
Au début du XXème siècle, dans un petit village russe, Tevye, pauvre fermier juif doit trouver des époux à ses trois filles. Alors que son épouse ne jure que par la tradition la plus stricte, ses filles sont tournées vers des idées nouvelles, vers l'avenir...
Dans les années 60, "Un violon sur le toit" est un triomphe de la comédie musicale à Broadway, connaissant un succès retentissant dans le monde entier. Alors que le spectacle est initialement chanté, il se voit adjoint des numéros dansés, dus à Jerome Robbins, le chorégraphe de "West Side Story".
Le cinéma se penche évidemment sur ce succès, mais il est relativement rare dans l'Hollywood traditionnel de porter à l'écran le folklore yiddish - à quelques notables exceptions près comme "Le chanteur de Jazz". Alors même que les fondateurs des majors d'Hollywood sont pour la plupart descendants d'émigrés d'Europe centrale arrivés aux USA au XIXème siècle...
Pour porter à l'écran "Un violon sur le toit", il faudra donc passer par des producteurs pas comme les autres, à savoir les frères Mirisch, en contrat avec United Artists pour lesquels ils ont produit de nombreux gros blockbusters (le terme n'a pas été inventé dans les années 70 !) comme "Les sept mercenaires", "La grande évasion", "West Side Story". Ils confient le projet à un de leur réalisateur/producteur qu'ils ont sous contrat, Norman Jewison, déjà réalisateur pour eux de "L'affaire Thomas Crow" ou "Dans la chaleur de la nuit".
Le rôle de Tevye est tenu par Topol, comédien israélien ayant maintes fois tenu le rôle sur scène - et qu'on reverra dans "Flash Gordon" ou dans "Rien que pour vos yeux". La musique et les chansons sont transposées et arrangées pour l'écran par John Williams, qui y gagnera un Oscar. Parmi les jeunes premiers on reconnaît Paul Michael Glaser, en révolutionnaire enthousiaste, ou Ray Lovelock, dans le rôle d'un Gentil qui s'éprend d'une des filles de Tevye. Les extérieurs sont tournés en Yougoslavie, pour un rendu convaincant de l'Europe centrale.
"un violon sur le toit" s'ouvre d'abord comme une comédie musicale assez classique, mais sur une toile de fond qui, elle, n'a rien de classique, c'est certain ! Il es avant tout tourné vers l'exposition et la mise en spectacle d'une petite communauté Yiddish avec son folklore, sa chaleur, ses traditions parfois surannées. Le film décrit comment cette communauté et ses traditions justement seront emportées par les vents du progrès, mais aussi par ceux négatifs de la violence et de l'antisémitisme d'état du Tsar.
Le film contient ses bons moments, en particulier certains passages chantés et dansés enthousiasmants comme celui "To life" dans la taverne, la séquence onirico-horrifique avec ses fantômes chanteurs, ou encore le mariage. La première partie du métrage est en ce sens sympathique et réussie, parvenant à rester légère, entraînante, parfois touchante. La seconde partie (ou plutôt le dernier tiers) fonctionne nettement moins bien, on sombre dans des bons sentiments dégoulinants, lourdement assénés, Topol ayant alors tendance à en faire des tonnes dans la contrition. C'est bien regrettable, car plus de subtilité et de retenu aurait sans doute permis au film de mieux passer la barre lorsqu'il se tourne vers le drame, de ne pas laisser sur une impression finale gênée. Les 3 heures de métrage passent néanmoins sans ennui et s'il n'est pas un incunable de la comédie musicale, "Un violon sur le toit" est un grand spectacle qui se voit une fois, agréablement, avec ses moments d'émotion...
En DVD US, MGM a sorti ce titre, qui a été un des plus énormes succès de United Artists au cinéma, à trois occasions : en 1998 dans une édition simple ; en 2001 dans une "Special Edition" 1 DVD (double face) plus fournie en bonus ; et en 2007 en "Collector Edition" en coffret 2 DVD. Depuis, le film est aussi sorti en bluray, notamment en France en mai 2011 !

Je l'ai pour ma part vu sur la "Collector Edition" US de 2007. Le film dure trois heures et est stocké sur un seul dvd double couche. En son temps, "Un violon sur le toit" avait gagné l'Oscar de la meilleure photo et, il n'y a pas à dire, MGM s'est mis en quatre pour proposer un beau travail, respectueux de l'image d'origine. La copie 2.35 16/9 est donc très belle, excellente, avec de belles couleurs, un rendu sans bidouillage des plans délibérément très filtrés. La copie est très propre, les moments avec un grain plus présents sont rendus soigneusement. On repère quelques petits halos de loin en loin, mais vraiment rien de grave. On sent que le maximum a été fait pour tirer le meilleur parti de la SD sans trahir la nature de l'image de départ. Ce DVD NTSC passe sans aucun souci en progressif et en 24 images/seconde ! La bande son est proposée en anglais dans un mixage 5.1 légitime (tourné en 35mm, le film avait été exploité en 70mm avec un mixage six pistes). Excellent mixage là aussi, rien à dire, avant tout tourner vers une excellente restitution des passages musicaux. Un entracte musical est présent avec sa musique au deux tiers du film. Seul pépin : ce disque propose des STA, uniquement l'option pour malentendants, qui omet carrément de sous-titrer les chansons !