Sans aucun doute mon film préféré de Fellini avec Amarcord. Bien avant le fameux "Caligula", Fellini nous offre une vision decadente et délirante de l'antiquité romaine, très eloignée des clichés hollywoodiens. Les gens sont laids, méchants bizarres, le sang, le sexe et la folie domine...
Deux jeunes éphébes, Encolpio et Ascilto, se dispute les faveurs d'une jeune garçon androgyne et vaguement pervers, Giton. Ils vont découvrir un monde fou, et vivrent de multiples peripeties.
C'est long, c'est beau, c'est Fellinesque forcement. Satyricon ose des écarts de violence et de sexe etonnant pour l'époque, et évoque pleinement la bisexualité (très répandu dans l'antiquité romaine mais jamais mis en image jusque là). Les décors, les eclairages et les nombreux tableaux surréalistes et dingues que deploient Fellini sont incroyables. On découvre le jardin des plaisirs, le labyrinthe du Minotaure, les orgies romaines fastueuses, une pièce de thêatre glauquet et vulgaire....
On peut être rebuter à cette vision fellinesque de l'antiquité, donc a vous de voir...
En tout cas moi j'adore...
Un chef-d'oeuvre baroque et délirant d'un gigantisme impressionant. Une véritable claque. Un espèce de voyage initiatique surréaliste dans un univers factice de rome antique. Egalement mon Fellini préféré même si 8 1/2 lui dispute le haut du panier
J'ai essayé de le mater ce soir. Grooooooooooooooooooooosse deception. Je suis même pas allé au bout tant je me faisais chier. OK c'est très beau, le scope, les décors, les eclairages, la musique, mais rien n'y a fait, de beaux tableaux ne suffisent pas à faire un bon film et j'ai lutté pour tenir une heure ! Premier Fellini auquel je n'accroche pas à ce point !
"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
Je ne l'avais pas du tout aimé non plus. Des saynètes joiles, qui se suivent n'importe comment et, qui en fin de compte deviennent un gros magma indigestes..Mais je serai tout de même curieux de le revoir...
"Satyricon" est un tournant très important dans la carrière de Fellini, c'est le premier de ses métrages à couper tous les ponts avec un cinéma italien des années 50 plus classique, ancré dans la réalité contemporaine de son pays. "Juliette des esprits" était un film de transition, adoptant déjà la forme d'un long trip onirique presque ininterrompu.
Mais "Satyricon" ouvre vraiment une période complètement différente, avec "Roma", "Amarcord", "Casanova"... "Satyricon" c'est aussi sa première collaboration avec Alberto Grimaldi, déjà connecté avec le studio américain United Artists, par exemple pour la production de "Le bon, la brute et le truand". Cela permet à "Satyricon" de bénéficier de gros moyens, sensibles dans des décors énormes, une figuration pléthorique, des techniciens de tous premiers rangs, comme le directeur artistique Danilo Donati, le chef opérateur Giuseppe Rotunno, le monteur Ruggero Mastroianni ou Nino Rota à la musique (mêlée à divers extraits de musique ethnique). On reconnaît des vedettes traditionnelles (Alain Cuny, Capucine). On repère aussi des visages plus Bis comme George Eastman, Gordon Mitchell, etc...
Le regard "barbare" sur l'antiquité n'est pas totalement neuf car déjà expérimenté par Pasolini ("Oedipe Roi" est sorti en 1966), mais Fellini pousse certainement le bouchon plus loin, avec un spectacle plus vaste, et avec des thèmes assez étonnants dans un Fellini, comme la mise en avant de l'homosexualité et la bisexualité. La vraie décadence pour Fellini, ce n'est pas l'hédonisme, c'est de mettre l'or et l'argent au-dessus de toute valeur, au-dessus de tout sacré, de tout tabou. La rapacité, source de tous les maux... Il y aussi une débauche de monstruosité en tous genres (nains difformes, hermaphrodite, homme tronc), très annonciatrice des films à venir de Jodorowski.
Un film très ambitieux de la part de Fellini, qui prenait alors un gros risque, mais qui me laisse quand même toujours un peu froid. Cela vient-il du côté décousu (délibérément) du film ? De sa longueur ? "Satyricon" est un beau film, mais il reste pour moi un métrage distant à mon sens.
Vu sur le dvd us MGM de 2001, avec une copie 2.35 16/9 non dénuée de petits défauts : le cadrage m'a paru un peu serré sur les bords, il y a quand même pas mal de saletés, les contrastes paraissent un peu mous. Néanmoins, on apprécie une image naturelle, avec peu ou pas de edge enhancement, une résolution très convenable, des couleurs bien rendues. Avec une piste italienne mono d'origine très convenable, et des STF. Seul bonus : la bande annonce, ce qui est un peu court !
Un disque équivalent est aussi sorti en zone 2 par MGM.
Pas de bluray annoncé, mais c'est typiquement le genre de titres United Artists sur lequel Criterion pourrait se pencher tantôt !
Revu sur le bluray Criterion zoné A. Avec une copie 2.35 HD, basée sur une restauration 4k méticuleuse (pas une saleté en vue), partant du négatif original et supervisée par Giuseppe Rotunno, le grand chef-opérateur italien responsable de la photo de ce métrage. Dès le premier plan, il est clair qu'on laisse le vieux dvd MGM (sans doute tiré d'éléments intermédiaires disponibles aux USA, le négatif étant en Italie) loin derrière. Propreté impeccable, superbe restitution du grain, précisions de l'image, stabilité des couleurs, richesse en détails même dans les scènes sombres, lumière éclatante dans les extérieurs... Même les plans truqués semblent avoir été bien retravaillé pour plus de stabilité et de propreté. Bande son italienne mono propre, STA.
"Satyricon" n'est pas un Fellini facile. En grande partie car, basé sur un roman antique dont nous n'avons que des fragments, Fellini joue délibérément sur cet aspect pour en tirer une narration non conventionnelle : un film à sketchs dont chaque épisode n'a ni début ni fin, où les histoires s'enchaînent sans prévenir.
La mode du péplum 50s-60s est alors largement passée et Fellini crée avec ses collaborateurs artistiques (des pointures en devenir : Danilo Donati et Dante Ferreti), un univers presque digne de la science-fiction, on se croirait littéralement sur une autre planète d'images et de son. Si "Satyricon" reste long et décousu, qu'il faut quand même s'accrocher en tant que spectateur, on reste impressionner par la quantité de risques artistiques que prend Fellini dans ce film foisonnant, expérimental, magnifique et hideux à la fois.