TBO est un projet developpe pour la chaine satellite japonaise WOWOW et realise par Kazutoshi Katayama (Maho no Yosei Pelshia TV / Vanessa ou la Magie des Reves (1984), Maho no Star Magical Emi / Emi Magique TV (1985), Shin Atoragon / Super Atragon OVA (1998) ), et scenarise (majoritairement) par Chiaki (J.) Konaka (Bubblegum Crisis 2040 TV (1998), Gasaraki TV (1998), Serial Experiment: Lain TV (1998) ).
Initialement prevu pour une (premiere) saison de 13 episodes, la serie ne sera pourtant pas renouvelee par son commanditaire principal (WOWOW), pour etre ensuite reprise par Cartoon Network pour 13 nouveaux episodes avec option sur 26 episodes additionels. Cependant, un audimat un peu trop fluctuant arretera la serie apres une deuxieme saison de 13 episodes (sur les 39 possibles).
Derriere la serie, et comme compagnie de production, l’on retrouve la Sunrise (Kido Senshi Gundam / Mobile Suit Gundam TV (1979), Soko Kihei Votoms / Armored Trooper Votoms TV (1983), Batman TV (1992) ).
Si les japonais ont une tres forte “affinite” avec la robotique et les robots en general, l’on peut faire le distingo entre plusieurs epoques et tendances.
D’un point de vue “epoque”, l’on peut noter les debuts avec des robots “classiques”, hesitant entre les (déjà) robots dotes d’une conscience (Tetsuwan Atomu / Astro, le petit Robot TV (1993) ) ou simple “outil” telecommande ( Tetsujin 28-go / Gigantor TV (1964) ), suivront ensuite les robots geants (Mazinger Z TV (1972), Getter Robo TV (1974) ), les cyborgs dechires entre leur humanite et leur puissance (Cyborg 009 TV (1968) ), les robots tenant plus des “vehicules” (generalement de combat) (Mobile Suit Gundam TV (1979), Chojiku Yosai Macross / Super-Dimensional Fortress Macross TV (1982) ), avant de devenir progressivement des etres hybrides ou humanite et artificiel se melangent pour devenir un tout, parfois instable (Bubblegum Crisis OVA (1987), Ghost in the Shell (1995) ), la tendance actuelle, etant de considerer le robot / l’etat de robot comme le future de l’homme…
Dans cette jungle robotique, certaines tendances peuvent cependant etre identifiees. Ainsi, la compagnie Toei est surtout connue pour ses “grands robots”—generalement les robots nes de la plume de Go Nagai et ses jeunes heros allant gaillardement au “casse-pipe” (Kotetsu Jeeg TV (1975) / Iron Jeeg, UFO Robo Grendizer / Goldorak TV (1975) ) et la Sunrise pour (majoritairement) des robots “vehicules” et ses jeunes pilots—malgre-eux—et traumatises (les series Gundam TV (1979 – 20??), Seisenshi Dunbine / Aura Battler Dunbine TV (1983), Jusenki L-Gaim TV / Heavy Metal L-Gaim TV (1984) ).
Si sur TBO, la Sunrise est productrice de l’animation, il faut se rendre a l’evidence que la serie est resolument “hybride” dans son concept et son execution.
Au niveau de l’ambiance generale, TBO tient tant plutot de la “cool attitude” (postures “viriles” inclues

D’un point de vue histoires, l’on va pourtant chercher la “petite bête”, en mettant le facteur “humain” et sa dramatique plus en evidence (en evitant la dramatique “traumatisante” des animes de robot-guerre (Gundam and co), le tout en soignant la realisation.
En fait, l’on sent que TBO doit beaucoup a Giant Robo – The Animation OVA (1991) et son idee de reprendre a compte propre le facteur “fun” et decomplexe des robots vintage ‘70s pour leur faire vivre des aventures plus fouillees (mises au gout du jour, quoi).
Si certaines series des annees 70s s’etaient déjà vues re-adaptees a une audience contemporaine (Babel Ni-sei TV / Babel the 2nd TV (1972) vs OVA (1992), Kagaku Ninjatai Gatchaman / La Bataille des Planetes TV (1972) vs OVA (1994), et que Giant Robo lui-meme est la version animee d’une serie TV “live”

TBO propose ainsi une version “anime nippon” de la serie Batman TV (1992), sur laquelle la Sunrise a déjà travaille comme sous-traitant pour les americains—le tout matinee de grands robots, quand meme.
Si cette idee n’est –ellene, non plus, pas neuve—la Toei ayant déjà realise une serie “live” se basant sur Spider-man—avec grand robot en prime(!) (Supaidaman / Spiderman TV (1978) ), la version Sunrise du personnage d’amekomi (American Comic) passe mieux.
Le personnage principal evolue ainsi dans un univers retro-futur et art-deco (les buildings tiennent cependant plus de Mike Mignola et Hellboy que de Batman en animation ou en comic).
Les “influences” vont pourtant encore plus loin que l’univers des comics.
Ainsi, si le personage principal (Roger Smith) tient resolument du Bruce Wayne de la serie d’animation de la tele dans sa version “peignoir” en interieur, il prend cependant des allures de “Neo” (Matrix (1999 – 2003) dans sa version “lunettes de soleil” en exterieur.
Allant encore plus loin, l’on trouvera facilement des “liens de parente” entre Smith et le Saint de Charteris, period Roger Moore (The Saint TV (1962) ) pour le cote “suave” et “classy” du hero, voire du James Bond d’Ian Fleming pour les options de sa voiture (la Griffon), donnant a TBO l’apparence d’une somme de tout ce qui a pu etre cool dans la pop-culture nipponne ou etrangere, mais re-inventant le tout, evitant ainsi les copier-coller ou les “hommages” dont certains realisateurs sont si friants
Son allie parmi les forces de police (Dan Dastun) tient du commissioner Gordon de Batman, tout autant que son majordome (Norman Burg) homme-a-tout-faire—reparation de grand robot incluse.
