The Strange World of Gurney Slade TV (1960) – Alan Tarrant

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bluesoul
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The Strange World of Gurney Slade TV (1960) – Alan Tarrant

Message par bluesoul »

Les aventures et deconvenues d’un personnage de sitcom britannique, qui s’etant evade du “poste”, doit se rendre a l’evidence, qu’il ne peut echapper au regard de la camera…et donc des autres…Ceci ne l’empechera cependant pas de regarder ces derniers en retour, et d’un oeil plutot “decalle”…

Produit par l’A(ssociated) T(ele)V(ision) pour le compte du reseau de television independant ITV; la serie mettra en vedette Anthony Newley (X: The Unknown (1956), Dr Doolittle (1967), Outrage! TV (1986) ), qui aura tourne dans nombre de films et series tele (de loin pas souvent en vedette), mais qui laissera surtout en heritage au monde cette etrange joyau de l’humour decalle qu’est TSWoGS.

Pour l’anecdote, “Gurney Slade” est le nom d’un patelin britannique qui resonna assez etrangement a l’oreille de Newley, pour que celui-ci ne l’imortalise en creant ce bizarre (mais si sympathique) personnage.

En 1960, la television, un media encore “jeune” s’interesse depuis déjà quelques annees a la “comedie”, car sa vocation est essentiellement d’”informer et de divertir”.

Force est de constater cependant que la comedie “nouvelle” (le media etant “nouveau”), n’est PAS au rendez-vous dans un premier temps.

Les formes de comedies proposees se basent initialement et essentiellement sur les formes de divertissements connues a ce jour; le vaudeville, le cabaret, le theatre, le café-theatre, la seule veritable “invention” sera la “sit-com” (“situation comedy”), qui en 1960…aura déjà 10-15 derriere elle!

En fait, ce qu’il manque a la television, est une forme d’humour qui tire avantage du media novateur et de ses possibilites; possibilite de repeter, de (re-)monter le produit, de jouer sur l’environnement (i.e. mouvement de camera, effects speciaux, etc) pour influencer la narration.

A ce titre; TSWoGS est sans doute l’une des premieres series “comiques” qui s’essayent au challenge et de mettre en boite quelque chose que l’on n’a pas encore vu a ce jour!

Si les anglais, tres ferus d’humour—quitte a l’insuffler dans des series a priori “serieuse”s (The Avengers TV (1961) ) ou au concept a priori serieux (The Corridor People TV (1966) ), se lacheront donc avec cette serie, veritable “otni” (objet televise non-identifie) qui se permettra de tout—ou presque—mettre en boite.

Le plus etonnant, lorsqu’on decouvre la serie, est de voir a quel point elle reste “moderne” encore de nos jours.

En effet, a aucun moment la serie dans son visuel, sa realisation ou sa narration n’a pris une ride, et dans un PAI (paysage audio-visuel international) qui se tourne resolument vers le passé (Mad Men TV (2007), PAN AM TV (2011), varietes centrees sur la retro-tele, etc ), ne depareillerait pas avec son univers estampilee 60’s (pour cause), mais en apportant un regard et une mise en forme resolument moderne, gardant un pied dans chaque epoque; passé et avenir (enfin, notre present!).

Encore de nos jours, et malgre une absence prolongee des ecrans britanniques depuis cinquante annees, TSWoGS influence encore fortement le visuel et les messages publicitaire du Royaume, notamment grace a l’humour traces a coups de multiples clin-d’oeils eternes et monologue (voire dialogue) internes qui pullulent dans ses episodes.

Cote contenu; GS se moque de beaucoup de choses; du quatrieme mur (“fourth wall”, celui represente par l’ecran du poste de tele pour les personnages a l’ecran lorsqu’on les regarde), de la linguistique (il parle aux objets (qui lui repondent) pour mieux passer au (cinema) muet ), du rythme narratif, de la societe ou de la logique-meme.

