Emile Beaufort, politicien de renom à la retraite et ancien président du Conseil des Ministres, suit attentivement une crise politique française qui va mener la nomination d'un premier ministre. L'opportuniste Philippe Chalamont pourrait être choisi...
Avec "Le président", Verneuil et Audiard adaptent un roman de Georges Simenon, en fait un thriller politique à la française avec ses flash back, son suspens et ses coups de théâtres. Ici, pour Audiard, pas de blague et d'argot gouleyant, le ton est définitivement sérieux. Gabin est idéal en grognard de la République, personnalité exubérante et pénétrée de l'intérêt national.
En ce sens, il recoupe d'après ce que j'ai lu les personnages (peut être un brin idéalisés) de Clémenceau (le vieux fauve retraité, le vétéran de Verdun), De Gaulle (le personnage international, la rectitude moral) et Jaurès (les idées socialistes, l'intérêt des travailleurs mis en avant contre ceux de la finance). Face à lui, dans le rôle de Chalamont, nous avons Blier en arriviste visqueux, faux jeton à souhait !
La manière cinématographique est certainement d'un bon niveau, le sens de la mise en scène, du montage, du tempo de Verneuil est sans reproche ; la séquence de l'assemblée nationale est certainement le clou du film, intense et accrocheuse. Toutefois, par certains aspects, "Le président" est un métrage daté, avec son côté très "quatrième république", son suspens un peu mécanique, son rythme parfois sénatorial. Il reflète essentiellement des idées et débats de son temps : l'anticolonialisme d'après guerre, la fondation de CECA. Les débats nous paraissent parfois d'un autre âge.
Le film garde toutefois quelques résonances aigües avec aujourd'hui : en particulier, une crise financière est réglée par un grand coup de dévaluation, considérée comme la moins mauvaise des solutions, privilégiant la protection de l'activité économique et du travail plutôt que les intérêts de la haute finance, de l'épargne et des rentiers ! Une façon de poser le débat de la monnaie forte bien différente d'aujourd'hui ! La corruption, les intérêts particuliers l'emportant sur l'intérêt général sont aussi des termes du débat d'aujourd'hui trouvant ici échos.
Daté donc, mais non dénué d'intérêt, pour un exercice de comparaison de l'air du temps politique à quarante ans d'écart !
Comme "Mélodie en sous sol" et "La cave se rebiffe", "Le président" a connu trois éditions dvd en France : Film Office en 1999 ; TF1/René Chateau en 2002 ; Europacorp pour 2009.
J'ai pour ma part vu le TF1/René Chateau, avec une bonne copie 1.66 16/9, vraiment agréable pour un dvd tout de même ancien. Certes, on repère quelques fins halos ou une compression parfois visible dans les arrières plans. Mais la précision est bonne, le noir et blanc bien restitué, la qualité vidéo sans souci, la copie assez propre. Bref, du dvd rétro sans problème. La bande son est en mono d'origine ou en remix stéréo Arkamys. J'ai écouté la piste mono, qui tend un peu à saturer, mais est toujours parfaitement intelligible.