Le cave se rebiffe - 1961 - Gilles Grangier

[Manolito]

Le propriétaire d'une maison close fermée par la police, un banquier louche et l'amant de l'épouse d'un graveur de génie veulent se lancer dans un trafic de fausse monnaie. Ils rentrent en contact avec le Dabe, figure du milieu ayant déjà mené à bien de telles opérations...

Voici une petite comédie du gangstérisme mise à une sauce bien franchouillarde, le principal artisan de la chose étant Audiard dont les dialogues sont clairement la Star du film aux côtés de Gabin.

Cela dit, ça ne vole pas très haut. La mise en scène est parfaitement pantouflarde, illustrative, sans souffle. L'intrigue se suit sans ennui, mais sans adhésion particulière non plus. Tout cela suit son cours sans heurt, mais sans aucune passion non plus. Blier, Gabin, Audiard nous font parfois rire, on s'amuse avec modération. Mais le seul vrai petit frisson cinéphile du métrage m'est venu des retrouvailles/confrontation entre Gabin et Françoise Rosay, deux grands monstres sacrés d'un certain âge d'or du cinéma français. Dans cette scène, il se passe quelque chose, ce quelque chose qui manque au reste du "Cave se rebiffe" pour dépasser le stade de l'aimable divertissement pas fatiguant, tenant surtout par son charme rétro.

"Le cave se rebiffe" a connu un parcours dans l'édition DVD identique à "Mélodie en sous-sol". A savoir, une première édition en DVD Film Office en 1999 ; une seconde chez TF1/René Chateau en 2002 ; une troisième chez europacorp en 2009.

J'ai pour ma part vu l'édition TF1/René Chateau :



Hé bien pour une édition ancienne de catalogue français, le résultat est fort honorable ! Certes, il ne faut pas s'attendre à un modèle de restauration. Il y a des traces de lissage, de halo, de compression, mais jamais suffisamment pour vraiment nous distraire dans le visionnement de cette copie 1.66 16/9 noir et blanc, par ailleurs assez propre. Très honnête ! Bande son dolby digital mono 1.0 qui sature un peu, mais toujours parfaitement intelligible. Avec une restitution agréable de la musique bondissante et intéressante de Francis Lemarque et Michel Legrand (la même année que "Lola", sa première grande collaboration avec Jacques Demy).

[ANTISOCIAL]

je l'avais vu une première fois et je n'avais pas franchement aimé. Tout ça me semblait trop désuet.
Désuet, ça l'est au final, mais je crois que pour apprécier le film, faut vraiment se replacer dans le contexte, justement, et cette période globale.
Si on ne connait pas l'histoire des maisons closes d'après guerre, fermées en 47, et la répression sur les clandés qu'il y a eu, certaines allusions et expressions passent à côté du public non averti.
Sinon ce film me fait marrer à chaque fois que je le revois, les dialogues sont géniaux, c'est un peu planplan certes, mais c'est le cinéma de l'époque, surtout avec Gabin, même si je ne pense pas que c'était une comédie familiale, vu le contexte...
Y a d'autres Gabin un peu antérieurs, comme le Rouge est mis où y a plus de cascades, mais quand c'est Gabin qui est au coeur de l'action, je le trouve moins à l'aise que lorsqu'il est dans un lit à téléphoner, assis dans fauteuil à fumer un cigare, ou au gouvernail d'une péniche.
Ce Cave est plus basé sur la truculence des personnages, et les dialogues.

[phibes]

moi je trouve blier et franck villard complètement excellents , dans ce grangier de bon niveau à mon avis

[DPG]

Un bon moment, parfois un peu pantouflard en effet, mais sauvé par le cast et les dialogues d'Audiard. Gabin fait du Gabin, Blier idem, mais la galerie de seconds rôles (Biraud, Martine Carol, F.Rosay, ...) fonctionne bien. L'intrigue tient la route, c'est assez prévisible, mais on se laisse prendre sans ennui. L'ambiance de ce Paris popu d'après guerre a beaucoup de charme, l'argot de l'époque fait mouche, les petits détails d'une époque révolue se savoure gentiment. Pas un immanquable du cinéma français, mais une petite série B pépère, véhicule idéal pour un Gabin vieillissant mais toujours au charisme hors normes.