Curieux, il s’interroge sur le pourquoi des choses, reveur, il s’affranchit souvent de la logique. Philosophe, il essaye de se mettre dans la peau des autres pour mieux comprendre sa propore place. Tour-a-tour visible pour tous (car suivi par les telespectateurs dans la serie!) ou invisible (car suivant certains protagonistes croises au coin d’une rue a leur insu), au final, il est un reflet de nous autres (spectateurs et observes, nous aussi), et se pose les memes questions; “qui nous regarde?”, “a quoi penses donc un homme politique?” “l’affiche de publicite me regarde-t’elle?”, sautant de la realite a l’irrealite en sautant d’un role a un autre.

En fait, GS vit dans une sorte de monde parallele ou ce sont les habitants du monde reel n’ont pas reellement leur place.

Si par instant il ressemble a un prototype de Mr. Bean TV (1990), car etant un personnage foncierement “decalle”, il n’en est pas moins TRES different.

GS possede ainsi une personnalite, des pensees propres et une certaine “philosophie”, ainsi que des angoisses propres.

A mi-chemin entre le personnage poetique interprete par Pierre Richard (les maladresses en moins), celui par Andy Kaufman (refusant d’essayer de susciter l’agressivite de son prochain, par contre) ou de Gaston Lagaffe (les destructions massives en moins), Gurney est un reveur eveille qui propose une toute autre vision de notre monde…

Une serie tour-a-tour drole, entrainante, poetique auto-parodique--jusqu’a parodier sa propre decheance et son propre echec (la serie sera deplace du prime-time apres 4 episodes vers la fin de soiree, pour etre ensuite purement et simplement “terminated” apres 2 derniers episodes pour cause d’audimat en chute libre), est a ce titre tres chaleureusement recommande en ces temps mausades et blases…

The Strange World of Gurney Slade: 4.75 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
bluesoul
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Re: The Strange World of Gurney Slade TV (1960) – Alan Tarrant

Message par bluesoul »

Episode 1:
S’echappant donc de sa serie TV, Gurney se rend vite compte qu’il n’en est pas moins un personnage de tele dont les aventures sont suivis par ses contemporains, et que donc, le regard de Big Brother continue de peser sur lui—ce qui ne l’empeche pas de faire de l’oeil a la publicite d’aspirateur du coin de rue…

Episode 2:
Ayant donne rendez-vous au telespectateur sur une piste d’atterissage abandonnee, Gurney essaye de seduire la charmante inconnue venue danser en ces lieux, et se rend compte que les “conventions” rendent les choses plus difficiles qu’elles ne devraient etre. Entre deux pas de deux, a deux, il s’enquiert de savoir si d’autres ont fait des faux pas (sentimentaux), tout en se demandant s’il trouvera jamais…chaussure a son pied…

Episode 3:
Perdu dans la campagne, Gurney s’interroge sur l’utilisation que font les animaux de la region des pianos et comment il pourrait—simple etre humain—les egaler. Entre l’ordre social des animaux et les tribulations des etres humains, le choix est peut-etre moins cornelien qu’il n’y parait…

Episode 4:
Visiblement, le public n’est pas encore pret pour un comedy-show comme celui-ci, et face a l’incomprehension populaire (enfin, du telespectateur), Gurney se retrouve face a un tribunal qui devra statuer si oui ou non, il a un quelconque sens de l’humour. Cela pourrait etre drole, mais risque d’etre fatal a voir le bourreau astiquer sa hache. Se pourrait-il que les des soient pipes au royaume du PAB (paysage audio-visuel britannique)…?

Episode 5:
Ayant decide de trouver un public plus enclin a comprendre son humour, Gurney raconte chaque soir des fables de son cru a un public compose d’enfants. Mais devant le doute, il se trouvera oblige de leur faire visiter le royaume merveilleux qu’est son subconscient. Le probleme, sera de les en faire sortir apres…

Episode 6:
Ne pouvant plus faire face a un audimat en chute libre, Gurney se voit ainsi relegue a l’etat de “propriete” de la chaine (car simple “comedien”) en attente du tombe de rideau (dans vingt-cinq minutes!). Cherchant a capitaliser jusqu’au bout sur le comedien, la chaine le met face a ses “creations” (les personnages des autres sketches), qui promptement decident de se plaindre et de lui demander de “leur donner un vie”! Le temps est compte, la fin de la serie est maintenant dans vingt-quatre minutes…
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
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