqueteurs vont ainsi operer dans un “whodunit”, genre particulierement prise Outre-Manche, et ainsi evoluer parmi une compagnie des plus riches et aisees, mais aussi des plus enclins a deceder de morts violentes...

Ainsi, comme dans tout jeu des “dix petits negres”, les bons mots fusent, les sous-entendus abondent, le tout melange aux etrangetes propres a l’univers de S&S, creeant ainsi—a nouveau—une experience assez unique. Le tout formera un episode au rythme soutenu, bien interprete et des plus mysterieux.

4.75 / 5

The Trap (4 parties)

Une station-service illuminee dans la nuit. L’epoque; contemporaine (1982). Deux silhouettes apparaissent. Sapphire et Steel viennent d’arriver. Leur mission; enqueter sur une serie d’”irregularites” qui semblent etre concentrees en ces lieux. Ils l’ont cependant loin de se douter qu’ils sont eux-meme au centre de cette aventure, ou de multiples epoques vont se donner rendez-vous dans ce lieu recule, rencontre orchestree par des forces formidables venues de leur propre passé…!

Derniere aventure et dernier tour-de-force de la serie. Comment en effet orchestrer la “fin” de nos heros, heros qui ont parcouru les couloirs du temps et affronter des adversaires les plus formidables qui soient a ce jour? Peut-etre en les confrontant a leur propre passé.

Encore une fois le lieu de l’action sera un huis-clos, etrange espace apparemment “ouvert” ou cependant le temps, les sons et les images sont “prisonniers”.

Etant cette fois eux-memes au coeur de l’intrigue, Sapphire et Steel seront plus “a cran” (Steel) et plus inquiets (Sapphire). Un episode ou les faux-semblants abondent et les coups peuvent venir de partout.

Un episode, qui malheureusement donc, finira sur un cliffhanger non-resolu, mais comme le temps n’a pas d’emprise sur nos heros, il reste donc toujours un possibilite que l’on ait pas fini d’entendre parler d’eux…

4.50 / 4
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
arioch
Site Admin
Messages : 12539
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Re: Sapphire and Steel TV (1979) – Shaun O’Riordan / David Foste

Message par arioch »

bluesoul a écrit : D’abord au niveau de la gestion des recits. Ainsi, les 34 episodes formant les six recits (plus ou moins 6 en moyenne—en theorie) sont en fait plutot repartis en “arcs” (resp. 6, 8, 6, 4, 6 , 4 episodes a 30 minutes), prenant plus de temps (“son” temps) pour certains recits que pour d’autres.
A vrai dire, c'est très commun sur les séries/feuilletons britanniques particulièrement dans les années 60/70, le plus connu étant évidemment DR WHO dont la série originale proposait des histoires composées de 4, 6 ou 8 épisodes.
"Fuck The World", Rambo
Répondre