Sa partenaire (Dorothy R. Wainwright), s’inspire grandement de Rei Ayanami (Shinseki Evangelion TV (1995) / Neon Genesis Evangelion) pour le cote “froid” a l’exterieur.
D’un point de vue histoire, entre Matrix (1999 – 2003) ou The Truman Show (1998), c’est pourtant plus Dark Cities (2002) qui “inspire” le plus Konaka au scenario et qui glisse a nouveau ses idees assez troublantes quant a une realite qui ne serait qu’imagination, idees déjà exploitees dans Serial Experiment: Lain TV (1998).
La realisation de Katayama se referera autant au films noirs hollywoodien “classiques” et de leurs “tics” (dialogues “internes”, jeux d’ombres, scenes carrement en noir et blanc et autres stores venitiens) et trames (amnesie, kidnapping, femmes fatales ou encore double-jeu ou poker-menteur), qu’aux animes de robot-bastons (classiques, eux aussi), parvenant cependant a glisser sans probleme dans l’anime existentialiste (Urusei Yatsura 2; Beautiful Dreamer / Lamu le Film 2: Beautiful Dreamer (1984) ).
Si TBO propose une histoire des plus touffues sur la longeur, dans le details (certains episodes) la serie saura se montrer tres “humaine” tout au long, et dans sa conclusion parviendra pourtant a eviter pourtant—et malgre une serie d’allusions sans conclusion des plus evidentes—une decennie de discussions (et de frustrations, facon Shinseiki Evangelion / Neon Geensis Evangelion TV (1995) ), formant un tout, tour-a-tour; “cool”, “impressionnant”, “derangeant” et…satisfaisant. Une vraie gageure…
Au final, si l’”inspiration” au hero de Bob Kane est flagrante, le “plagiat” reste plus difficile a prouver, et parler d’un “enfant dans le dos” dans un meme sens (positif) que Blade Runner (le film) (1982) oppose a Blade Runner (le roman) parait plus “credible”.
Dans le casting, l’on retrouve un range de “professionels” parmi les seiyus (doubleurs) nippons.
Dans le role de Roger Smith (le negociateur), Mitsuru Miyamoto (Lodoss-To Senki: Eiyu no Kishiden TV / Record of Lodoss War: Chronicles of the Heroic Knight (1998), Maho no Stage Fancy Lala TV / Magical Stage Fancy Lala (1998), Rahxephon TV (2002) ) livre une excellente perfomance, entre le stoique facon Toei et le sombre facon Bob Kane, livrant une excellent interpretation de “coolitude” “made-in-Japan”.
Beaucoup plus jeune dans le casting, dans le role Dorothy R. Wainwright (l’androide), Akiko Yajima (Shojo Kakumei Utena / Girl Revolution Utena TV (1997), Kenpu Denki Berrserk TV / Berserk (1997), Haibane Renmei / Ailes Grises TV (2002) ) livre une performance parfaite dans le role difficile d’une androide dont le parler “automaique” et “artificiel” parvient pourtant a trahir une chaleur “humaine”.
Veteran, Motomo Kiyokawa (Kagaku Ninjatai Gatchaman / La Bataille des Planetes TV (1974), Fushigi no Umi no Nadia / TV Nadia (1990), Pocket Monster TV (2002) donne sa voix a Norman Burg (le majordome) et fait sans probleme croire a son personnage devoue et parfait—tant dans la reparation de mechas que leur deboulonnage ou encore la preparation de plats aux petits oignons pour son employeur.
Autre veteran, Tessho Genda (Kagaku Ninjatai Gatchaman / La Bataille des Planetes TV (1974), Taiyo no Ko Esteban / Les Mysterieuses Cites d’Or TV (1982), Urusei Yatsura / Lamu TV (1981) ) livre une interpretation plus classique mais reussie de Dan Dastun (l’officier), flic marie a son boulot, mais integre au point de savoir ou sont ses “reelles” amities.
“Angel” sera interpretee par Emi Shinohara (Project A-Ko (1986), Bishojo Senshi Sailor Moon / Sailor Moon TV (1992), Perfect Blue (1997) ), qui parvient avec facilite de passer d’un role de Fujiko-like (Lupin San-sei / Lupin the 3rd TV (1971 – 20??) a celui d’heroine traumatisee.
Reussissant a ne pas se perdre dans son intrigue (contrairement a Matrix), a eviter le clash “religieux” (contrairement a Evangelion)—et ce, malgre les allusions (traitees de facon plutot discretes au final ), et a ne pas tomber dans une certaine gaudriole risquant de neutraliser quelque peu le propos (Beautiful Dreamer), Big O propose un tout parseme de symboles, sorte de jeu de piste ou l’on cherche comme les heros la solutions d’une enigme, qui au fond nous touche tous; ce que nous sommes et si cela ne se resume qu’a une somme de “souvenirs” ou d’“experiences”.
Si le final parait plutot “accelerer” les choses (l’option de 26 episodes additionnels ayant ete abandonnee par Cartoon Network, Konaka essayera de fourrer toutes ses idees dans le final), l’equilibre entre questions et reponses reste neanmoins satisfaisant, laissant un serieux gout d’”encore”. Bref, que demander de plus?
Si dans son propre pays (le Japon), la serie, a cause de sa diffusion sur le satellite, reste plutot confidentielle, gageons neanmoins que sur la longueur, elle finira par etre reconnue et compter parmi les classiques du genre
The Big O: 4.75 / 5