Bon, appelons un chat un chat, je n'avais jusqu'à présent jamais vu un seul film de Kurosawa ! Il fallait donc bien s'y mettre un jour, et je dois dire que dans la filmo du maitre nippon, un des titres qui me branchaient le plus était "Rashomon". Car j'en ai tellement entendu parler en tant que référence absolue dès qu'un film propose différents points de vue sur un même évènement, que bon, forcément, avec le temps ma curiosité s'est aiguisée !
Est-ce que c'est aussi bien que ça ? Oui et non. Forcément, le film a pour lui d'être une oeuvre fondatrice sur ce plan. Le procédé narratif a depuis été maintes et maintes fois ré-employé, mais il faut remettre tout ça dans le contexte et, à la manière d'un "Citizen Kane" essayer de comprendre tout ce que ça a pu avoir de révolutionnaire en son temps. Reste qu'en découvrant le film aujourd'hui, on peut ne pas avoir envie de jouer aux archéologues et historiens, et venir juste en tant que simple spectateur trouver un film capable de tenir le public en haleine, de la même façon qu'il y a 60 ans ! Et sur ce plan là, pari réussi, car ce "Rashomon" propose bel et bien un récit qui fonctionne toujours aussi bien. On est assez vite pris dans cette histoire à multiples entrées, et plus on avance, plus on se laisse porter, avec une seule envie en tête, connaitre le fin mot de tout cela !
Le tout est efficace, ne traine pas en route (90mn). L'ambiance fonctionne bien, de même que le script, même si aujourd'hui, on "grille" un peu plus facilement certains choix scénaristiques (du moins ça a été mon cas...). La mise en scène est puissante, sobre mais efficace. Des séquences peu découpées, où la caméra colle au plus près de ses protagonistes, provoquant par la même une immersion totale du spectateur, en faisant varier les points de vue, aussi bien d'une scène à l'autre qu'à l'intérieur d'un même plan, afin de continuellement brouiller les pistes. Je ne suis pas particulièrement fan de l'interprétation par contre, où j'ai trouvé que certains comédiens en faisaient parfois un peu beaucoup (Tajomaru, le bandit, notamment). Je comprends bien que ça colle à des conventions de l'époque et du pays, mais bon, je reconnais quelques réserves sur tout ça.. Pour le reste, pas grand chose à redire, le film traverse assez merveilleusement les ans et reste, aujourd'hui encore, une bien belle pièce, à la hauteur de sa glorieuse réputation, et dont, preuve ultime de son aspect novateur, on ne compte plus les rejetons officieux qui ont pullulé au fil des décennies.
Lion d'Or à la Mostra de Venise en son temps, et Oscar du meilleur film étranger l'année suivante.
PS : Pour les parisiens, il y a actuellement une rétro Kurosawa à la Filmothèque du Quartier Latin. C'est là que j'ai vu le film, dans une copie plutôt en bon état !
