Luisa et Matt, deux adolescents voisins vivent secrètement leur amour sans se douter que leurs pères respectifs, tout deux veufs, feignent d’être ennemis afin d’exacerber les sentiments amoureux des deux tourtereaux. Leur stratagème fonctionne à merveille, jusqu’à ce qu’une étrange fête foraine débarque au sein de leur petite communauté rurale.

Sorti en salles en 2000 et de ce fait généralement considéré comme le dernier film de Michael Ritchie, The Fantasticks fut en réalité tourné en 1995, soit deux ans avant A Simple wish, le véritable ultime long-métrage de ce cinéaste décédé en 2001. A l’origine du film, il y a une comédie musicale créée en 1960 par Harvey Schmidt et Tom Jones (pas le Tom Jones de « Sex Bomb », un autre !), lointainement inspirée de la pièce de théâtre d’Edmond Rostand, Les Romanesques. Forte de ses quelques 17 162 représentations étalées sur plus de 42 ans (entre 1960 et 2002 ... source Wikipedia), The Fantasticks détiendrait à ce jour le record de longévité pour un show américain joué off-Broadway. Et si sa renommée n’est pas exactement la même chez nous, du moins nos publicitaires hexagonaux ont su populariser auprès de plusieurs générations de spectateurs et amateurs de café l’une des chansons du spectacle de Schmidt et Jones : le tristounet Try to remember sur lequel se clôt l’intrigue.
Je ne suis généralement guère amateur de comédies musicales ... mais en revanche très client du cinéma du Michael Ritchie. D’où l’investissement fourni dans la découverte de ces Fantasticks. Investissement payant car je suis rapidement tombé sous le charme de cette allégorie romantique totalement anachronique et parfaitement assumée comme telle. Michael Ritchie, pourtant un natural born cynique, nous prend ici totalement à revers, en jouant simplement la carte du premier degré, en épurant également son sujet – merci sans doute au remontage de Francis Ford Coppola, qui sorti le film des oubliettes, le raccourcit et en assura la distribution – pour ne pas casser le charme un rien évanescent de son bel et fragile objet cinématographique. Certes, si l’on gratte un peu, il y a tout de même un brin d’ironie derrière les grands sentiments dans cette histoire de Roméo et Juliette un peu niais et constamment manipulé par leurs paires. Mais rien de méchant non plus. Le ton se veut avant tout léger et direct.
Et puis l’autre gros atout du film, c’est son cachet visuel. A partir de moyens semble-t-il réduits, Ritchie, son équipe de décorateurs et le directeur de la photographie Fred Murphy créent un univers mi-merveilleux mi-réaliste extrêmement attachant, généreux en détails mais ne tombant non plus la surcharge d’ornements (à la Burton … j’ai envie de dire). Bref, simplement raffiné et délicieusement hors mode.
Une belle, si largement passée sous silence, conclusion à la carrière de Michael Ritchie, œuvre plus personnelle et ambitieuse qu’il n’y parait, confirmant en outre que ce dernier demeura jusqu’au bout un cinéaste relativement atypique, pour ne pas dire parfois déconcertant, notamment aux yeux de la critique.
Vu sur le DVD Zone 1 édité en 2001 chez MGM. Une special édition correctement fournie en supplément, avec un plaisant commentaire audio de Michael Ritchie, qui revient notamment sur les problèmes financiers et autres soucis climatiques rencontrés en cours de tournage, ainsi que sur les ajustements narratifs effectués dans le film (écrit par les concepteur du spectacle) par rapport à la pièce musicale. J’aurais préféré que Ritchie parle davantage de lui, de son travail ou de sa vision du sujet. Mais bon, ça reste très agréable d’écoute. Sont également au programme des bonus la bande-annonce et une palanquée de scènes et chansons coupées au second montage du film (montage par ailleurs approuvé par Ritchie). On y découvre en particulier un personnage de policier totalement absent du film dans sa version finale. Enfin, chose curieuse pour un film à ma connaissance totalement inédit chez nous : le DVD propose une piste audio (stéréo surround) et des sous-titres français.